Camille Dolard
Quick Facts
Biography
Camille Dolard est un artiste-peintre et photographe français né le à Lons-le-Saunier et mort à Lyon le .
Biographie
Élève de Pierre Révoil et Claude Bonnefond à l'école des beaux-arts de Lyon (1826-1833). Il revient au pays natal pour y peindre les scènes quotidiennes de la paysannerie jurassienne. Ces tableaux sont destinés aux salons de la bourgeoisie Lyonnaise qui apprécie ses œuvres. Dolard décide donc de revenir à Lyon. Il installe un studio au 11 de la place Croix-Paquet. Reçoit-il un enseignement photographique chez l'un des premiers portraitistes de l'époque ? La réponse n'est pas claire mais on tient pour à peu près sûr le fait que son meilleur ami s'appelle Félix Tournachon, fils d'un libraire Lyonnais. Ce personnage se fera mieux connaitre plus tard sous le nom de Nadar quand il "montera" à Paris en 1842.
Un appareil multi-format
De son côté Camille Dolard envisage de faire des reportages photographiques et il cherche un appareil pratique et maniable. Aucun ne le satisfait pleinement.Il se rend compte qu'il lui faut empoter plusieurs appareils de formats différents pour exécuter un programme complet de prises de vues.La plaque daguerréotype constitue un document positif unique qui n’accepte aucune réduction ou amplification ultérieure. Dolard décide d'étudier un modèle entièrement nouveau pour lequel il prend un brevet de 5 ans le . Voici un résumé du mémoire descriptif qu'il établit.
« Mon invention consiste à réunir plusieurs appareils dans un seul. Jusqu'à présent il a fallu un appareil spécial pour faire des épreuves sur plaque entière, un autre pour 1/2 plaque, un pour 1/4 de plaque et un pour 1/6 de plaque.On comprend que pour avoir ces quatre grandeurs, il faut quatre appareils différents ce qui est non seulement coûteux mais très embarrassant.Un voyageur qui veut prendre des points de vues, des monuments et faire des portraits de divers de diverses grandeurs, doit traîner avec lui quatre appareils.Tandis que le mien seul suffit pour toutes les grandeurs voulues.Ainsi que mon dessin l'indique, il y a quatre appareils avec quatre corps de boites B,C,D,E, rentrant l'une dans l'autre comme une lunette. Lorsque tous les corps de boites sont poussés au fond, on fait des 1/6 de plaque, en la plaçant au bout de la boite B.En tirant le 2e corps on fait un 1/4 de plaque avec la boite C.Le 3e corps D sert pour faire la 1/2 plaque et enfin le 4e corps de boite étant tiré E on place la plaque K au bout pour faire une plaque entière.Il est évident qu'en ajoutant un 5e , un 6e corps etc., on ferait des plaques plus grandes. Mais je me borne pour le moment à quatre corps rentrant l'un dans l'autre, ce sont les quatre grandeurs les plus usitées... »
Texte du brevet de l'appareil multiformat
Figure 1
Figure 2
Daguerréotypes pleine plaque
« Je demande donc le privilège exclusif de fabriquer des appareils faisant plusieurs grandeurs de plaques. Ma demande est simple à formuler, je dis qu'un autre appareil ne peut faire qu'un grandeur de plaque et que le mien réunit toutes les grandeurs, voila la différence. C'est donc par conséquent une chose nouvelle, avantageuse, portative et peu coûteuse relativement au prix de quatre appareils... »
Nous ignorons si Dolard fabrique ou non son appareil : nous n'en avons jamais encore retrouvé d'exemplaire avec cette forme si originale. En revanche nous avons retrouvé trois des ses daguerréotypes types pleine plaque (165 × 215 mm) inédits et probablement uniques au mondes.
Peut-être pour sa propre publicité a-t-il voulu faire son auto portrait dans des scènes soigneusement composées ?
- L'un représente dans un décor oriental, Dolard fumant son narguilé, objet très à la mode à une époque entichée de l'Orient et de ses mystères. La pose démesurément longue pour obtenir un daguerréotype procure à Dolard un regard fixe de drogué.
- Dans le second, il campe une amusante composition sur le thème pourtant peu inspirant de la maladie. Coiffé d'un bonnet de nuit, alité, il s'entoure de tout un arsenal de potions et de clystères, sans oublier l'inévitable pot de chambre. Il se fait soigner par une petite infirmière dont le gentil minois saura réconforter le patient bien mieux que tous les médicaments du monde.
- Le troisième, malheureusement mal conservé, nous le montre peignant dans son atelier encombré du chevalet et des accessoires insdispensables.
- Logiquement devrait exister un quatrième document, celui du portraitiste Dolard auto-photographié avec son appareil ; ce document devrait nous permettre d'expliquer le procédé. Malheureusement nous n'avons pas pu le retrouver.
L'homme au narguillé 1843.
Le malade imaginaire 1843
Une question se pose : Comment Camille Dolard a-t-il pu supporter d'aussi longues séances de poses de plusieurs minutes, sinon davantage, sans le moindre bougé, sans même le plus petit mouvement de respiration ? Le grand format de la plaque associé au long foyer de 50 cm exige un diaphragme minimum de f 32 pour obtenir une profondeur de champ suffisante. Il multiplie encore trente fois la longue pose du daguerréotype obtenue par un objectif ultra lumineux Petzval de portait. Sans pouvoir exactement expliquer ce miracle technique, contentons nous d'en admirer les chefs-d'œuvre qui illustrent l'immense talent de Dolard.
Les portraits parisiens
Entre 1850 et 1860, Dolard gagne Paris pour y exécuter un important programme de portraits photographiques. Félix Nadar se trouve-il alors malade, sinon en voyage, fait-il appel à son confrère et ami lyonnais pour le remplacer ? Nous l'ignorons. Mais la série de portraits qu'il réalise dans la capitale est remarquable. Loin de son atelier, il se livre à de magistrales études en éclairage et en composition qui nous laissent des images très belles d'artistes ou d'homme politique. Par exemple il prend le grand Ingres dans une embrasure de fenêtre de façon beaucoup plus originale que ne l'ont fait Pierre Petit et Étienne Carjat . Dans les sujets de cette série nous trouvons Horace Vernet avec ses pinceaux, le chansonnier Béranger , le général de Cavaignac, rival malheureux de Louis Napoléon à la Présidence, Adolphe Thiers . Nous avons également retrouvé beaucoup de portraits sans légende concernant des personnages barbus, moustachus et totalement anonymes. Curieusement aucune femme ne figure dans la galerie de Dolard.
Les portraits lyonnais
Les portraits lyonnais de Dolard nous donnent un éventail à peu près complet des personnalités les plus remarquables de la ville. Ils représentent le préfets successifs du Rhône, le Gouverneur militaire, les Présidents de chambres, les professeurs de facultés, de hauts fonctionnaires, la magistrature, les industriels important, les savants, presque tous les artistes de la ville et surtout ces riches fabricants d'étoffes de soie qui tiennent le haut du pavé lyonnais. Sa clientèle est très large. En 1853, on lit pour la première fois dans "l'Indicateur de Lyon" mention de Camille Dolard en tant que portraitiste au pinceau et au daguerréotype installé place Croix Paquet. Le studio de Dolard se trouve en étage sur le début des pentes de la colline Croix-Rousse dans un immeuble entièrement dévoué à la soierie. Cette énorme battisse qui "traboule" avec les rues voisines est occupée par tous les genres de travailleurs de la soie, par les fabricants bien sûr mais aussi ces plus humbles artisans que constituent les dévideuses, ourdisseuses, liseurs, metteurs en cartes, plieurs, dessinateurs, etc. La déclivité du terrain est si abrupte que la terrasse supérieure de l'immeuble haut de six niveau domine toute la ville pour en offrir un tour d'horizon quasi complet. Cette situation panoramique incomparable est peut être la raison qui détermine Dolard à installer là son atelier, sinon le désir de l'implanter au cœur même de soierie lyonnaise alors toute puissante. Ou bien il recherche tout logiquement un maximum d'éclairage naturel nécessaire avec les lents procédés photographiques de l'époque (daguerréotypes). Car Dolard aime les grands formats de clichés, et ceux-ci exigent de longs foyers d’objectifs et beaucoup de lumière. Plus tard avec l'avènement du collodion, il standardise ses clichés au beau format 18 × 24 qui lui assure une bonne netteté et surtout une incomparable richesse des demi-teintes.
La mort du curé d'Ars
Il revient à Dolard d'avoir été le seul photographe à saisir sur ses plaques le visage du curé d'Ars. Ces documents exceptionnels sont restés longtemps ignorés, même des biographes du Saint. Lyon, la matinée du jeudi 4 août 1859. Prévenus par télégraphe, les journaux annoncent en énormes manchettes la mort dans la nuit, à 2 heures, du curé d'Ars. Dolard en l'apprenant décide toutes affaires cessantes de gagner aussitôt Ars. Quel document, s'il arrive à temps pour photographier le saint homme ! Le bateau à vapeur fait l'omnibus de Lyon à Chalons va trop lentement et il ne sera nullement sûr de trouver une voiture au débarcadère de Jassans. Il demande à un voiturier du quartier de l'amener directement à Ars avec tout son matériel de laboratoire.Pour réduire son bagage et la taille de l'indispensable pied, ile se limite à une petite chambre 1/4 de plaque. Le trot assez rapide de la sortie de Lyon, se ralentit sensiblement plus loin, sur les routes de plus en plus embouteillées par les milliers de personnes, souvent à pied, convergeant vers Ars. L'orage de la nuit passée ne suffit pas à rafraîchir le temps et la chaleur devient de plus en plus accablante. Dolard craint d'arriver trop tard à Ars où la foule augmente de minute en minute sur la place. Les gendarmes de Trévoux appelés en renfort, contiennent la cohue avec beaucoup de peine. Malgré le soleil de plomb et la poussière, les visiteurs tiennent absolument à revoir une dernière fois leur "Curé". Le défilé durera quarante-huit heures, en laissant à chaque pèlerin juste le temps de réciter un pater et un avé devant la dépouille du saint homme. Dolard perdu dans la foule se demande comment il pourra prendre une photographie. Par chance ol rencontre un "pays" Jean Claude Viret, originaire comme lui du Jura. Celui-ci cultivateur aisé et attiré par l’extraordinaire personnalité du curé, réside depuis longtemps à Ars où il a toutes ses entrées. Il s'occupe de Dolard, lui trouvant une resserre proche où installer son labo de campagne. Surtout il obtient, dans le pèlerinage, une courte pause pour faire les photographies.
30 minutes pour quatre clichés
Monseigneur Trochu auteur en 1925 d'une vie du curé d'Ars, écrit à son sujet : « Le défilé des visiteurs ne s'est arrêté que pendant une demi-heure de l'après midi du 4 août. Alors que le soleil était le plus ardent, on sortit le corps sur son lit d'honneur orné de fleurs et de feuillages et pour la première fois, un photographe réussit à prendre les traits du curé d'Ars. Il y eut trois photographies différentes de prises. ».
De son côté, à la page 33 de ses Mémoires, Jean-Claude Viret rapporte exactement la scène : « Moi, Jean-Claude, j'étais présent quand les portraits furent tirés. On sortit le bon saint curé Jean Marie Vianney de sa cure pour le placer dans la cour en un moment où le soleil était bien ardent et on fut obligé de tenir un parapluie au-dessus du saint curé pour le garantir du soleil et c'est moi, Jean Claude, qui ai tenu ce parapluie tout le temps qu'il fallu. ».
On imagine aisément les difficultés rencontrées par l'opérateur pour prendre seulement en 30 minutes ses 4 clichés. La chaleur intense sèche trop rapidement le collodion qu'il doit préparer dans son labo de campagne et développer immédiatement après chaque exposition. Maître de sa technique, Dolard réussit "son reportage" malgré toutes les difficultés. Après un tel exploit; il aurait dû devenir célèbre. De façon obscure, son nom disparaît et Mgr Trochu écrit "notre" photo sans en citer l'origine. Après 1900, un éditeur de cartes postales en fera paraître une mauvaise copie avec la mention "reproduction interdite" à la place de la signature de Dolard !
Le curé d'Ars 1
Le curé d'Ars 2
Le curé d'Ars 3
Retour à la peinture
Après 1859, l'activité photographique de Camiile Dolard parait se ralentir. Il vend son affaire de la Croix-Rousse à un autre peintre-photographe, Armbrüster, qui se fera connaitre par d'excellentes reproductions en noir ou en couleur (à la main) de tableaux. Dolard s'installe sur le quai Saint-Antoine dans un petit atelier où une dizaine de portraitistes se succéderont en 40 ans. Il abandonne la photographie et se remet à peindre. Chaque année il expose, au Salon de Lyon, des portraits, paysages ou natures mortes souvent inspirées de son Jura natal. En 1876, il déménage une dernière fois pour habiter un luxueux appartement le long du Rhône, sur le quai Castellane. L'année 1884 sera celle de son dernier Salon. Puis il disparaît définitivement de la scène.
Œuvres
Photographies
Ingres à la fenêtre -1856
Adolphe Thiers
L'architecte Dupasquier
Horace Vernet vers 1860
Le préfet du Rhône 1856
Tableaux
Nature morte aux grives et perche 1848
L'atelier d'artiste 1845
Portrait d'un inconnu 1860
Notes et références
Liens externes
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