Pierre Le Corf
Quick Facts
Biography
Pierre Le Corf (né le à Vannes) est un chef d’entreprise et entrepreneur social français, fondateur et président de l'association à visée humanitaire We Are Superheroes qui œuvre notamment à Alep pendant la guerre civile syrienne. Lors du conflit, il soutient le régime de Bachar el-Assad ainsi que l'intervention militaire russe en Syrie. Il est actif uniquement dans les zones contrôlées par l'armée syrienne et est accusé par des journalistes, responsables humanitaires ou spécialistes de faire de la propagande en faveur du régime syrien.
Parcours
Pierre Le Corf, alors lycéen, est élu dans la première promotion du Conseil régional des jeunes de Bretagne pour un mandat de 2 ans de 2004 à 2006. Le CRJ est présidé par le président du Conseil régional Jean-Yves Le Drian et siège une fois par mois dans l’hémicycle de Rennes. Durant son mandat, Pierre Le Corf est représentant titulaire de la région Cornouailles et membre du bureau pour la diversité culturelle et l’accès à la culture. Il continue ses études à la faculté de droit de Lyon III et obtient un diplôme de l’ESRA à Paris en production pour le cinéma après 3 ans d’études spécialisées. À travers un parcours principalement entrepreneurial très varié, il crée une première entreprise en 2007 dans le domaine du conseil en communication, principalement pour le domaine de la restauration et de l’entrepreneuriat ; il co-fonde la discothèque le Qube à Lyon en 2009 ainsi qu'une start-up dans le domaine de l’internet Civiliseed en 2012 et en 2014, il créé WE ARE PROD, entreprise dans la production pour le cinéma, par laquelle il co-produit son premier film Incompatibles de Paolo Cedolin Petrini, avec notamment Roger Moore dans son propre rôle.
L’organisation We Are Superheroes
Fin 2014, il crée l’organisation humanitaire We Are Superheroes et quitte la France début 2015 pour un voyage dans différents pays et localités très marginalisées pour travailler avec les habitants et « donner une voix à ceux qui n’en ont pas ». Pierre Le Corf collectait alors et publiait des témoignages de locaux vivant dans des conditions particulièrement marginalisées, souvent dans des villes ou localités en proie à la violence, la marginalisation ou à l'extrême pauvreté comme à Rocinha, Fukushima, Juarez, Dharavi, (…). L’association a créé des micro-programmes éducatifs dans plusieurs pays, spécifiquement en Argentine et au Brésil dans les favelas et en Inde dans les bidonvilles.
Les statuts de l’association We Are Superheroes enregistrée à Paris précisent l’action sous cette forme : « le soutien de communautés marginalisée et toute opération humanitaire et PSI (projets sociaux internationaux organisés depuis la France et coordonnés sur les pays visés) caritatifs, en France et à l’étranger visant à apporter un soutien matériel, éducatif, psychologique, médical, sanitaire, alimentaire à des communautés marginalisées. La sensibilisation et l’information de la population sur la situation des personnes isolées, des familles et des enfants en détresse matérielle, physique, morale et spirituelle partout dans le monde, et plus particulièrement dans les pays en crise économique ou démographique ou subissant une situation de guerre ou de troubles ».
Depuis début 2016, l’organisation est basée à Alep en Syrie, elle est à l’origine de plusieurs programmes d’aide aux populations. Le premier programme, qui continue jusqu’à ce jour, est un programme de premiers soins sur les lignes de front et dans les zones sinistrées qui consiste en la distribution de matériel médical d'urgence, la formation des familles aux premiers soins de guerre et les premiers secours. L’association a également lancé un programme de soutien psychologique, un programme de soutien aux enfants de la rue, un programme d’agriculture, un programme cinéma, un programme de soutien aux personnes marginalisées, un programme de soutien aux enfants blessés de guerre et une école ouverte en 2019.
Pierre Le Corf se rend en Syrie pendant la guerre, en 2016. Il indique y avoir été incité et aidé pour obtenir un visa d'entrée par Benjamin Blanchard, le co-fondateur de SOS Chrétiens d'Orient — association elle-même critiquée, par exemple par Mgr Pascal Gollnisch, pour sa « complaisance envers Bachar el Assad » ainsi que pour ses liens avec des personnes connues pour participer à la propagande du président syrien, comme Vanessa Beeley. L'association lui obtient son visa via l’Église grecque-melkite catholique.
Vivant alors à Alep, Pierre Le Corf connait une certaine médiatisation pour les programmes d'aide aux populations qu’il a montés sur place, avec des interviews reprises dans des médias français et libanais; il intervient également sur les médias d’État russes Sputnik et RT (Russia Today).
Controverse
Pierre Le Corf a fait l'objet de critiques en raison de ses liens avec les milieux d'extrême droite, dont Benjamin Blanchard, cofondateur de l'association SOS Chrétien d'Orient— association elle même critiquée pour sa complaisance envers Bachar el Assad —.
Il est également reproché à Pierre Le Corf de propager le discours du gouvernement syrien, qualifiant l'ensemble de ses opposants de « terroristes », et de ne pas présenter d'informations fiables et vérifiables, ni d'informations neutres ou contradictoires, dans un contexte où la propagande présente une grande importance.
D'après l'Obs, Pierre le Corf est devenu un propagandiste du régime syrien « malgré lui » : en vivant pendant des mois à Alep Ouest, dans la partie de la ville sous contrôle gouvernemental, « il a fini par s’imprégner complètement de la pensée loyaliste environnante. Et sans en avoir conscience, il est devenu l’animateur d’un petit média pro-régime – ses pages sur les réseaux sociaux. Hargneux et manichéen ».
Le journaliste Vincent Coquaz le décrit comme « un rouage à visage humain de la propagande du régime de Bachar el Assad » et sa consœur, Laura-Maï Gaveriaux, spécialiste du Moyen-Orient demande si« un Français se livrant à de la propagande pour un régime criminel sera un jour traduit en justice ». Son véritable rôle en Syrie est parfois remis en question, de même que ses motivations, étant donné ses liens avec le régime et ses prises de positions unilatérales relayées par des sites conspirationnistes d'extrême droite, même si Pierre le Corf affirme être un observateur d'une parfaite neutralité.
Il accuse différentes ONG, dont les Casques blancs et Syria Charity, de liens avec des mouvements djihadistes, ce qui est démenti par le service CheckNews de Libération. CheckNews cite Mohammad Alolaiwy, le responsable de Syria Charity, qui affirme avoir été la cible des partisans de Bachar el-Assad : « C'est une technique très connue du régime syrien, on rentre dans les locaux d'une ONG ou d'une association pour y déposer des armes et des documents compromettants, et ensuite on en fait des photos ou des vidéos. ». CheckNews rapporte également les propos de Romain Caillet, spécialiste du djihadisme : « Rapprocher Syria Charity du djihadisme ou du salafisme c'est n'importe quoi (...) les gens qui soutiennent cette association n'ont aucune espèce de connivence avec le djihad. Ce discours fallacieux est celui des propagandistes pro-Assad. ». Nicolas Henin ne se prononce pas en particulier sur Syria Charity mais affirme de manière plus générale qu'il existe « sur les réseaux sociaux une véritable campagne de désinformation organisée et systématique » dans le cadre d'une propagande pro-Assad visant à discréditer les associations humanitaires, notamment lorsque celles-ci dénoncent des exactions commises par le régime.
Christophe Ayad, quant à lui, écrit de Pierre Le Corf qu'il « se fait passer pour un simple humanitaire sans étiquette mais est en réalité un activiste » et qu'il est un parfait exemple des activistes acquis à la cause du régime syrien, qui « issus de la société civile » sont jugés plus crédibles que les médias, bien qu'il s'agisse de « quasi-professionnels de la communication » qui sont en réalité « invités et pris en charge par le régime ».
Il décrit en détail : « Il n’a cessé, tout au long de la dernière année du siège – et plusieurs semaines après –, de poster des statuts Facebook, des vidéos, des textes personnels présentant la bataille d’Alep comme un combat destiné à délivrer les habitants de la partie gouvernementale de la menace des « djihadistes » de la partie orientale. Avec un sens consommé du storytelling, Pierre Le Corf a activement travaillé à assimiler tous les rebelles à des terroristes – alors que le nombre de djihadistes n’a jamais dépassé 10 % des rebelles d’Alep, selon les estimations les plus hautes de l’ONU – et à occulter le sort des civils des quartiers orientaux. Quant aux terribles bombardements qu’il a pu décrire, il s’agissait de bonbonnes de gaz montées sur des roquettes artisanales. Rien de comparable avec les bombes perforantes d’une ou deux tonnes de l’aviation russe ou les barils d’explosifs largués par les hélicoptères du régime. Pour mémoire, plus de 31 000 personnes ont été tuées à Alep de 2012 à fin 2016. Parmi elles, plus de 23 500 civils, dont 90 % à Alep-Est. ».