Nicolas Dutot
Quick Facts
Biography
Nicolas Dutot, (Village du Tôt, 12 octobre 1684 - 12 septembre 1741), économiste français du XVIIIe siècle, l'un des pères de l'étude quantitative des phénomènes économiques.
Biographie
Jusqu'en 2009, les historiens ne savait que très peu de choses sur Dutot : il fut sous-trésorier de la Banque royale fusionnée en 1720 avec la compagnie des Indes, toutes deux institutions fondées par John Law sous la régence de Philippe d'Orléans. Il devint associé libre, le 3 décembre 1728, de la Société des Arts, l'un des grands ancêtres de l’actuelle Académie des Sciences.
Les archives de la Préfecture de police de Paris montrent que Nicolas Dutot, directeur de la Chambre de Justice de 1716, fut emprisonné à la Bastille du 29 avril au 8 septembre 1717. En effet, il semble avoir tenté de monnayer son influence afin de permettre à certains justiciables de voir diminuer leur taxe.
Œuvres et théories
Il se rendit célèbre par ses Réflexions politiques sur les finances et le commerce, publiées d'abord sous forme de lettres, 1735, puis, à La Haye, sous la forme d’un ouvrage en deux volumes in-12, 1738, visant en particulier à défendre le Système de Law. Ses théories économiques, prenant le contrepied de l'usage français de la fin du Moyen Âge et de l'époque moderne, s'efforcent de montrer que le numéraire ne doit point se voir attribuer une valeur arbitraire que le souverain puisse modifier à son gré. Dutot pressent également, plusieurs années avant Montesquieu, l'influence des taux d'intérêt sur l'évolution de la masse monétaire.
Les Réflexions politiques sur les finances et le commerce ont été réimprimées en 1843 dans les Économistes français du XVIIIe siècle, d’Eugène Daire puis en 1935, par Paul Harsin, dans une version critique, plus complète. En effet, celle-ci comprend la réponse que Nicolas Dutot venait d'achever lors de son décès, visant à réfuter les arguments de l' Examen du livre intitulé réflexions politiques sur les finances et le commerce, œuvre du financier Joseph Paris Duverney publiée à La Haye en 1740. L'un des principaux intérêts des Réflexions politiques sur les finances et le commerce, notamment dans sa troisième partie – la réponse de Dutot à l'Examen de Duverney, inédite jusqu'à l'édition de Paul Harsin, en 1935 –, provient de l'arsenal de relevés statistiques de prix et de changes dont se sert Nicolas Dutot pour étayer ses démonstrations et qui en font un pionnier de l'économie quantitative.
En 2000, Antoin E. Murphy, professeur au Trinity College de Dublin, a publié l' Histoire du Système de John Law, manuscrit jusqu'alors inédit – œuvre de Nicolas Dutot –, conservé dans le carton P19 des archives d'Argenson, à la Bibliothèque de l'Université de Poitiers.
Identité et origine
Même si Voltaire, en 1738, fit l’éloge de Dutot dans Le Pour et le Contre, de l’abbé Prévost, l'origine de cet économiste est restée mystérieuse durant près de trois siècles. À ce jour, on ne connaissait en effet que son nom de famille. Le catalogue même des grandes bibliothèques, tel, par exemple, celui de la Bibliothèque nationale de France, le prénommait Charles de façon erronée.
En 2009, un article paru dans les Annales de Normandie, publiées par le CRHQ (Centre de recherche d’histoire quantitative, laboratoire du C.N.R.S. fondé en 1966 par Pierre Chaunu), a permis de remédier à cet état de fait en relatant son identification, début 2006, à la suite d’une investigation menée par l’historien et banquier Marc Cheynet de Beaupré.
Il en ressort que Nicolas Dutot, né à Barneville (aujourd’hui Barneville-Carteret, (Manche) le 12 octobre 1684 et baptisé le lendemain dans l’église du village, était le fils d’Adrien Dutot, charpentier de marine au Village du Tôt, dans la paroisse de Barneville, et d’une certaine Barbe Bessin, sans doute originaire de Cherbourg. Nicolas Dutot est mort à Paris, paroisse Saint-Eustache, au matin du 12 septembre 1741 et les scellés de sa succession, de même que son inventaire après décès, sont analysés par Marc Cheynet de Beaupré.
Dutot, qui n’a pas eu d’enfant, était marié avec Marie Anne Marchand, qu’il avait épousée à Strasbourg le 20 août 1713, dans la paroisse Saint-Laurent.
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