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Biography

Nicolas Baier (né le 30 novembre 1967, à Montréal) est un artiste visuel québécois (canadien).

Photographe, sculpteur et peintre, il a été présenté en 2014 comme un des dix artistes contemporains les plus importants du Québec.

Ses œuvres s’affranchissent des repères habituels de la perception pour mieux s’attacher aux choses telles qu’elles semblent en elles-mêmes. Son travail interroge les processus de médiation, d’abstraction et de conceptualisation au cœur des démarches scientifique, philosophique et artistique.

Nicolas Baier utilise souvent les nouvelles technologies, le Scanner (informatique), la photographie numérique, les logiciels de retouche d'image, l’impression 3D, le découpage laser. Il puise une part de son inspiration dans les découvertes de pointe et les outils de recherche de la science fondamentale et de la Big Science.

Il a participé à une quarantaine d’expositions de groupe et une trentaine d’expositions individuelles dans les galeries et les musées canadiens parmi les plus prestigieux. Ses œuvres se retrouvent dans la plupart des grandes collections publiques et privées du Canada.

Il a réalisé une quinzaine d’œuvres d’art public, notamment pour l’université Concordia, le Centre universitaire de santé McGill, le musée Pointe-à-Callière et la Place Ville Marie.

Biographie

Nicolas Baier nait dans l'arrondissement Outremont à Montréal dans une famille passionnée par les beaux-arts. Ses deux parents enseignent les arts plastiques. Son père, né à Joliette, a été adopté par une famille d’origine allemande qui lui a donné ce patronyme très peu fréquent au Québec.

Adolescent, il fréquente les collèges Stanislas, Rigaud et Brébeuf. Il complète sa formation artistique à l’université Concordia (1991-1994) auprès des professeurs artistes Guido Molinari, Yves Gaucher, John McEwen et Guy Pellerin. Il pense devenir peintre, comme ses figures tutélaires mais développe assez rapidement la certitude grandissante que la peinture est «un art en voie d’extinction» . Il y est pourtant revenu dans sa pratique au tournant des années 2010.

Nicolas Baier a longtemps été représenté par le galeriste montréalais René Blouin. Il fait maintenant partie de la galerie Division de Montréal et Toronto.

Œuvre

Formé au dessin, d’abord attiré par la peinture, Nicolas Baier délaisse rapidement ces techniques traditionnelles au profit de nouveaux outils de création numérique développés depuis les années 1980 : la photographie par capteur électronique, l’imprimante laser, le scanner, l’ordinateur ou l’imprimante 3D.

« Je ne suis ni un plasticien ni un artisan. Toutes les manœuvres qui me sont données d’exécuter sont d’un simplisme à couper le souffle, que ce soit au moment de la prise de vue ou de la manipulation d’ordinateur . »

— Nicolas Baier, Nota Bene, 2005

Dans les faits, cette création n’a rien de simple. Nicolas Baier prélève d’abord des images dans le réel. Il retravaille ensuite ces fragments en multipliant les manipulations numériques. Il révèle finalement des significations enfouies, cachées, improbables ou tout simplement négligées. Ainsi de l’œuvre intitulée Le Canada est peinturé dans le coin d’un vieux pénitencier à Laval (2004) qui montre précisément la peinture écalée d’un mur évoquant une carte du pays.

Le résultat développe un dialogue incessant entre les disciplines traditionnelles de l’art et les nouveaux outils artistiques. Les échanges interdisciplinaires se font beaucoup avec la peinture. Nicolas Baier photographie, ou photoshope comme un peintre. Il a recours aux technologies numériques pour produire des images évoquant les constructions du cubisme, la technique du all over de l’expressionnisme abstrait, les tensions chromatiques de l’impressionnisme, les objets trouvés des surréalistes, pour ne pas dire le surréalisme des objets. Certaines de ses compositions ont été comparées à des toiles de Borduas, de Riopelle ou de Claude Monet.

« Je trouve mon inspiration partout où je passe. Mon atelier, les lieux que je fréquente. Les livres, les films, surtout les films. Tarkovski, le plus grand cinéaste de tous les temps. Un poète de l’image. Robert Morin. Prise de conscience du réel. Et il fait beaucoup avec peu. Je me reconnais là-dedans. Ce que je fais, c’est du low-tech. Des appareils photo communs, des lentilles banales, quelques notions de photoshop. Arranges-toi avec ça. Si on pouvait être artiste sans témoigner, je ne ferais que regarder, je ne prendrais pas de photo. Je serais un conteur d’images. Mais ce serait encore témoigner . »

— Nicolas Baier, Tableaux de chasse, 2006

Paréidolies, Vanités, Miroirs

Nicolas Baier poursuit la grande tradition de l’art moderne et contemporain qui bouleverse les repères ordinaires de la perception pour mieux s’interroger sur les rapports au monde entretenus par tous et chacun, y compris l’artiste, le philosophe et le scientifique. Ce détachement permet en même temps de s’éloigner du souci d’efficacité ou d’utilité et d’affiner le rapport au réel, en tout cas de le rendre sinon plus profond, au moins plus respectueux de la complexité et de la richesse incommensurable de l’univers matériel.

Le mot «paréidolie» désigne les illusions visuelles perçues dans les images, par exemple l’identification d’un animal dans un nuage ou d’un visage dans une tache. C’est aussi le titre choisi par Nicolas Baier pour une série d’œuvres. Ses Paréidolies comprennent par exemple la numérisation des paysages enfermées dans les calcaires métaphoriques (paésines) de Toscane, une œuvre abstraite dénichée dans une météorite et même des nuages retrouvés dans du papier d’emballage travaillé par l’humidité.

« Dans le contexte de la série Paréidolies, les œuvres de Baier fonctionnent à la manière d’un catalyseur qui solliciterait le regard des spectateurs en proposant des surfaces séduisantes sur le plan esthétique, ainsi qu’une imagerie décentralisée et non iconique, afin d’inciter les facultés de la perception à être constamment à la recherche d’un sens. Ici, toutefois, la quête est celle du sens et d’images chargées d’un large potentiel. Le spectateur peut, au départ, se sentir aller à la dérive, déconcerté ; un étranger dans un pays insolite qui, sans être entièrement inconnu, ne lui est en rien familier. Évidemment, Baier choisit minutieusement ses images et celles-ci sont d’ailleurs construites avec une grande précision . »

— David Liss, Nico au Pays des merveilles, 2008

L’ensemble des Vanités constitue un point d’orgue de cette démarche d’approfondissement du regard posé sur le réel pour en extraire du sens esthétique. Le corpus rassemble des scanners de miroirs anciens. Les miroirs numérisés un à un sont rassemblés dans pour former une grande mosaïque unifiée par la technique et un camaïeux bleuté.

« Stimulé par les mots d’Agnès Martin à propos de sa peinture, Baier en vient à conclure que « l’art agit presque toujours comme un miroir. Avec les Vanités, il entreprend de le démontrer avec éloquence et d’une certaine manière au pied de la lettre, rejoignant entre autres les intérêts d’un Léonard de Vinci pour les taches, les formes ou les textures nées du hasard, et pour l’informel plus généralement. En procédant ainsi, la photographie de Baier poursuit son travail de transgression, transformant toujours un peu plus le lieu de lecture qu’elle est, en un lieu de projection auquel elle accède dorénavant de façon plus convaincante. Devenues de véritables « écrans paranoïaques 7», les Vanités de ce point de vue sont associées à une activité intellectuelle, à un jeu à la limite, qui a prioritairement à voir avec la fabrication de sens . »

— Gilles Godmer, Dans la tête de Nicolas Baier, 2008

Le miroir devient un des concepts emblématiques de toute la production de cet artiste. C’est à travers lui que la représentation se donne comme pure représentation, reflet d’un reflet, éclat d’un éclat, image d’une image. Cette première réflexion sur la réflexion à travers la série des Vanités a ensuite conduit à la réalisation d’une déclinaison tridimensionnelle, la Vanité (Bureau) de 2012. La sculpture chromée reproduit un espace de travail contemporain, peut-être le bureau de l’artiste, avec son ordinateur, ses écrans, un clavier, une souris, son scanner, etc. Il s’agit en quelque sorte d’une œuvre autofigurative.

Elle d’ailleurs placée sous verre, dans un lieu lui-même semi-réfléchissant pour former un monde dans le monde, un univers en constante réflexion de ce qui l’entoure et de lui-même. Chaque élément est taillé dans un métal poli et plaqué de nickel miroitant. L’artiste présente ce travail comme une photosculpture, un arrêt sur image en 3D de notre époque presque dématérialisée, un monde scellé complètement refermé sur lui-même et en même temps complètement ouvert sur le monde

« C’est quand je travaillais sur la Vanité (Miroir cassé) que j’ai pensé à la réalisation de cette autre vanité. L’idée de refaire la forme de l’objet à l’identique, le reconstruire, minutieusement, avec la plupart du temps des technologies similaires à celles employées lors de la création des prototypes mêmes de ces objets. L’acte sculptural d’imitation, de ressemblance, de mimesis, était autant dans le procédé de fabrication que dans le résultat exposé. »

— Nicolas Baier, Vanité (Bureau), 2012

Vanité (Bureau) s’inscrit dans un projet plus vaste, une trilogie en voie de réalisation. Les deux autres éléments ajouteront à cet espace de travail de l’artiste numérique un bureau de philosophe et un bureau d’astrophysicien. Le tout composera un concentré de trois manières fondamentales de percevoir le monde, les êtres et les choses.

Engrammes, boson, cosmos

Les plus récentes œuvres de Nicolas Baier continuent de puiser dans le réel tout en approfondissant le questionnement sur les origines du monde et la production de sens sur cette même réalité. Le corpus trouve maintenant son inspiration dans la structure du cosmos les fragments de météorites, les cavernes ou les images produites par les recherches sur le boson de Higgs, chainons manquants de la physique des particules.

Dans Engrammes (serveur) il métaphorise aussi le monde numérique contemporain en réalisant une sculpture reproduisant une base de données. La pièce est réalisée en métal finement ouvragé. La structure noire repose sur une base de marbre blanc.

« Elle joue de contraste entre la vie en ligne dématérialisée, médiatisée, branchée sur un surprésent et la pérennité de l’hommage figé dans le marbre et le métal. Elle questionne l’accès à la connaissance de la réalité et la très complexe transmission des connaissances, la place de la mémoire dans nos vies individuelles et collectives, jusqu’aux conséquences sociopolitiques de la constitution de banques de données nous concernant tous et chacun. Il s’agit donc d’une pièce miroir, avec l’éternité en pierre, le monde des idées et toute la mémoire du monde enfouis dans les bases de données. À la limite, il s’agit d’une autre manière de décliner l'allégorie de la caverne de Platon, première et incontournable réflexion sur les rapports entre le réel et le virtuel, les vérités et les illusions, le monde sensible et celui des rêves. »

— Nicolas Baier, Transmission, 2013

L’art de Nicolas Baier se veut ainsi réflexion sur la réflexion, médiation de la médiation. Son travail récent, souvent inspiré des plus grandes réalisations et des plus impressionnants outils de la Big Science représente une volonté d’emprise de plus en plus fine sur le monde réel et de domination de plus en plus étendue du réel par la science et la technique, mais aussi des concepts de la philosophie et des œuvres de l’art. En même temps, cette création force à réfléchir sur la vanité de ces entreprises dominatrices en faisant cause commune avec le monde plutôt qu’en cherchant à le dominer.

Éternité, présentée à la Biennale de Montréal (2014), sculpture monumentale en acier inoxydable, se présente comme un miroir ondulant sur une longueur de 7 mètres, une largeur de 2,5 mètres, à 3 mètres de hauteur. La pièce imposante reproduit le mot «eternity», en écriture cursive, sans qu’on puisse le lire, comme une masse superposée à partir du sol.

Cette œuvre rappelle la finitude de l’homme, de l’humanité, de l’art, du monde, de toute chose. Elle évoque la fin de l’univers, la mort de la conscience et la vanité de tout ce qui prétendrait durer.

« L'idée m'est venue il y a plusieurs années en me promenant à Toronto. J'avais vu un salon de barbier qui avait ce nom-là, Eternity. Ç'a m'avait sauté aux yeux. Pour la créer, j'ai engagé un ferblantier spécialisé dans le lettrage commercial. Ça ressemble un peu à un rideau de scène ou à une palissade. On ne sait pas où est le début ni la fin. On peut pénétrer dedans, dans la forme du E, si l'on est assez mince! C'est aussi une sorte de miroir. On se projette dans la sculpture et il y a une réflexion dans notre for intérieur. Je voulais que les gens se demandent un peu ce que c'est... Mais il était hors de question qu'on puisse le voir! J'avais eu des offres pour faire cette pièce-là à l'extérieur. Mais j'ai refusé, car si on peut voir le mot, ça perd tout son sens car ça donnerait la clé. On voue un grand respect au mot «éternité», mais c'est un mot un peu ridicule, car si l'éternité ne finit jamais, alors elle ne commence jamais. L'un ne va pas sans l'autre. Si on ne conçoit pas de fin, alors, on ne peut pas concevoir un début non plus. Le Big Bang n'existe plus avec le concept d'éternité. En même temps, en tant qu'humain, on se trouve dans une sorte d'éternité, le présent étant la forme la plus vivante de notre éternité, puisqu'on vit éternellement dans le présent. En fait, jusqu'à notre mort, mais on n'en aura pas conscience . »

— Nicolas Baier, Biennale, 2014


Art public

Nicolas Baier est souvent sollicité pour la réalisation d’œuvres d’art public. Il en conçoit une quinzaine au Québec et en Ontario, entre 2004 et 2015. Les plus imposantes sont créées dans le cadre de la politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics du ministère de la Culture et des Communications du Québec.

La première œuvre, sans-titre, est un mur-rideau de grand format intégré au complexe Génie, informatique et arts visuel du Campus Sir George Williams de l’université Concordia. Elle est installée en collaboration avec le Cabinet de design Braun-Braën.

Une des dernières, Autoportrait, est une commande pour le cinquantième anniversaire de la Place Ville Marie, à Montréal. L’œuvre reproduit une grande table conçue comme un autoportrait du gratte-ciel de l’architecte I.M. Pei. Elle se présente comme un reflet de soi de la tour, comme une mise en abyme d’un lieu central de la cité. Cette grande table de réunion, avec ses fauteuils imposants et ses autres objets emblématiques des dernières années compose et expose un espace-miroir.

Une autre œuvre, Lustre, réalisée pour le Centre universitaire de l’université McGill reproduit la structure de l’hémoglobine humaine en 3D. La macromolécule suspendue occupe 10 mètres cubes. La réplique à grande échelle, en acier inoxydable réfléchissant, se compose de 4500 sphères et presque autant de tiges. «Pour l’artiste cette œuvre évoque, amplifie et poétise ce qui se déroule, de bon, de vrai et d’essentiel dans ce lieu – un symbole de la raison d’être de la science qui cherche à connaitre pour aider, soigner et sauver qui est selon lui exemplaire de la connaissance et de la compassion», dit la fiche descriptive de l’institution.

Expositions individuelles

  • Nicolas Baier, Galerie Division, Montréal, 2014.
  • Transmission, Galerie Division, Toronto, 2013.
  • Paréidolies, MCCP, Ottawa et Musée National des Beaux-Arts du Québec, Québec, 2010, MOCCA, Toronto et Saint Mary’s Art Gallery, Hallyfax 2009, Musée régional de Rimouski, 2008.
  • New Works, Jessica Bradley ART + PROJECTS, Toronto, 2008.
  • Vanités, Jessica Bradley Art + Projects at ARCO, Madrid, 2008.
  • Tableaux de chasse, Musée des beaux-arts de Montréal, 2006.
  • Traces, Galerie René Blouin, Montréal, et Jessica Bradley ART + PROJECTS, Toronto, 2006.

Une liste complète des expositions de groupe et en solo est disponible sur le site http://nicolasbaier.com/

Œuvres publiques

  • L'arbre de la gare, Gare de Repentigny, Agence métropolitaine de transport, 2014.
  • Autoportrait, Commande pour le cinquantième anniversaire de la Place Ville Marie, Montréal; Vanités 3, Pointe-à-Callière, Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, 2012.
  • Charnière, Centre communautaire Wakefield La Pêche; Miroirs, École primaire Jean Grou, Montréal, St-Laurent; Chêne, Hôpital de Hull,Centre de Santé et de Services Sociaux de Gatineau, 2011.
  • Sans titre, commande du bureau d’avocats Goodmans, Toronto; Traverse, Centre de formation professionnelle ACCESS, Commission scolaire Riverside, St-Lambert; Cases, Royal West Academy, Commission scolaire English-Montréal, Montréal, 2009.
  • Bibliotheca Universalis, œuvre d’art intégrée (intérieur & extérieur), Bibliothèque interculturelle de Côte des-Neiges-Nord, 2006.
  • Sans titre, mur-rideau de grand format, Complexe intégré Génie, informatique et arts visuels du Campus Sir George Williams de l’Université Concordia [Montréal], conçu en partenariat avec le Cabinet Braun-Braën, 2004.

Notes et références

Liens externes

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