Pierre Charnier
Quick Facts
Biography
Pierre Charnier est un chef d'atelier tisseur, canut lyonnais, catholique et royaliste, né à Lyon le , mort à Lyon 5, le . Il est l'un des principaux chefs ouvriers lyonnais de la période 1825-1857 et l’un des fondateurs du mutuellisme.
Le canut
Il est le fils de Pierre Charnier père, épicier, et Agathe Riboulet, blanchisseuse. À 12 ans, il est placé apprenti chez le chef d’atelier François Blanc « l’un des plus riches tisseurs de Lyon». Il décrit son apprentissage comme « prospère et joyeux ».
En 1817, il acquiert son premier métier et monte en 1818 un atelier rue Saint-Marcel qui emploie deux compagnons. En 1821, il emploie 5 métiers Jacquards et 5 ouvriers. Victime de la crise de surproduction de 1825-1826, il doit licencier 4 de ses ouvriers. Il commence à méditer sur « la réforme des abus » et fonde en 1827 la principale organisation du mutuellisme : la Société de Surveillance et d’Indication mutuelle, qui devient peu après Société d’indication et d’assistance mutuelles, « Le Devoir mutuel ». Contre cotisation et un comportement irréprochable, les ouvriers reçoivent une aide en cas de maladie, de chômage ou lors de leur vieillesse. L'association comptabilisera plus de 2 800 adhérents.
Le mutuelliste
Premiers articles du règlement la Société du Devoir mutuel ():
- Art. I. Le Devoir mutuel est une institution fondée par les chefs d’atelier de la Fabrique de la soie à Lyon et ses environs pour améliorer progressivement leur position morale et physique.
- Art. II. Ils s’engagent :
- à pratiquer les principes d’équité, d’ordre et de fraternité ;
- à unir leurs efforts pour obtenir un salaire raisonnable de leur main-d’œuvre ;
- à détruire les abus qui existent dans la Fabrique à leur préjudice, ainsi que ceux qui existent dans les ateliers ;
- à se prêter mutuellement tous les ustensiles de leur profession ;
- à indiquer tout ce qui est relatif à leur industrie, principalement les maisons de commerce qui auraient des commandes ;
- à établir des cours de théorie pratique où chaque membre pourra venir prendre des leçons pour améliorer ou simplifier le montage des métiers ;
- à acheter collectivement les objets de première nécessité pour leur ménage.
Les fabricants pensent avoir là un moyen d’encadrer le monde ouvrier (l'adhésion excluant libertinage, ivrognerie et brutalité), et sont plutôt favorables à l'association. Fernand Rude la qualifie de « franc-maçonnerie ouvrière pour neutraliser les intentions révolutionnaires de la bourgeoisie ».
Dès l'origine du mutuellisme, l'association, qui se veut de secours mutuels, de « maintien de l’ordre dans les ateliers », est surtout un groupe de résistance aux exigences des fabricants, pour la réforme des abus et la lutte contre la bourgeoisie. À cette époque, il existe la « Société des ferrandiers », l'« Union du parfait accord » et un journal mutualiste « L'écho de la fabrique ».
Pierre Charnier est un des acteurs important de la révolte du , soulevée par le refus des fabricants d'une augmentation des tarifs de la main d'œuvre. Il participera avec le préfet Louis Bouvier-Dumolard à l’élaboration du tarif, contrat définissant le montant minimum des prix de fabrications, par genre d’étoffes.
Héritage
« Le peuple lyonnais a le premier revendiqué le droit au travail [...]. Il n'est [...] pas exagéré de dire que ce mouvement est une des plus importantes étapes, une charnière de l'histoire sociale de notre pays et même de l'histoire universelle. »
L'historien Fernand Rude a recueilli les « papiers » de Charnier, plus de 2 540 feuillets, mémoires, notes, lettres, comptes rendus de réunions mutuellistes et de manifestations qui décrivent la condition ouvrière et ses revendications ainsi que le rôle tenu par Pierre Charnier dans l’insurrection de 1831, conservés à la bibliothèque municipale de Lyon.
Articles connexes
- Histoire de la soierie à Lyon
- Révolte des canuts
- Métier Jacquard
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