William Einstein

William Einstein est un peintre figuratif, né à Saint-Louis aux États-Unis en 1907 et mort en 1972 à Acheux en Vimeu (80).

Peintre de nationalité américaine, issu d'une famille allemande émigrée dans le Missouri au XIX^e siècle, il situe sa sensibilisation à la peinture par la vision de tableaux de Monticelli dans un musée . Adolescent agité, il doit obéir à son père qui l'inscrit dans une école militaire, ce qu'il abhorre. Plus tard, stimulé par des professeurs (F. Conway et F. Carpenter) de l'École de Beaux-Arts de St Louis, il apprend avec bonheur les rudiments du dessin et de la couleur. A vingt ans, il s'établit à Paris en 1927, prêt à explorer liberté et bohème. Il y découvre le bouillonnement de l'époque « Montparnasse » à travers de rencontres et amitiés avec certains artistes présents à Paris : Léger, Mondrian, Kandinsky, Duchamp, Arp, Delaunay, Hélion, Calder, Man Ray,....

Très sociable, il multiplie ses expériences picturales et élabore son apprentissage dans un esprit de modernité intellectuelle qui doit beaucoup à ses fréquentations de l'époque. Il rencontre, en 1929, Mary avec laquelle il aura deux filles : Heddy et Gill, mais le couple se sépare au bout de quelques années. Curieux des travaux de l'époque constructiviste, il s'inscrit comme étudiant à l'Institut d'Optique de Paris en 1931 et effectue avec J. Hélion un voyage aventureux en URSS. Dans sa peinture, il vivra une courte période consacrée à l'abstraction (influencée manifestement par Mondrian), puis, détaché d'un courant trop intellectuel à son goût, il revient définitivement à la figuration, pour la force de représentation et de sensualité du vivant, à travers quelques influences assumées : celles, notamment de Rembrandt pour la lumière et de Chaïm Soutine pour la composition. Malgré les troubles politiques, il voyage Italie, Autriche, Allemagne, Pologne, puis suit sur un coup de tête Frida Khalo-Rivera au Mexique (où il se convertit au catholicisme). Il fait ensuite plusieurs séjours aux États-Unis où s'approfondit sa vérité picturale, notamment auprès de Georgia O'Keeffe et d' Alfred Stieglitz (qui l'expose dans sa galerie An American Place en 1938). Dans sa peinture, commence à s'affirmer un sentiment d'humanisme profond où l'ardeur de l'expressionnisme garde intacte une joie truculente de la couleur et de la contemplation. Dans les œuvres de cette période, apparaissent des pans de paysages du Nouveau-Mexique où le réalisme se conjugue à la vivacité des couleurs. Bien que considérées par W. Einstein comme des toiles réalistes, le public européen, dans sa méconnaissance des paysages hallucinés de cette région, les jugera un peu trop hâtivement "surréalistes".

Dans son évolution humaine et picturale, il parvient à assembler la nature profonde de ses deux cultures : l'américaine tonique et ouverte à tout et l'européenne qui sera le tremplin de sa maturité artistique. "Je veux bien mourir pour les Etats-Unis, mais n'ai aucune envie d'y vivre" (sic). En 1937, il illustre, par de vigoureux dessins "caricaturaux" à la plume, L'Affaire Crainquebille d'Anatole France, pour une publication limitée à 50 exemplaires à la demande des éditions The Overbrook Press, Stamford, Connecticut (USA).

A la suite de l'attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, il s'engage dans l'armée alliée, où il est capitaine d'état major dans les services de renseignement, et est démobilisé à Paris en 1945. Peu après la Libération, il rencontre Josiane qu'il épouse presque aussitôt. Il devient durant 2 ans, critique d'art de la scène parisienne pour le compte du New-York Herald. Puis Josiane et William s'installent de 1947 à 1955 à Aix-en-Provence où naît une troisième fille : Sabine. Là, il participe à la création d'une biennale de peinture autour du groupe "Peinture lisible" (Balthus, Rebeyrolle,...). Il peint (paysages de la montagne Ste Victoire, scènes d'intimité et portraits de personnages locaux, surtout) mais la lumière et le climat de la Provence lui conviennent peu. Il retourne alors à Paris, d'abord boulevard Montparnasse, puis dans un atelier de la rue Campagne-Première, où il fréquente, outre Hélion, Michonze et Man Ray, les nouveaux venus sur les scènes artistique et littéraire. Son tempérament très ouvert et son atelier de rez-de-chaussée (propice au passage des amis) font que l'effervescence de ses fréquentations l'empêche quelque peu d'avancer et de se concentrer en peinture.

A la fin des années 1950, il quitte peu à peu les mondanités et Paris et s'installe avec son épouse native de la région Picardie, à Acheux-en-Vimeu. Là, il se consacre pleinement à sa recherche. Il réalise dès lors d'importantes séries de dessins, pastels et huiles, consacrés à une vision poétique, sensuelle et allégorique du monde rural, à des essais de retranscription de lumières nocturnes "électriques", de scènes et silhouettes entrevues dans des villes (Amsterdam, Londres, Venise) des paysages de la baie de Somme, des études puissantes de souches d'arbres, de forêts, de chevaux en mouvements, ainsi que des épisodes et portraits puisés dans sa propre vie de famille. Plus tard, il peint des scènes bibliques à l'intensité dramatique puissante. Dans les dernières années de sa vie, il offre à l'église Ste Marie-Madeleine d'Acheux une " Cène" (inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques depuis 1984), puis réalise 14 peintures d'un chemin de croix, 4 panneaux muraux de grandes dimensions ainsi qu'un ensemble de 20 verrières de vitraux (avec la complicité du maître verrier F. Marq à Reims), pour la réfection de la collégiale Saint-Vulfran d'Abbeville

Il décède subitement en avril 1972, à l'âge de 65 ans.

La même année, la Maison de la Culture d'Amiens lui consacre une imposante rétrospective.

1937 Delphic Gallery - New-York

1938 An American Place - New-York (avec A. Adams)

1946 Galerie Jeanne Castel - Paris

1953 Galerie Jeanne Castel - Paris

1953 Associated American Artists Gallery - New-York

1955 Galerie Jeanne Castel - Paris

1958 Galerie Barbizon - Paris "Picardie", "Venise"

1959 Galerie Bénézit - Paris "Pastels"

1960 Galerie René Drouet - Paris

1962 Salle Dubernet - Tarbes (65)

1962 Galerie Chatelard - St Jean de Luz (64)

1963 Musée Boucher-de-Perthes - Abbeville (80) "Peintures religieuses et peintures picardes, 50 toiles" livret

1964 Église St Jean de Montmartre - Paris "Peintures religieuses, chemin de croix et cartons de vitraux"

1964 Salon International d'Art Sacré - Royan (17) "Projet de vitraux pour Abbeville"

1964 Atelier, rue Campagne Première - Paris "Les apparences à Amsterdam, 34 toiles"

1965 Atelier, rue Campagne Première - Paris "Allégories, Portraits, Scène de bataille et autres truculences, 40 toiles"

1966 Église Saint Wulfran - Abbeville (80) "Présentation des 6 premières verrières du choeur"

1967 Maison du Tourisme - Abbeville (80) "Peintures picardes, 24 toiles"

1970 Hôtel Drouot, Vente Robert - Paris "115 peintures, pastels, gouaches, dessins", catalogue

1970 Musée Boucher-de-Perthes - Abbeville (80) "Maquettes des vitraux de l'église St Wulfran, fonds permanent"

1971 Hôtel Drouot, Vente Robert - Paris "24 peintures"

1972 Maison de la Culture - Amiens (80) "Rétrospective : Picardie, Nus, Amsterdam, Venise, Sport", portfolio

1983 Centre Culturel - Abbaye de St Riquier (80) "Portraits de femmes"

1985 Musée Départemental - Abbaye de St Riquier (80) "Rétrospective"

2006 Église - Acheux en Vimeu (80) "Hommage à W. Einstein" portfolio

2009 Conservatoire - Abbeville (80) "William Einstein 1907-1972", catalogue

1945 Galerie Roux et Henschel - Paris

1946 Galerie John Devoluy (r. Furstenberg) - Paris

1946/47 Salon de Mai et Salon des Surindépendants - Paris

1949 Jas de Bouffan - Aix-en-Provence (avec A. Masson, Tal-Coat, Gimond,...)

1950 Galerie de Berri - Paris

1950 Hôtel d'Espagnet - Aix-en-Provence (groupe "Peinture lisible" : Balthus, Rebeyrolle,...)

1960 Salon d'Automne - Paris

1967/70/71/72 Salon des Peintres et Sculpteurs Maison de la Culture - Amiens (80)

1974 Musée Granet, Palais de Malte (Hommage aux fondateurs de la Biennale) - Aix-en-Provence (13)

Des œuvres de la période "abstraite" sont présentées dans diverses expositions collectives (artistes américains des années 30,...) notamment :

1977 "Paris / New-York 1908-1968" au Centre Pompidou, Musée d'Art Moderne de Paris

• Musée Boucher-de-Perthes, Abbeville (80)
• Morada d'Abiqiu, Nouveau-Mexique (USA)
• Musée de Grenoble (38)
• Musée d'Art et d'Archéologie, Columbia, Missouri (USA)
• Musée d'Elath, Novitch, Israël

• Violette Garnier, William Einstein, un innocent à l'étranger : du Missouri à la Picardie, chronique d'un peintre, La Vague verte, 2008, 196 p. (ISBN 978-2-35637-000-6).
• Notices d'autorité : Fichier d'autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France (données) • Bibliothèque du Congrès • WorldCat
• Livret : Peintures religieuses de William Einstein pour Abbeville, Edition F. Paillart, Abbeville, 1963
• Album Portfolio : 32 dessins de W. Einstein présentés par lui-même "Amsterdam, Nus, Picardie, Venise, Sport", 170 ex. Edition F. Paillart, Abbeville, 1972
• Album : L'affaire Crainquebille Texte A. France, 50 ex. Ed. The Overbrook Press, Stamford, Connecticut, USA 1937
• Catalogue d'exposition "Paris / New-York 1908-1968" Edition Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris 1977

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