Claude Lamirault
Quick Facts
Biography
Claude Lamirault, né le à Paris (16e arrondissement) et mort pour la France le à Orléans, était un résistant et officier français. Il fut le chef du réseau Jade-Fitzroy.
Biographie
Entre-deux-guerres
Claude Lamirault naît le à Paris (16e arrondissement). Il est issu d'une famille bourgeoise de Maisons-Laffitte (Yvelines). Son père est avocat. Fervent catholique, il devient très jeune un militant de droite et adhère à l'Action française de Charles Maurras, pourtant condamnée par le pape en 1926. On le dit même faisant partie des Camelots du Roy, ou cagoulard, voire impliqué dans l'assassinat des frères Rosselli, le 9 juin 1937. Toujours est-il qu'il est condamné en 1938 à huit jours de prison pour voies de fait sur un agent de police. En 1936-1938, il effectue son service militaire au 27e bataillon de chasseurs alpins (27e BCA).
Seconde Guerre mondiale
Mobilisé en 1939 au 27e BCA en garnison à Annecy, Claude Lamirault s'y fait des camarades qui seront plus tard les premiers à rentrer dans son réseau Jade-Fitzroy. Son chef de corps remarque ses qualités intellectuelles et le fait muter au 2e Bureau en Belgique, où il est chargé d'établir les liaisons avec l'Intelligence Service britannique.
En juin 1940, Claude Lamirault laisse en France sa femme enceinte de leur premier enfant et rejoint Londres via l'Afrique du Nord et Gibraltar. Il arrive en Angleterre en octobre 1940. Il s'engage dans les Forces françaises libres. Il rencontre Honoré d'Estienne d'Orves. Devant l'impatience de Lamirault de rentrer en France pour contribuer activement à la libération de son pays, d'Estienne d'Orves lui conseille d'aller voir les services britanniques. Lamirault reprend alors contact avec Wilfred Dunderdale, membre du MI6 depuis 1921, qu'il avait connu lorsqu'il était au 2e Bureau.
En décembre 1940, Claude Lamirault est parachuté en France dans la région de Rambouillet, muni de 50 000 francs. Il a pour mission de créer un réseau de renseignements militaires dans les deux zones. Il va immédiatement à Sartrouville trouver sa femme Denise et l'avertir de la mission dont il est chargé. Elle décide de confier leurs enfants à ses parents et de travailler avec lui. Elle sera son adjointe pendant quatre ans.
Claude Lamirault crée le réseau Jade-Fitzroy. Au début de 1941, il ne se compose que de quelques membres dont sa femme, l'agent de liaison Pierre Hentic (un autre ancien du 27e BCA), l'ingénieur radio Eugène Perrot, et Kilesso, un ancien officier de l'armée tsariste, spécialiste du renseignement. Dans la conscience du groupe, la rencontre entre Lamirault et Hentic est à l'origine de la naissance du réseau. Elle possède tous les traits d'un événement exemplaire, devenu un véritable mythe fondateur, cClaude Lamirault, d'un milieu bourgeois, a été avant-guerre militant d'extrême droite aux Camelots du Roy. Hentic, d'un milieu très modeste, militait avec ardeur aux Jeunesses communistes. Leurs divisions s'effacent devant leur patriotisme commun pour lutter contre l'occupant. L'organisation prend rapidement une importante expansion et comprend bientôt plusieurs centaines d'agents et dix sous-réseaux. Fin octobre 1941, Claude Lamirault, qui a des problèmes de liaison avec Londres, y retourne lui-même par une opération aérienne. Il emporte avec lui les derniers rapports mensuels de renseignements de juillet à octobre 1941. Le 8 décembre 1941, il est parachuté une seconde fois en Sologne avec quatre postes émetteurs. Le réseau fournit des renseignements aux Alliés. Lamirault est ainsi l'un des premiers à indiquer que les Allemands fabriquent des armes secrètes.
Début avril 1942, il repart pour Londres avec son épouse par une opération pick-up qu'il a lui-même organisée dans la région de Gisors. Dans la nuit du 1er au 2 avril 1942, un Westland Lysander du Squadron 161 (pilote : sergent L. Murphy) se pose clandestinement dans l'Eure, à 2 km à l'est d'Étrépagny et 11 km à l'ouest de Gisors. L'avion n'est pas venu à vide, mais amène d'Angleterre Jacques Soulas, un membre du Bureau central de renseignements et d'action, les services secrets de la France libre, recruté par André Dewavrin, surnom « colonel Passy », le chef de ce service. L'avion repart avec Claude et Denise Lamirault, alias « Panthère », mais celle-ci souffre du mal de l'air. Claude Lamirault emporte avec lui les courriers de novembre 1941 à mars 1942.
Ce départ lui permet d'échapper à une arrestation à son domicile de Sartrouville, mais son beau-frère, âgé de 17 ans, est arrêté. Il mourra en captivité. Plusieurs membres du réseau sont également arrêtés. En dépit de cela, Lamirault se fait parachuter une troisième fois en France fin avril dans la région de Rambouillet, sans comité d'accueil au sol. Arrivé à Paris, il découvre qu'il est activement recherché en voyant sur les murs un avis de recherche le concernant. Il passe alors en zone libre et rejoint Marseille avec plusieurs agents du réseau. De là, avec Denise, l'équipe rejoint les Baléares, où elle est prise en charge par un contre-torpilleur britannique qui l'emmène à Londres.
Claude Lamirault participe, dans la nuit du 28 au 29 mai 1942, à une opération pick-up qui tourne mal. Le terrain choisi pour l'atterrissage est un ancien aérodrome militaire, plus utilisé depuis l'été 1940, situé au lieu-dit Le Fay, sur la commune de Saint-Aubin et près du village de Ségry, à sept kilomètres au sud-est d’Issoudun (Indre). Ce terrain fut utilisé à plusieurs reprises pour des opérations clandestines. Claude Lamirault assure lui-même le balisage du terrain. Cependant, le jeune pilote, le capitaine A. John Mott, dépasse la limite fixée et embourbe son Westland Lysander (matricule V9595) dans un terrain voisin qui a été récemment labouré, à l’extrémité nord de l'aérodrome, à la pointe sud-ouest du bois de Théry. Le pilote, son unique passager (Alex Nitelet, un radio du réseau d'évacuation belge « Pat » relevant du MI9) et Claude Lamirault réussissent à quitter rapidement les lieux. Néanmoins ils ne réussissent pas à incendier l’avion. Pierre Hentic (alias « Tréllu »), l'adjoint de Lamirault, a moins de chance. Il avait donné ses papiers d'identité au pilote John Mott pour l'aider à fuir, mais il est intercepté par les gendarmes du poste de gardiennage du terrain d’aviation. Ce gardiennage venait d'été renforcé, suite au passage sur le terrain du Maréchal Pétain, le matin même du 28 mai 1942.
Claude Lamirault est parachuté en France pour la quatrième fois le 1er septembre 1942 dans la région d'Aix-en-Provence. Il ne tarde pas à créer deux sous-réseaux à Marseille et Toulon en novembre 1942. Il repart pour l'Angleterre le 13 février 1943, grâce à une opération pick-up qu'il organise dans les environs de Mâcon et Lons-le-Saunier. Il est accompagné de Jean Moulin et du général Delestraint, le chef de l'Armée secrète. À Londres, il retrouve sa femme qui vient de terminer ses stages d'opérateur radio et de parachutage.
Le mois suivant, en mars 1943, Claude Lamirault est parachuté en France pour la cinquième fois. Il réorganise son réseau et établit son Quartier général à Paris. Le 15 décembre 1943, il est arrêté à Paris, à la station de métro Richelieu - Drouot. Il abat le Français collaborateur qui l'arrête, mais il est rattrapé par la police française.
Claude Lamirault bénéficie d'une aide inattendue : celle d'un policier, Albert Léon Desaunay, dit « Émile », un cas intéressant de résistant « solitaire » (on parle aussi de « résistance privée »). Inspecteur en novembre 1931, passé commissaire en juin 1943, Desaunay « couvre » discrètement plusieurs résistants. Ainsi, en octobre 1943, avec son collègue Portalès, il sauve Jean-Pierre Lévy au moment de son arrestation. Il minimise les faits retenus à son encontre, puis permet son évasion, après une première tentative ratée, ponctuée de coups de feu. Cela vaut à Desaunay d'être convoqué chez les services de sécurité allemands. De même, quand mademoiselle Marguerite Gérard d'Hannoncelles, une importante résistante, est arrêtée avec une valise pleine d'armes et un poste radio, Desaunay parvient à la faire passer pour folle et à la faire interner ! Il est alors convoqué par Karl Bömelburg lui-même, qui l'accuse d'incompétence. En ce qui concerne Claude Lamirault, accusé du meurtre d’un policier, Desaunay et son collègue René Levitre soustraient des documents compromettants, et ne préviennent pas les Allemands de l'arrestation. Ce résistant discret et solitaire n'est jamais démasqué par les Allemands, et il part paisiblement en retraite, en août 1960, avec le grade de commissaire divisionnaire.
Claude Lamirault est quand même finalement livré aux Allemands et emprisonné à Fresnes. Il s'avère que l'officier allemand chargé de l'interroger est l'ancien responsable du service de renseignements allemand aux États-Unis. Entre « confrères », il lui témoigne une certaine estime. De plus, il est lui-même catholique pratiquant. Grâce à lui, Lamirault ne sera pas torturé.
Peu après son arrestation, Claude Lamirault apprend que les Allemands sont sur le point d'arrêter son photographe, un nommé Gennetier. Père de neuf enfants, depuis 1940 Gennetier passe toutes ses nuits à travailler pour le réseau et il fait des microphotographies d'une qualité remarquable. Claude Lamirault proposa alors à ses geôliers un marché : contre la livraison de deux agents doubles, qui trahissent Alliés comme Allemands, il obtient la liberté du photographe.
Denise Lamirault succède à son mari à la tête du réseau Jade-Fitzroy (671 membres homologués) jusqu'à sa propre arrestation, le 22 avril 1944. Cela en fait une des rares femmes chefs de réseau, avec Marie-Madeleine Fourcade, co-fondatrice du réseau Alliance (2405 membres homologués), Alice Gorge, à la tête du réseau Georges-France (224 membres) ou Gabrielle Martinez-Picabia, de Gloria SMH (203 membres).
Le 15 mai 1944, Claude Lamirault est transféré de Fresnes à Compiègne, puis déporté à Dachau le 2 juillet 1944. Il revient de déportation le 14 avril 1945 et reprend du service au 2e Bureau avec le grade de lieutenant-colonel. Il meurt dans un accident de voiture au cours d'une mission, le à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher) près d'Orléans. Le 21 octobre 1947, il est homologué au grade de lieutenant-colonel à titre posthume pour son activité à la tête du réseau Jade-Fitzroy. Il est inhumé à Maisons-Laffitte.
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Compagnon de la Libération à titre posthume par décret du 31 mai 1945
- Croix de guerre 1939-1945 avec palme
Hommages
- Il y a une Allée Claude Lamirault à Maisons-Laffitte.