Alfred Ponnier

Louis Alfred Ponnier, né le 8 octobre 1888 à Fontenay-sous-Bois et mort le 11 avril 1931, était un pilote et un constructeur aéronautique français.

Belle Époque

Né le 8 octobre 1888 à Fontenay-sous-Bois, Louis Alfred Ponnier est le fils de Louis Alfred Ponnier (1835-1910), riche industriel qui possède une filature de coton dans les Vosges, chevalier de la Légion d'honneur. En 1911, Alfred Ponnier a 24 ans. Il vient de terminer son service militaire, et il a hérité d'une partie de la fortune de son père, décédé l'année précédente. Il décide de se consacrer à sa passion pour l'aviation. Il passe son brevet de pilote civil (numéro 620) à l'école de pilotage Hanriot de Reims. Quand Hanriot est mise en faillite en 1912, Alfred Ponnier rachète tous les actifs, notamment l'usine située au 145 rue de Neufchâtel à Reims, et poursuit l'exploitation sous son propre nom. Hanriot père et fils se recyclent après l'été 1912 dans la vente des automobiles Grégoire.

La nouvelle société Ponnier commercialise toujours les anciens monoplans Hanriot, parfois désignés comme Hanriot-Ponnier, dont le modèle D.I, sur lequel se distinguent les pilotes de la firme : Maurice Rost, Jean Bielovucic et Émile Védrines (le frère du célèbre pilote Jules Védrines). Sur un Ponnier D.I, Bielovucic réussit l'exploit de traverser les Alpes le 13 janvier 1913 et d'y survivre, deux ans et demi après la tentative de son compatriote Géo Chavez qui avait trouvé la mort en tentant d'atterrir. Parallèlement, le bureau d'études de Paris, où est resté Alfred Pagny, ancien collaborateur d'Hanriot, se lance dans la conception de nouveaux modèles.

Entre l'été 1912 et l'été 1913, les ventes sont réduites à quelques appareils. Alors que la firme Hanriot-Ponnier semble définitivement perdue, un événement inattendu lui permet de retrouver son activité. Alfred Pagny a conçu un nouveau type de monoplan, le Hanriot-Ponnier D.III, dont il a réduit les dimensions et qu'il a doté du moteur le plus puissant alors en service, le Gnome « Double Omega » de 160 ch. Avec cet avion, le 29 septembre 1913, Émile Védrines se classe deuxième dans la Coupe Gordon-Bennett, une course de vitesse très médiatisée, à 197 km/h de moyenne. Cependant, l'année suivante, Émile Védrines se tue aux commandes de cet avion le 1 avril 1914 à Reims en tentant de boucler un looping.

Devenue la « Société de Construction de Machines pour la Navigation Aérienne » (CMNA) l'usine Ponnier de Reims produit encore avant la guerre plusieurs types d’appareils conçus par l'ingénieur Pierre Dupont, mais qui ne connaîtront aucune suite :

• le biplan militaire Hanriot-Ponnier D.V, à hélice propulsive,
• puis un autre biplan de plus grande capacité, le Hanriot-Ponnier D.VIII, biplace à hélice tractive et blindé.

Ces avions ont en commun une structure métallique, comme le modèle suivant, le petit biplan monoplace Ponnier L.1, aux dimensions très réduites. Testé en vol par Maurice Rost le 21 juin 1914, il suscite le vif intérêt de l'armée. Le colonel Estienne, chef officieux de l'Aéronautique militaire dans l'ombre du général Félix Bernard, verrait bien cet avion équiper l'aviation de réglage des tirs de l'artillerie qu'il rêve de créer. Le déclenchement de la guerre, six semaines plus tard, bloque son développement.

Première Guerre mondiale

Quand la guerre éclate, en août 1914, l'usine de la CMNA (ex Hanriot-Ponnier) à Reims est prise par les Allemands et saccagée. Alfred Ponnier sera indemnisé entre 1922 et 1927 par l'Administration centrale des dommages de guerre du Ministère des Régions libérées. Alfred Ponnier est mobilisé dans l'Aéronautique militaire avec le grade de caporal, mais il ne peut exercer ses talents de pilote car il n'a pas le brevet militaire ! Le 23 août 1915, il est placé en « affectation spéciale » pour se consacrer à la direction de son usine, qui a été reconstruite à Levallois-Perret (Seine) et reprend son activité à l'été 1915. Les belligérants mettent alors en service les premiers avions de chasse, comme le Fokker E.III Eindecker (monoplan), qui constitue une grave menace pour les avions français. Ponnier sort alors le Ponnier M.1, qui est testé par le Service des fabrications de l'aéronautique (SFA) concurremment avec le Nieuport 11, mais c'est ce dernier qui est retenu pour être le nouveau chasseur de l'aviation française.

Le dernier avion conçu par le bureau d'études est un biplan bimoteur, le Ponnier P.1, qui sort en janvier 1916 mais ne rencontre aucune commande. Pierre Dupont est débauché en 1915 par son ancien employeur René Hanriot qui a reconstitué une nouvelle société Hanriot. Il y concevra le petit chasseur Hanriot-Dupont HD 1 qui remportera un grand succès, surtout dans les rangs des alliés belges et italiens.

La société Ponnier vivote de commandes du SFA pour la fabrication de pièces détachées : ailerons, roues, plans supérieurs de voilures, ou de la réparation d'avions de seconde main. Elle devient durant l'été 1916 la « Société anonyme française de construction aéronautique » (Scaf) et reçoit le 27 septembre 1916 une première commande pour la production sous licence de 12 chasseurs monoplaces Nieuport 11 et Nieuport 16. Cela devient sa principale activité car elle produit sous licence des chasseurs Nieuport et SPAD jusqu'à la fin de la guerre ainsi que 300 exemplaires du Sopwith 1½ Strutter, un avion britannique qui a équipé 74 escadrilles françaises et dont les industriels français ont construit au total 4797 exemplaires. Un pilote militaire, le lieutenant Aimé Vallet (1887-1918), est même officiellement affecté à la Scaf.

Entre-deux-guerres

En 1919, la Scaf quitte le secteur de l'aéronautique et se reconvertit dans la production de pièces automobiles. Alfred Ponnier quitte aussi l'aéronautique, il fonde une nouvelle société et connaît de sérieux revers de fortune, échappant de peu à son tour à une procédure de faillite en 1927. Tombé gravement malade, il décède prématurément à l'âge de 43 ans le 11 avril 1931.

• Ponnier D.III (1913) : Avion de course monoplan à aile médiane.
• Ponnier D.V (1913) : Avion de reconnaissance biplan à hélice propulsive.
• Ponnier D.VIII (1914) : Biplan à structure métallique.
• Ponnier L.1 (1914) : Avion de reconnaissance biplan.
• Ponnier M.1 (1915) : Chasseur biplan.
• Ponnier P.1 (1916) : Chasseur biplan.