Paul Mezzara
Quick Facts
Biography
Paul Mezzara, né le 22 aout 1866 à Saint-Maur-des-Fossés et mort le 17 mars 1918 à Mazargues, est un artiste peintre, artiste décorateur, mécène, écrivain et chef d’industrie français du début du XXe siècle. Il a dirigé la maison de dentelles et de broderie Melville & Ziffer. Il a également été vice-président de la Société des artistes décorateurs en 1907, 1910 et 1911.
Artiste décorateur des années 1900, Paul Mezzara était engagé dans le renouveau des Arts décoratifs français par le biais de la dentelle destinée à la maison et au vêtement féminin. Commanditaire de l'Hôtel Mezzara à Auteuil par l'architecte Hector Guimard en 1910, meublé et décoré par d’autres artistes décorateurs (Edgar Brandt, Paul Follot, Francis Jourdain, Gaston le Bourgeois, Léon Jallot, Charlotte Chauchet-Guilleré), il souhaita en faire une vitrine des arts décoratifs de son temps. Son humanisme comme sa défense d’un art social se nourrissent de ses passions occultistes dispensées par S.U Zanne (Auguste Vandekerkhove).
Biographie
Paul Mezzara est né à Saint-Maur-les-fossés le 22 aout 1866, fils caché d’Auguste Hennessy (1800-1879) et d’Adèle Mezzara (Paris 1828- Saint-Germain-En-Laye 1907), fille d’artistes peintres mineurs. Il grandit dans une ambiance matriarcale bohème dans l’ancienne demeure d’Antoine Vivenel (1799-1862) dite casa Vivenel, place Blanche, puis dans un hôtel particulier du 35 Avenue de Villiers entouré par ses tantes, photographe et peintre{{. Ancien élève de la prestigieuse Ecole Monge (Lycée Carnot) dans le XVIIe arrondissement de Paris, il sera élève à l’Académie Jullian puis à l’Ecole des Beaux-Arts. Ami des peintres Lucien Hector Monod et Ary Renan, il découvre l’Île-de-Bréhat à l’été 1888 sur laquelle il vit jusqu’en 1891 au côté des artistes attirés par ce nouveau « Pont-Aven ». Il vécut ensuite à venise jusqu’en 1900 où il fonda la manufacture de dentelles et broderies Melville & Ziffer. Se réinstallant définitivement à Paris, il s’engagea dans le renouveau des arts décoratifs français au sein de la Société des Artistes décorateurs dont il assura la vice-présidence a trois reprises (1907- 1910-1911). Créateur de motifs de dentelle moderne, Paul Mezzara les expose lors des salons nationaux et internationaux (Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, des artistes décorateurs, Salon d’automne, expositions universelles et internationales) et les commercialise dans ses boutiques et ses succursales ainsi que par correspondance en France et en Europe. Il participe à la vie publique et artistique des années 1900-1910. Infirmier volontaire en 1914, pacifiste ardent et défendant l’idée États-Unis d’Europe, Paul Mezzara finance et anime une revue libertaire « La solidarité mondiale » de l’Union de Transformation sociale. Gravement malade, il se retire à Mazargues où il décède le 17 mars 1918 à l’âge prématuré de 51 ans.
Généalogie
Il est le petit-fils de François Mezzara (Rome 1774- Paris 1845) et Angélique Foulon (Paris 1793- Paris 1868) tous deux peintres, proche de Jean-Pierre Granger et Ary Scheffer.
Il est le neveu de Joseph Mezzara ( New-York 1822- Paris 1901), sculpteur et beau-frère d’Édouard Manet, de Pierre Mezzara (Evreux 1825-Paris 1883) sculpteur, menant sa carrière à San Francisco, de Rosine Mezzara ( New-York 1822- Sanvic 1890) photographe, et de Clémentine Mezzara (Diamantopoulos), peintre.
Il se maria en 1889 avec Maria Dauphin/Herter (Bréhat 1869- Paris 1951), petite cousine d’Ernest Renan avec qui il eut deux filles.
Il eut ensuite une relation avec Aline Dauphin/Dardignac (Bréhat 1891- La Celle Saint Cloud 1895), petite cousine d’Ernest Renan et sœur de la précédente avec qui il eut une fille.
Il se maria en 1902 avec Colombe Patessio (Venise 1876- ?) avec qui il eut une fille.
Il se maria en 1910 avec Philomène Martin (Saint-Symphorien 1880- Paris 1945) avec qui il se sépare en 1912.
L’une de ses filles Yvonne (1889-1993) épousa en 1907 le militant communiste Jacques Sadoul (homme politique) (1881-1956) et publia ses mémoires en 1978. Elle participa à l’émission de Bernard Pivot « apostrophes » en 1978.
L’une de ses petites-filles épousera Georges Blanchon (1901-1984) associé de Le Corbusier, Charlotte Perriand et Jean Prouvé.
Il est l’arrière-arrière-grand-père de la comédienne Léa Seydoux.
Spiritualité
En 1900, Paul Mezzara, féru d’Occultisme, rencontre SU Zanne (Auguste Vandekerkhove) qui devient son maître spirituel par sa dispense d’enseignement théosophique et kabbalistique : la Cosmosophie. Il finança le seul livre du vivant de SU Zanne : les Vingt-quatre cours introductoires-préparatoires aux "Principes et éléments de cosmosophie", en analyse de la nature dans l'homme et en synthèse de l'homme dans la nature.
Œuvres
En dehors de son petit empire commercial disparu lors de son décès, de ses créations de dentelles la plupart disparues dont celles pour le théâtre et la comédie des champs-Elysées de 1913 des frères Perret, la grande œuvre de Paul Mezzara reste la construction de son hôtel particulier à Auteuil entre 1910 et 1912. Commandé à l’architecte Hector Guimard, l’hôtel du 62 rue la Fontaine est resté inachevé en raison des nombreuses exigences du commanditaire et d’une vie privée tumultueuse. Décoré et meublé par Hector Guimard, Léon Jallot, Edgard Brandt, Francis Jourdain, Paul Follot, Gaston Le Bourgeois, etc., il accueille une peinture marouflée de Charlotte Chauchet-Guilleré fondatrice des ateliers d’art des grands magasins du Printemps : Primavera. Cette arcadie révée, post impressionniste n’est pas sans évoquer la villa de Paul Mezzara au Canadel dans le var, achetée à Albert Sélonier et Saint Blancard. Véritable manifeste des arts décoratifs des années 1910 et du goût dispensé par la Société des Artistes décorateurs, l’hôtel Mezzara s’inscrit dans une période charnière de l’histoire des arts, entre Art nouveau et Art déco, qualifiable de style 1910. Paul Mezzara avait souhaité que son hôtel en soit une véritable vitrine afin de promouvoir ce renouveau des arts en prévision de l’exposition des Arts décoratifs de 1916 pour laquelle il s’était battu. Du fait de la guerre, cette exposition n’aura lieu qu’en 1925.
Bibliographie
- Brunhammer Yvonne, Les Artistes décorateurs 1900-1942, Paris, Flammarion, 1990.
- Froissart Pezone Rossella, L’Art dans tout, les arts décoratifs en France et l’utopie de l’Art nouveau, Paris, CNRS Éditions, 2004.
- Groux (de) Henry, Rapetti Rodolphe, Wat Pierre, Pinchon Pierre, Henry de Groux 1866-1930 : Journal, Paris, Kimé/INHA, 2007.
- Kraatz Anne, Catalogue des dentelles, musée national de la Renaissance château d’Écouen, RMN, 1992.
- Liot David (dir.), Années folles, années d’ordre. L’Art déco de Reims à New York, cat.expo, Reims, musée des Beaux-Arts, 2006.
- Meneux Catherine, Les Arts de la vie de Gabriel Mourey ou l’illusion d’un art moderne et social dans les revues d’art : formes, stratégies et réseaux au xxe siècle sous la direction de Rossella Froissart Pezone et Yves Chèvrefils Desbiolles, Presses universitaires de Rennes, 2011.
- Montamat Bruno, Les cercles artistiques, littéraires et philosophiques d'Hector Guimard " architecte d'Art", Romantisme, la revue du XIXe Numéro 177, 2017
- Montamat Bruno, Adeline Oppenheim Guimard (1872-1965) artiste et mécène, Généalo-J, revue de généalogie juive, 2017
- Montamat Bruno, L'hôtel Mezzara, une demeure philosophale?, "L'atelier" bulletin de l'association le Temps d'Albert Besnard, 2017
- Possémé Évelyne, Le Mobilier français : les années 1910-1930, Paris, Massin, 2010.
- Sadoul Yvonne, Tels qu’en mon souvenir, Renan, Jaurès, Lénine et tant d’autres, Paris, Grasset, 1978.
- S. U. Zanne, Vingt-quatre cours introductoires-préparatoires aux Principes et éléments de cosmosophie, en analyse de la nature dans l’homme et en synthèse de l’homme dans la nature, inconnu, 1909.
- Thiébaut Philippe, Hector Guimard, Paris, RMN, 1992.
- Viala Françoise, Le Rayol-Canadel-sur-Mer, origines d’une station balnéaire sur la corniche des Maures, Association la Draye du Patec, 2011.
- Vigne Georges, Hector Guimard, Paris, C. Moreau, 2003.
- Bruno Montamat, Paul Mezzara, un oublié de l'Art Nouveau, Paris, Mare et Martin, , 293 p.