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France
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Gilles Saussier
French photographer

Gilles Saussier

The basics

Quick Facts

Intro
French photographer
Places
Work field
Gender
Male
Birth
Place of birth
Suresnes, canton of Suresnes, arrondissement of Nanterre, Hauts-de-Seine
Age
60 years
The details (from wikipedia)

Biography

Gilles Saussier, né à Suresnes en , est artiste photographe et professeur à l'École nationale supérieure de la photographie (ENSP) à Arles depuis 2013.

Biographie

Tournant le dos à sa pratique de photo-reporter, Gilles Saussier réalise en 1997 une installation photographique sous chapiteau dans la vieille ville de Dhaka au Bangladesh. Il choisit d’exposer et de rendre aux habitants de Shakhari bazar, le principal quartier de la minorité hindoue, 74 portraits, reliquat d'un sujet photographique initialement destinés à la presse magazine internationale. Ce geste symbolique - en forme de potlach - assume la dilapidation et la dissolution des restes de son activité de photojournaliste dans un espace local non occidental, géographiquement et socialement marginalisé.

De retour au Bangladesh (2001, 2006-2007), Saussier rend visite aux habitants propriétaires de ses images et documente leur dissémination dans l'espace de la rue et les intérieurs des maisons. Un processus documentaire dialogique et expérimental s’engage formé de couches successives de portraits superposées et entrecroisées. ‘Dans la rue où les boutiques de portraitistes traditionnels ont disparu supplantées par les réalisateurs de films vidéos bon marché, les habitants viennent désormais à moi comme au studio. Lourd et visible avec mon appareil moyen-format, je parviens à réaliser ces images intimes que m’interdisait la norme du reportage. Je renoue avec l’activité de portraitiste de quartier, importé par le colonisateur, popularisé par l’indigène et tombé depuis en désuétude’.

Studio Shakhari Bazar inaugure un positionnement à la croisée de la tradition photographique documentaire, de l’art conceptuel et de l’anthropologie visuelle. Pour Gilles Saussier, la photographie est un acte qui sans cesse modifie la relation entre le photographe, le sujet photographié et le spectateur. Ses différents projets artistiques ont en commun le rapport à la mémoire des sans-voix, l’histoire raconté par les pouvoirs dont les médias, la relation du document au monument.

Dans Retour au pays, exposé à la documenta 11 (2002), Gilles Saussier propose une médiation poétique sur la cohabitation des usages et les imaginaires du paysage en vallée de l'Epte à la frontière de l'Île-de-France et de la Normandie. En 2003-2004, il intervient dans le cadre de deux grands projets de renouvellement urbain : dans le quartier de l’Amont-Quentin à Cherbourg, dans le quartier Malakoff à Nantes. Il publie ensuite aux éditions du Point du Jour Studio Shakhari Bazar (2006) et Le Tableau de chasse (2010) dont les premières séries avaient été exposées dans le cadre de l'exposition Covering the real, Art and the Press Picture from Warhol to Tillmans au Kunstmuseum de Bâle (2005). Vigoureuse critique du photo-reportage, Le Tableau de chasse est aussi une méditation sur l'art et la mort, le rapport des images à l'histoire.

Critiques

« On conviendra que c’est l’extériorité que problématise Saussier. À l’inverse d’un modèle psychologique où le moi existe plein de ses significations avant d’entrer en contact avec le monde extérieur, elles permettent une expérience qui admet que le moi se réalise en s’extériorisant. La vision et la représentation de soi et de l’autre se modifient sans cesse dans l’expérimentation. (…) Autrement dit, les photographies de Saussier ne font pas image. Elles renvoient le spectateur à sa propre définition. Celui-ci est pris dans une confrontation entre la perception de lui-même en tant qu’image et ce qui mine cette perception, entre vision et engagement dans la vision (et par là même une forme particulière de corporéité), entre formes fixes et formes mouvantes, variables à l’infini. Partages d’une réalité et d’une fiction, les propositions de Gilles Saussier ne fixent pas les gestes et un récit, mais bousculent le travail de définition stable de la mémoire des images. La photographie, cette trace fragile, circule entre les corps et les regards. Le spectateur n’est assujetti à aucune juste place. Engagé dans la complexité du processus représentationnel, il reste libre, dispose de ses mouvements, de ses émotions et de ses jugements. Son regard se déplace en même temps que les objets et sa pensée (même théorique) est migrante. » Emmanuelle Cherel : L’appartement-témoin, de l’invité au citoyen, 2004.

« Véritable cartographie généalogique du travail du temps, Studio Shakhari Bazar invente un geste photographique inscrit dans la durée, qui désamorce l’immobilisme morbide du souvenir. Depuis les anciens portraits stylisés, jusqu’aux ultimes saisies contenant leurs propres mises en abymes, tout se passe comme si Gilles Saussier avait inventé une posture inédite qui ne bloque plus la fluidité du temps, mais qui, à l’inverse, appelle à soi la vaste agitation des métamorphoses provenant tant du passé que de l’avenir. Les visages vieillissent autant qu’ils rajeunissent, les lieux se font et se défont, changeant de couleurs et de formes, les artisans modifient leurs pratiques, sans qu’à aucun moment l’ombre de la mélancolie ne flotte sur cette mémoire vive. Ce tour de force qui installe une dynamique éthique dans l’esthétique n’est pas le fruit d’un génie hasardeux, mais plutôt le résultat d’une réflexion maîtrisée autour de l’histoire et des enjeux de la photographie. » Stéphanie Katz : Studio Shakhari Bazar, 1997-2007.

« Il y a un cas qui me semble absolument excellent aujourd’hui, d’un parcours qui a consisté à faire la critique et la théorie de sa propre pratique pour aller vers l’art contemporain ; c’est le cas de Gilles Saussier. C’est quelqu’un qui justement à un moment donné s’est retourné sur sa pratique et a décidé de prendre le temps de travailler et de quitter la sphère d’information et de communication pour faire un travail de fond, documentaire, artistique, conceptuel et qui l’a engagé du côté maintenant des galeries d’art. C’est aujourd’hui la personne la plus intelligente, la plus ancrée dans un passage, un croisement entre photojournalisme et art contemporain, mais au prix d’un reniement, au prix d’un reniement critique. Comme Depardon a été un cas particulier par le caractère expiatoire de sa pratique, Gilles Saussier a un caractère critique et non expiatoire de sa pratique antérieure. Mais ce sont peut être les premiers grands cas, en tous cas en France, de passage et on passe avec des dégâts et de la douleur d’un monde à un autre. » Michel Poivert, Photojournalisme à la croisée des chemins.

Expositions collectives (sélection)

  • Fourrure, vitrine, photographie, avec Stéphanie Solinas, Centre Photographique d'Ile-de-France (CPIF), Pontault-Combault 2016.
  • Monument, Musée des beaux-arts de Calais, Calais, 2014.
  • Learning Photography, Fonds Régional d'Art Contemporain (FRAC) Haute-Normandie, Sotteville-lès-Rouen, 2012.
  • L'Archive Universelle, la condition du document et l'utopie photographique moderne, MACBA Barcelone, Espagne, 2008.
  • La Région Humaine, Musée d'Art Contemporain (MAC), Lyon, 2007.
  • Fifty-Fifty, avec Karim Daher, Galerie Zürcher, Paris, 2006.
  • Covering the Real, Kunstmuseum de Bâle, Suisse, 2005.
  • Documenta 11, Cassel, Allemagne, 2002.
  • Des Territoires, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (ENSBA), 2001.

Expositions solo (sélection)

  • 180 kilomètres avant la mer, La Forme, Le Havre, 2017
  • Spolia, Centre de Photographie Le Bleu du ciel, Septembre de la Photographie Lyon, 2016
  • Site Specific, Fonds Régional d'Art Contemporain (FRAC) Haute-Normandie, Sotteville-lès-Rouen, 2015.
  • Sinea, Galerie Zürcher, Paris, France, 2012.
  • Le chien est un loup pour la colonne, Société française de photographie, Paris, 2012
  • Le Tableau de Chasse, Le Point du jour Centre d'art, Cherbourg-Octeville, 2010
  • L'île d'après, Galerie Zürcher, Paris, France, 2009
  • Studio Shakahari Bazar, Centre la Photographie de Genève, Suisse, 2006
  • Envers des villes, endroit des corps, Galerie Zürcher, Paris, France, mars 2005
  • Bivouac, l’Appartement témoin, Nantes, en collaboration avec l’association Peuple & culture 44, 2004-2005
  • Retour au pays, Galerie Zürcher, Paris, France, 5 juin-

Publications (sélection)

  • Spolia, Le Point du jour éditeur, 2017.
  • Le Tableau de Chasse, Le Point du jour éditeur, 2010.
  • Studio Shakhari Bazar , Le Point du jour éditeur, 2006.
  • Le Ruban documentaire, éditions 779, 2003
  • Living in the Fringe, éditions Figura, Paris, 1998.

Entretiens – Communications (sélection)

  • Pour un documentaire expérimental, Entretien avec Etienne Hatt, Art Press 433, Mai 2016.
  • Entre le site et l'image. Notes sur une pratique photographique de site specific. Actes du colloque La Seine, une vallée, des imaginaires, Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2015.
  • Ruines du reportage et spolia documentaires, Entretien avec Emmanuel Zwenger, Actes du colloque Que faire avec les ruines ? Poétique et politique des vestiges, Université Paris-Diderot & Centre d’Étude et de Recherche Interdisciplinaire de l’UFR LAC, 2015.
  • Retourner l'actualité, une relecture du Tableau de chasse, Entretien avec Emmanuelle Cherel, Photojournalisme et art contemporain, Éditions des Archives contemporaines, 2008.
  • Situations du photojournalisme, actualité d'une alternative documentaire, Communications N°71, Le parti-pris du document, Seuil/EHESS 2001.
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