Sylvie Laurent
Quick Facts
Biography
Sylvie Laurent est une historienne et américaniste française. Elle donne des cours sur l'histoire de l'Amérique à Sciences-Po à Paris, et ses recherches portent plus particulièrement sur les questions sociales et raciales.
Études, carrière
Sylvie Laurent est une historienne et américaniste, chercheur associée à Harvard et Stanford, et elle enseigne à Sciences-Po l’histoire politique et littéraire des Africains-Américains, en tant que maître de conférence. Selon La Procure, Sylvie Laurent est « l'une des spécialistes françaises de l'Amérique, mais d'une Amérique particulière, celle de la pauvreté, dans les différentes couches de la société, blanche ou noire ».
Elle est titulaire de l’agrégation d’histoire, d’une maîtrise de lettres modernes et d’un DEA d’études anglophones.
Elle a enseigné cinq ans dans un lycée de zone urbaine sensible dans l’Oise.
Elle a présenté des chroniques sur la société américaine dans l'émission 28 minutes sur Arte, participé à des émissions culturelles à la radio France Culture, et a écrit des articles dans Le Monde.
Analyses
Élection de Donald Trump
Selon Sylvie Laurent, l'élection du président américain Barack Obama en 2008 a représenté un espoir de voir naître une Amérique « post-raciale », mais cela ne s'est pas concrétisé : discriminations et inégalités raciales ont perduré. Pour elle, l'histoire américaine témoigne d'une suite de flux vers plus d'égalité raciale suivis de reflux, marqués par des réactions « revanchistes » contre les Noirs. Pour comprendre l'élection de Donald Trump, elle pense qu'il faut l'analyser en fonction de ces fluctuations, et donc de l'élection précédente, celle de Barack Obama. Selon elle, en vue de se faire élire, Donald Trump a fait le choix stratégique de défendre « la restauration de l'homme blanc », d'accentuer la fracture raciale, et de proposer un programme qui ramène les États-Unis à un sombre passé. Avec le succès rencontré par Donald Trump auprès des américains pendant sa campagne, elle qualifie cette élection présidentielle américaine d'« élection du revanchisme ».
Lien entre racisme et néolibéralisme aux États-Unis
Dans son essai la Couleur du marché, Sylvie Laurent établit un lien entre racisme et néolibéralisme économique aux États-Unis. Selon elle, les blancs ont assimilé les politiques sociales comme bénéficiant aux hispaniques et aux noirs, et ont donc soutenu un désengagement de l'État. L’État s'appuie sur des acteurs privés pour les politiques publiques (logement, éducation...) et réoriente ses dépenses vers des politiques répressives. Sylvie Laurent s'appuie sur les statistiques des incarcérations qui augmentent après 1973 et la mise en place de politiques néolibérales. Ces dernières, notamment à cause des défiscalisations, affaiblissent l'État social, qui garantissait plus d'égalité et de justice pour les Afro-Américains. Les populations majoritairement noires des centres-ville sont délaissées par l’État. Les écoles publiques sont supplantées par des écoles sous contrat en gestion privée. La liberté qu'ont les parents de choisir l’école de leurs enfants entretient la ségrégation scolaire. L’écart de patrimoine entre une famille noire et une famille blanche est en 2015 de 1 à 12. Les minorités, 40 % de la population, sont sous-représentées en politique avec seulement 6 % des élus, et surreprésentées dans les prisons, dont le budget explose. Le rôle distinctif des présidences démocrates se limite à promouvoir des figures de la bourgeoisie noire, comme la présentatrice télé Oprah Winfrey.
Élection de Bill Clinton
Contrairement aux médias dominants américains, Sylvie Laurent considère que Bill Clinton est un symbole d'une alliance entre néolibéralisme et néoracisme. En effet, selon elle, si Bill Clinton a effectivement fait des discours antiracistes, il a aussi mis en place des réformes sociales et soutenu la peine de mort pendant la campagne de l'élection présidentielle. Sous sa présidence, les incarcérations des noirs américains s'envolent, tandis que les dépenses publiques diminuent de 22 % à 18 % du PIB.
La Couleur du marché - Racisme et néolibéralisme aux États-Unis
L'ouvrage débute par un constat concernant l'élection de Barack Obama à la présidence des États-unis : « la passion suscitée par l’élection puis la présence d’un Noir à la Maison Blanche a diverti l’attention et masqué le creusement des inégalités raciales aux Etats-Unis. […] Ce qui importe n’est pas la couleur accidentelle d’Obama mais la couleur immuable du marché ».
Pour Pierre Guerlain La Couleur du marché « permet de contourner les discours médiatiques bien-pensants et moralisateurs qui aux États-Unis, sous couvert de célébration de la diversité, ont laissé s’installer le triomphe du néolibéralisme et donc de l’inégalité et de l’incarcération des populations considérées comme inutiles ou dangereuses. Cet ouvrage permet de mieux comprendre le mouvement Black Lives Matter et le succès inattendu de Bernie Sanders lors des primaires démocrates. Il ne s’intéresse pas aux stars ni à la vénération de héros mais analyse très précisément les mécanismes de la domination raciale et économique ». Selon Pierre Guerlain, Sylvie Laurent « connaît les États-Unis sur le bout des doigts et cite un très grand nombre de chercheurs américains » dans son essai.
Luther King
Selon Contretemps, revue de critique communiste, Sylvie Laurent décrit dans son ouvrage sur Luther King que ce dernier était « plus subversif que celui des manuels d’histoire », l'historienne indiquant par exemple que « son antiracisme – connu de tous – était indissociable d’un engagement anticapitaliste et anti-impérialiste ».
Livres
- Martin Luther King, 396 pages (1992)
- Homérique Amérique, 198 pages (2008)
- Poor white trash, la pauvreté odieuse du Blanc américain, 308 pages (2011)
- La Couleur du marché. Racisme et néolibéralisme aux États-Unis 192 pages (2016)