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Sophie Ulliac-Trémadeure
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Sophie Ulliac-Trémadeure

The basics

Quick Facts

Intro
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Places
Gender
Female
Place of birth
Lorient, arrondissement of Lorient, Morbihan, France
Place of death
Paris, Seine, Île-de-France, France
Age
68 years
The details (from wikipedia)

Biography

Sophie Ulliac-Trémadeure, née le 19 germinal an II à Lorient et morte le à Paris, est une femme de lettres, romancière et éducatrice française.

Biographie

Elle est l'enfant unique de Marie Guyardet de Trémadeure, originaire de Pont-Scorff et d'Henry Ulliac, ingénieur militaire originaire de Vannes. Ce dernier, bien qu'intéressé à succéder à son propre père architecte du Roi du port de Lorient, est enrôlé, par la force des événements, dans l'armée nationale deux ans avant la naissance de Sophie, en 1792. Ses connaissances scientifiques le conduisent à exercer les fonctions d'ingénieur militaire, puis à devenir officier du génie. Il quitte Lorient pour Paris. Sophie et sa mère le rejoignent en 1799. En 1809, il entre au service de Jérôme Bonaparte, alors roi de Westphalie. Il s'installe à Cassel comme directeur du Génie et encourage son épouse et sa fille à le rejoindre. Celles-ci ne gagnent Cassel qu'en 1810, ayant préalablement à cette expatriation choisi de rendre visite à la famille à Lorient, à Pont-Scorff et Quimperlé. En 1812, le lieutenant-colonel Ulliac prend part à la campagne de Russie, où il est nommé général (mais le brevet se perd dans la débâcle), et est fait prisonnier. Il n'est libéré qu'à la Restauration, avec une santé détériorée. À Versailles, il retrouve sa femme et sa fille, qui, sans nouvelles de lui, ont dû quitter précipitamment la Westphalie. Sophie a alors 20 ans.

Le lieutenant-colonel Ulliac se trouve placé, comme de nombreux officiers de l'armée napoléonienne, en demi-solde par le nouveau pouvoir. La situation financière de la famille Ulliac est désormais fragile. Une connaissance de la famille, Alexandre Duval, connaissant les capacités de Sophie, lui conseille de travailler comme traductrice, d'auteurs allemands par exemple, maîtrisant parfaitement cette langue, pour disposer d'une source de revenus supplémentaires. Sophie Ulliac hésite, n'échappant pas à certains préjugés de son époque sur les femmes de lettres et les bas-bleus. Elle se décide pourtant à suivre le conseil. En adoptant plusieurs pseudonymes, elle se met à traduire à la fin des années 1810 des romans d'August Lafontaine, auteur allemand fécond et apprécié : Le petit harpiste (paru sans nom d'auteur), puis La comtesse de Kieburg, et Agnès et Bertha.

À partir de 1821, elle se consacre à l'écriture de romans ou nouvelles, et à la rédaction de traités d'éducation, entre autres (pour reprendre ceux cités par Marie-Nicolas Bouillet dans son Dictionnaire) : Contes aux jeunes Agronomes, Laideur et Beauté, Histoire de Jean-Marie, Le petit Bossu et Claude Bernard la Pierre de touche, couronnée par la Société de l’instruction élémentaire, le Legs d’un père, Émilie ou la Jeune fille auteur, Étienne et Valentin, les Contes de la mère l’Oie, Nouvelles Scènes du Monde réel. L'écriture devient une passion tout en étant source de revenus, elle écrit plus d'une cinquantaine d'ouvrages. Après s'être protégé sous divers pseudonymes (Châteaulin, Dudrezène, Trémadeure, Eugène L., Fernand de Lastour, Louis Mariadec…), elle se résout progressivement à écrire sous son véritable nom.

La presse féminine est alors en plein développement. Romancière et éducatrice, elle y trouve là un autre mode d'expression, et collabore au Journal des femmes dirigé par Fanny Richomme, et au Conseiller des femmes d'Eugénie Niboyet. De 1835 à 1855, elle dirige à son tour le Journal des jeunes Personnes, dont elle assure le succès.

En 1861, peu de temps avant sa mort, elle publie son autobiographie : Souvenirs d’une vieille femme.

Ses idées

Ces romans, ses traités d'éducation, ses articles dans la presse féminine naissante et son autobiographie reflètent de profondes contradictions entre d'une part son aspiration à la création littéraire, ainsi que sa profonde conviction (forgée par son propre parcours) d'une nécessaire émancipation des femmes, et, d'autre part, l'organisation de la société, avec des rôles traditionnellement assignées aux hommes et aux femmes, qu'elle n'entend pas transgresser violemment.

Elle se maintient dans un entre-deux, qui se retrouve d’ailleurs dans la construction de son identité de femme de lettres, tout en affirmant clairement un certain nombre de droits pour les femmes. Dans les années 1830, au sein de la presse féminine, elle est une des plumes qui participent à la réflexion générale sur la condition des femmes. Un de ses articles de , pour le journal Conseiller des femmes, est intitulé « Des femmes et de leur véritable émancipation » et résume l'essentiel de ses convictions. Cet article commence en parlant d'esclavage : « les femmes auraient tort de prétendre nier ce qui est de toute évidence, que la nature, autant que la société, crée des ilotes, et qu'elles ont été placées, par la nature et par la société, dans une de ces classes qui semblent destinées à un perpétuel esclavage ». Pour autant, dépassant ce constat, elle affirme dans cet article la nécessaire égalité, dans la différence, des hommes et des femmes, et y dénonce le statutjuridique des femmes de l'époque, qui en fait une personne soumise, placée sous la tutelle de son mari, isolée, et sanspouvoir, même lorsqu’il s'agit du bien-être de ses enfants. Concomitamment, l'éducatrice, qu'elle est devenue par ses ouvrages, insiste sur la nécessité de l'instruction. Et de conclure : « C'est à nous, femmes, de prouver nos droits ; c'est à nous de répandre parmi les femmes l'instruction, qui nous devient à toutes chaque jour nécessaire. »

Quelques années plus tard, un de ses romans, intitulé Émilie ou la jeune fille auteur, et publié pour la première fois en 1836, est consacré aux déboires d'une jeune femme choisissant de se consacrer à l'écriture. L'ouvrage permet ainsi à Sophie Ulliac-Trémadeure, sous couvert de fiction, de poser un regard sur la condition des femmes de lettres au XIX siècle. C'est, bien entendu, pour gagner sa vie qu’Émilie, l'héroïne de cette fiction, commence à écrire. L'alibi est d'autant plus louable qu'il s'agit d'assurer la subsistance de ses proches. Mais Émilie, grisée par des débuts remarqués, refuse ensuite d'abandonner cette carrière littéraire et de se consacrer exclusivement à ses devoirs au sein de sa famille. Bientôt sa fille ne lui témoigne plus d'affection. Et c'est une nièce qui vient plus tard compenser en partie l'éloignement entre la mère et la fille, et à qui Émilie peut transmettre sa passion des lettres.

Son autobiographie, Souvenirs d'une vieille femme, écrite vingt-cinq ans plus tard, reflète des ambiguïtés similaires. De fait, pour Sophie Ulliac-Trémadeure, l'émancipation des femmes doit se faire, mais doit se faire en douceur et en acceptant de concilier passions et devoirs, et en assumant cette situation difficile.

Sources

Bibliographie

  • Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, L. Hachette et Cie, , 2071 p. , p. 124.
  • Léon Dubreuil, « Une amie d'Henriette Renan, Sophie Ulliac-Trémadeure », Annales de Bretagne, n 2,‎ , p. 197-229 .
  • François Le Guennec, Béatrice Didier (dir.), Antoinette Fouque (dir.) et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , « Ulliac Trémadeure, Sophie [Lorient 1794 - Paris, 1862] », p. 4416-4417.
  • Bénédicte Monicat, Devoirs d'écriture : modèles d'histoires pour filles et littérature féminine au XIX siècle, Presses universitaires de Lyon, , p. 259.
  • Isabelle Pannier, « Sophie Ulliac Trémadeure : les contradictions de la vertu », Romantisme, n 77,‎ , p. 33-36 .

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