Réginald Outhier
Quick Facts
Biography
Regnaud ou Renaud Outhier - pour l'état-civil - dit aussi l'abbé Outhier et qui signera certaines de ses œuvres Réginald Outhier est né à Lamarre-Jousserand le 16 août 1694 et mort à Bayeux le 8 mai 1774.
C'est un ecclésiastique et un homme scientifique français du siècle des Lumières. En tant que savant, il s'intéresse à l'astronomie, à l'horlogerie et à la mécanique. Plus tard, il participe à des travaux géodésiques, réalise cartes et dessins et s'intéresse aux mathématiques. Il doit sa renommée à son ouvrage Journal d'un voyage au Nord qui relate, jour après jour, son implication et ce qu'il a vu dans l'expédition en Laponie de Maupertuis à laquelle il participe.
Biographie
Pour améliorer la vérifiabilité de l'article, merci de citer les sources primaires à travers l'analyse qu'en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l'article).
Réginald Outhier est né le 16 août 1694 à La Marre(-Jousserand), village du bailliage de Poligny anciennement en Franche-Comté. La Marre est un village agricole d’origine gallo-romaine qui se situe sur le premier plateau du Jura aux environs de Poligny. L’acte de naissance de Réginald Outhier a sans doute disparu avec le père Rousselot, le curé de La Marre décédé en 1710. Ses parents – dont on ne peut que supposer l’identité – ont été domiciliés au quartier le plus important de La Marre, dit « des Outhier » encore aujourd’hui – face à une croix très ancienne dédiée à « Sainte-Anne et Marie enfant » et à la chapelle Saint-Sauveur où priaient ses concitoyens.
Formation et carrière ecclésiastique
Les localités franc-comtoises les plus importantes dans la vie de Réginald Outhier furent La Marre, Poligny, Dole et Besançon ; on le sait puisqu’il les a tracées lui-même sur sa carte d’une partie de l’Europe contenu dans son « Journal ». Il fait ses premières classes sans doute dans ce qui allait devenir le Collège de Poligny, puis à Dole, probablement chez les jésuites du Collège de l’Arc. Ayant eu la vocation sacerdotale, il est admis au séminaire de Besançon en 1714 et sera ordonné prêtre, probablement lors d’une de ces cérémonies d’ordination collective qui avaient lieu après une retraite d’un mois à la fin de décembre. Après une période de trois années où on le voit apparaître en tant qu'« ecclésiastique » sur les registres de La Marre, où il aide le curé en charge, il est nommé vicaire à Montain, une paroisse éloignée d’une vingtaine de kilomètres de La Marre, comprenant, outre Montain, les villages de Lavigny, du Pin et du Louverot. Dans les anciens registres paroissiaux déposés aux archives départementales, c’est le 22 janvier 1722 qu’un acte porte pour la première fois la signature du vicaire Outhier. Le 14 mai 1730, il rédige et signe seul un de ces actes, et le 20 du même mois, l’acte de décès de son curé, le père Claude Chevillard (en office 1700–30). C’est à cette date qu’il devient administrateur de fait de la paroisse. Le dernier acte signé de sa main est en date du 16 juillet 1731 ; le suivant, daté du 7 août, l’est par le nouveau curé Jacquemet seul, et à partir d’avril 1732 apparaît le nom d’un nouveau vicaire. Richard, dans son mémoire de 1926 écrira : « Sa signature est très lisible, d’une écriture nette et régulière, sans autres ornements qu’un trait séparé, vigoureusement tracé, la prolongeant ou la soulignant ; si l’on en croit la graphologie elle dénoterait un esprit réfléchi, méthodique, très pondéré, bien que non dépourvu d’imagination, et aussi un caractère prudent et loyal. » Une lettre d’Outhier signée à La Marre le 16 mars 1732 est également connue (collection privée).
Formation scientifique
C’est en assumant la vocation de prêtre de campagne qu’Outhier entame ses importants travaux en astronomie et en horlogerie qui, depuis la fin du XVIe siècle, est une des fiertés de cette portion de la Franche-Comté. En 1726, il dresse le plan d’un « globe mouvant » où le mouvement diurne et le mouvement annuel du soleil, ainsi que les mouvements des "nœuds" de la lune, se trouvaient figurés. Le globe fut exécuté par son ami horloger Jean-Baptiste Cattinet présenté à l’Académie royale des Sciences en 1731 (Outhier 1735a-c). L’objet fut reçu avec l’éloge suivant : « Quoiqu’il y ait déjà plusieurs ouvrages dans ce goût-là, on a trouvé que celui-ci était très ingénieusement imaginé, que quelques dispositions nouvelles, celle, par exemple qui regarde les phases de la lune et ses latitudes, le rendaient simple, et donnaient une idée avantageuse de l’intelligence et de l’habilité de l’inventeur. » Monnier (1828, p. 288) ajoute l’anecdote suivante : « L’abbé Outhier ayant porté ce globe à Paris, fut admis en 1732 à le présenter au Prince qui lui témoigna le désir de l’acquérir, et qui le pressa de lui dire quel prix il y mettait. Notre abbé qui ne savait pas que l’on ne vend rien au Roi, au lieu de lui faire hommage de son travail, eut la maladresse d’en fixer la valeur à quelques louis. La somme lui fut comptée ; et, par cette vente irréfléchie, le mérite de l’inventeur disparut sous le salaire de l’artisan. »
Carrière scientifique
Le , alors qu’il est encore en poste à Montain, Régnaud ou Renaud Outhier est invité en tant que membre correspondant de Jacques Cassini à l’Académie des Sciences. On essaye de le retenir en le chargeant de la levée des plans et des calculs des triangles pour la Grande Carte de France, mais il se soustrait à cette tâche. En 1732, il propose une « manière de perfectionner et rendre égal le mouvement des pendules à ressort » (Outhier 1735d). L’année suivante, il contribue, en tant que géomètre, au calcul de la perpendiculaire de la méridienne de Paris pour la partie comprise entre Caen et Saint-Malo. À partir de 1732, sur les conseils de Cassini, il devient secrétaire près l’évêque de Bayeux, Mgr Paul d’Albert de Luynes, astronome et physicien éminent lui aussi 12. Le 21 avril 1736, l’abbé Outhier est candidat, en même temps que Le Monnier, au poste d’adjoint géomètre de l’Académie. C’est par une lettre de Maurepas, le Secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du Roi, datée du 23 avril que l’Académie apprend que le roi a choisi Le Monnier, premier sur la liste. Après cet échec, Outhier ne se représente plus.
Le Voyage au Nord
En 1736–37, sur la demande du comte de Maurepas et avec le consentement chaleureux de son évêque 13, Outhier participa à l’expédition de Maupertuis en Laponie, « quoique prévenu contre le climat des pays du Nord ». C’est dans cette circonstance que la personnalité d’Outhier s’affirma avec éclat. Observateur précis et rigoureux, il travailla aux côtés de Maupertuis dans des conditions parfois extrêmes et il fit preuve de qualités physiques remarquables. Supportant avec la même sérénité la chaleur de l’été et le froid polaire, il contribua très largement à la réussite de l’expédition. Le Roi ayant gratifié plusieurs membres de l’expédition, y inclus Celsius, d’une pension 14[pas clair], Maupertuis s’indigna en entendant qu’Outhier était dépourvu de cette faveur. Il alla voir le cardinal Fleury et lui déclara qu’il préférait renoncer à sa pension plutôt que de voir Outhier sans récompense. Le cardinal fit donner à Outhier « une pension de douze cents livres sur une abbaye, dont le supérieur lui écrivit très honnêtement, avec promesse de lui faire mettre la somme tous les ans exactement, et sans frais » (Charma & Mancel 1857, vol. II, pp. 21–22).
Outhier, savant polymathe[Quoi ?]
Outhier était un éminent cartographe, comme en témoignent les cartes qu’il a réalisées à la volée pendant son voyage. Arpenteur infatigable, il leva des plans de villes, de villages, de fermes en marge de travail scientifique de l’expédition proprement dit. Il manifesta cet appétit de découverte tourné vers la nouveauté quel que soit son domaine d’appartenance. Il était un précurseur dans un domaine qui n’existait pas encore : l’ethnographie.
En 1736, Outhier publia sa Carte topographique du Diocèse de Bayeux (1 : 130 000) – avec en cartouche : « Plan et environs de la ville de Bayeux » (1 : 10 000) et « Plan de la ville et faubourgs de Caen » (1 : 10 000) – et, en 1740, une carte topographique du Comté d’Ons-en-Bray et des seigneuries qui en dépendaient (1 : 25 000). L’archevêque de Sens, Mgr Jean-Joseph Languet de Gergy15[pas clair] lui passa commande d’une carte de son archevêché qu’il dressa aussi et qui fut imprimée à Paris en 1741 (1 : 18 000). Il réalisa un plan de la ville et des faux-bourgs de Sens (1741) (1 : 10 000) et un plan du château de Fontainebleau (1741).
En 1742, Outhier présenta à l’Académie des Sciences un odomètre 16[Quoi ?], instrument qui, en arpentage, sert à mesurer les distances par le chemin qu’on a parcouru. Son odomètre avait cet avantage technique particulier que son aiguille reculait en même temps que le marcheur, de sorte que l’odomètre décomptait la longueur totale parcourue, y compris celle parcourue en marche arrière.
En 1744, il publia son célèbre Journal d’un voyage au Nord qui est l’objet principal de notre étude. Et deux ans plus tard, en 1746, Maupertuis l’invita à venir travailler à Berlin, mais il ne put accepter pour des raisons personnelles. Il fut néanmoins élu membre de l’Académie de Berlin en 1747. Comme astronome, il dressa une carte des Pléiades où il détermina, sur les observations de Le Monnier, son compagnon de voyage en Laponie, la position de trente-cinq principales étoiles de cette constellation. (Outhier & Le Monnier 1755)
Outhier, chanoine et savant Bayeux
De retour du célèbre voyage au nord, Outhier reprit ses fonctions de secrétaire épiscopale jusqu’au 8 septembre 1748, où il reçut de son prélat collation du canonicat et de la prébende du Locheur 17. Chaque année se tenaient à la cathédrale de Bayeux deux chapitres généraux, l’un en février, après la Purification, l’autre en juillet, le lendemain de la fête des SS. Raven et Rasiphe. Selon les registres diocésains, l’abbé Outhier est porté présent à toutes les réunions, de février 1749 inclus à juillet 1764. (Richard 1926) L’abbé Outhier et son protecteur Paul d’Albert de Luynes, devenu successeur de Languet de Gergy à l’archevêché de Sens en 1753, collaborèrent étroitement pour faire avancer les sciences. Le palais épiscopal qui joint à la cathédrale prenait des airs d’observatoire. Les deux ecclésiastiques publièrent auprès de l’Académie des Sciences un grand nombre de travaux astronomiques ou dans d’autres domaines (Outhier 1744b, 1745, 1750, 1755a-e, 1763, 1764a-c ; d’Albert de Luynes 1763, 1764, 1767, 1768, 1772, 1773). Outhier traça dans la bibliothèque de l’évêque une grande méridienne avec des lignes qui marquaient les heures avant et après midi, de cinq en cinq minutes (Martin 2000, p. 44). Il acheva également une méridienne à l’abbaye aux Dames de Caen, déjà commencé par Cassini et Maraldi (Charma & Mancel 1857, vol. II, p. 22). De surcroît, il calcula quelques almanachs pour le méridien de Bayeux (Outhier 1751–55 ; Pluquet 1829, p. 600).
Outhier, académicien
En 1733, Outhier fut élu membre de l’Académie royale des Belles-Lettres de Caen (fondée par Moisant de Brieux en 1652) ; mais en 1754 il donna sa démission et fut nommé académicien vétéran. Invité par Maupertuis à le rejoindre à l'Académie de Berlin, Outhier était correspondant de Cassini de Thury à l’Académie royale des Sciences depuis 1756. Il a été associé de quelque manière aux travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon (fondée en 1752) mais rien n’indique une nomination formelle. C’est par la relation de l’abbé Outhier que le marquis de Montrichard, de l’Académie de Besançon, pris connaissance de l’orge de Laponie qui est très résistant au froid (Cousin 1954, p. 89). À noter qu’Outhier est jusqu’à la fin identifié comme « prêtre du diocèse de Besançon » et qu'il a maintenu des liens intellectuels avec cette ville; puisqu’il offre un exemplaire de son « Journal » à la bibliothèque du Grand Séminaire de Besançon avec le dédicace « Seminarii bisuntini dono autoris ».
Une fin de vie paisible et studieuse
C’est que le 28 septembre 1763, l’abbé Outhier – « infirme de corps à cause de son âge avancé et toutefois sain d’esprit et d’entendement » – avait donné procuration pour résigner « entre les mains de Notre Saint Père le Pape, Mgr le Chancelier ou tout autre » ses canonicat et prébende en faveur du Sieur René d’Etreham, sous la réserve d’une pension et rente viagère de 700 livres, à prendre sur le plus clair des revenus du bénéfice. Or, Rome n’accepta pas cet arrangement car il manquait au dossier un certificat de bonne vie et mœurs, saine doctrine, et d’idonéité18[Quoi ?] et capacité à posséder les bénéfices ecclésiastiques. Un litige tortueux qui opposa Outhier et d’Etreham s’en suivit19[Quoi ?] ; c’est seulement le 28 mai 1765 que le transfert eut définitivement lieu. L’abbé Outhier « se retira dans une petite maison qu’il avait acquise près du couvent de la Charité » (Laffetay 1876, pp. 39–40), y partagea son temps « entre l’étude et la prière » pendant dix ans et s’éteignit le 8 mai 1774, membre de la paroisse Saint Patrice, à l’âge de 79 ans 20. Il fut inhumé le lendemain dans la chapelle de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge de l’église de ladite paroisse 21 Aucun portrait d’Outhier ne nous est connu, mais on détient quelques-uns de ses paraphes autographes
Travaux et publications
Travaux
Horlogerie et mécanique
Géodésie
Cartographie
Astronomie
Mathématiques
Publications
Notes et références
Notes
Références
Annexes
Bibliographie
- Mario Morisi, La boue et les étoiles : L'abbé Renaud Outhier un prêtre Sçavans au Siècle des Lumières, Besançon, Sekoya, (ISBN 978-2-84751-076-8), roman très proche de la biographie d'Outhier, avec des informations non publiées à la date de parution de l'ouvrage.
- Jean-Jacques Levallois, Mesurer la Terre, Paris, A.F.T., (ISBN 2-907586-00-9).
- Académie des sciences (France), Histoire de l'Académie royale des sciences, Paris, recueils : 1699-1786 (lire en ligne).
- Portail des sciences
- Portail de l’astronomie
- Portail de la géodésie et de la géophysique
- Portail de l’information géographique