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Biography

Olivier Brunhes est un dramaturge et écrivain français.

Biographie

Olivier Brunhes a travaillé comme acteur avecAriane Mnouchkine, Joël Pommerat, Romain Weingarten, Jean Marais, Bertrand Tavernier, Jean-Pierre Mocky, Serge Moati et dans la troupe de Laurent Terzieff pendant une quinzaine d’années (1984-2000).

Pendant cette période, il réalise deux films dont Laurent Terzieff et compagnie, un documentaire de 26 min. édité en DVD à l’automne 2012 (L'Harmattan), un court métrage Du boulot (10 min).

En 2004, il fonde L'Improbable Troupe de l'Art Éclair, créant des spectacles avec populations isolées, personnes autistes, centres psychiatriques, quart-monde, personnes handicapées mentales, détenus, SDF.

Il est chargé de cours à l'Institut d'études théâtrales de la Sorbonne. Il est Chevalier des arts et des lettres.

Depuis 2005 il écrit des pièces de théâtre, des nouvelles (La Parabole de l'ange in Des nouvelles de la banlieue, Textuel 2008, Silence rompu in Passés par la case prison, La découverte 2014). Scénariste de "Sous les étoiles de Paris" co-écrit avec le réalisateur Claus Drexel (sortie le )

Son premier roman, La Nuit du chien (Actes Sud, 2012) a reçu le prix Senghor du premier roman 2012 et le prix des lycéens et apprentis de la région Île-de-France 2013.

Spectacles récents: Fracas (2012-2019, Prix diversité culturelle de la SACD/Ministère de la Culture 2015), Paroles du dedans (2015-2017), "L'ombre du soleil" (2018)

Films

  • 2007 : La Prophétie d'Avignon (TV mini-series) Sylvain Epstein
  • 2007 : Paris enquêtes criminelles (TV series) – Un homme de trop (2007) … Marc Savoie
  • 2006 : Central nuit (TV series) – Invités indésirables (2006) … Dan
  • 2004 : La Classe du brevet (TV film) Marc
  • 2003 : Louis la brocante (TV series) – Louis et la figurine d'argile (2003) … François
  • 2003 : Qui frappe à la porte d'Henri Michel? (short), réal Emmanuel Laborie, L'assureur
  • 2003 : Victor (short), réal Clément Rière, Le père
  • 2001 : Une fille dans l'azur (TV film) Lorgemont
  • 1997 : Sous les pieds des femmes, réal Rachida Krim. Jacques
  • 1996 : Capitaine Conan, réal Bertrand Tavernier. Soldat anarchiste
  • 1994 : Des feux mal éteints, réal Serge Moati Grégois
  • 1989 : Jeanne d'Arc, le pouvoir et l'innocence (TV film), réal Pierre Badel. Le duc d'Alençon
  • 1987 : Le Miraculé, réal Jean-Pierre Mocky Le curé français
  • 1983 : Pour Élisa (TV film), réal Paul Seban. Gustave Flaubert
  • 1979 : La Dame aux coquillages (TV film) Le mousse

Théâtre

Entre autres :

Phèdre (Jean Racine), mis en scène par Antoine Bourseiller.

Thyeste (Sénèque), mis en scène par André Cazalas.

La Ville à voile, mis en scène par André Cazalas.

Eliophore (création collective), Jean-Jacques Fdida, Joël Pommerat, Pierre Meunier, Olivier Brunhes.

Monsieur de Pourceaugnac (Molière), Jean-Pierre Ryngaert.

Un bon patriote (John Osborne), Jean-Paul Lucet.

Bavures (Daniel Lemahieu), Jean-Pierre Ryngaert.

À pied (Slavomir Mrozeck), Laurent Terzieff.

Richard deux (Shakespeare), Laurent Terzieff.

Le Bonnet de fou (Pirandello), Laurent Terzieff.

Meurtre dans la cathédrale (T.S. Eliott), Laurent Terzieff.

Mort d'un commis voyageur (Arthur Miller), Régis Santon.

Brûlés par la glace (Peter Asmussen), Laurent Terzieff.

Staline Mélodie (David Pownal), Régis Santon.

Fils de chienne de vie (Agotha Kristoff), Jean-Claude Dealagneau.

Blue-s-Cat (Koffi Kwahulé), mis en scène par l'auteur.

Stuff Happens (David Hare), William Nadylan, Bruno Freyssinet.

Week-end de rêve (Olivier Brunhes).

Aziou Liquid (Koffi Kwahulé, François Prodromidès, Olivier Brunhes).

Rêve d'A. (Olivier Brunhes).

Le Jour qu'on attend (Olivier Brunhes).

Fracas (Olivier Brunhes).

Paroles du dedans (Olivier Brunhes)

Œuvres

Publications :

  • Le Fossé de l’aumône (2006, édition Avant-scène théâtre), avec le soutien de la fondation Beaumarchais.
  • Spirituo perpet (2007, édition Avant-scène théâtre), pièce retenue par le bureau des lecteurs de la Comédie Française.
  • Aziou Liquid (2007, Avant-scène théâtre) coécriture avec Koffi Kwahulé et François Prodromidès.
  • L'Homme en pièce (2008, coédition Comédie-Française/Avant-scène théâtre, La famille).
  • Rêve d'A. (2009, éditionAvant-scène théâtre), avec le soutien du Centre National du Livre.
  • « La Parabole de l'ange » dans Des nouvelles de la banlieue (2008, édition Textuel), recueil des nouvelles d'Olivier Brunhes, Nancy Huston, Régis Jauffret, Boualem Sansal, Sylvain Tesson, Éric Reinhardt, Lydie Salvayre, Jean-Bernard Pouy, Tania de Montaigne, Koffi Kwahulé.
  • Passés par la case prison (La découverte), recueil de portraits d'anciens détenus, à l'initiative de l'Observatoire International des Prisons. Nouvelles d'Olivier Brunhes, Philippe Claudel, Marie Darrieusecq, Virginie Despentes, Nancy Huston, Mohamed Kacimi, Pierre Lemaître, Gérard Mordillat.
  • La Nuit du chien, roman, (Actes Sud). Prix Senghor du premier roman francophone 2012, prix des lycéens et apprentis de la région Île-de-France 2013. En cours d'adaptation cinématographique.

Critiques

  • « Absolument remarquable. La nuit du chien, un formidable premier roman. » (François Busnel, La Grande Librairie, avril 2012,

France 5)

  • « Dans une écriture éruptive, où la gouaille argotique fait ressortir l’incandescence poétique, Olivier Brunhes emmène ses personnages dans les anfractuosités du monde. (…) dans cette bouleversante tragi-comédie initiatique, qui fait le chien fait l’ange. » (Juliette Einhorn, Le Magazine littéraire)
  • « Avec La nuit du chien, Olivier Brunhes expérimente plusieurs formes : récits de rêves, incantations, chansons, onomatopées, parlers populaires, monologue intérieur… La langue de son récit haletant est toujours vivante, charnelle, rageuse. Ce roman peut signifier que la vie est une farce noire jusqu’à l'instant où le héros a la force de changer, et découvre enfin la griserie d’être au monde. » (Muriel Steinmetz, L'Humanité)
  • « Fougueuse, poétique, argotique, presque sauvage, très travaillée sous son côté brut de décoffrage, la langue d’Olivier Brunhes donne à ce premier roman une allure de road-book halluciné et poétique, à la fois naïf et désarmant, brutal et entraînant. » (Bernard Quiriny, Evene.fr)
  • « Intense et magnétique, La Nuit du chien revêt les atours d’un récit d’initiation intransigeant. » (Jérôme Goude, Le Matricule des Anges)
  • « Un style original qui révèle une sensibilité d’écorché vif. » (Marie-Pierre Bologna, Le Parisien)
  • Sonya Faure, Libération, , double page à propos de Silence rompu in Passés par la case prison (éditions La Découverte)

Olivier Brunhes est l’écrivain. André V. est l’ancien détenu. Ils ont participé au livre que l’Observatoire international (OIP) des prisons publiejeudi. Passés par la case prison réunit huit textes nés de larencontre de huit écrivains avec huit anciens détenus. Le livre boucleune longue campagne, «Ils sont nous», cherchant à sensibiliser lescitoyens sur le profil souvent varié des personnes incarcérées dans lesprisons françaises : «Parce que la prison voudrait nous faire croire que l’homme qu’elle contient ne nous ressemble plus. Pour montrer quela prison n’arrive pas qu’aux autres.» Dans la grande salle dite «du Hublot» de Libé, on a fait se rencontrer à nouveau, une fois le texte achevé, Olivier Brunhes et André V.

Faire le personnage, André V. en a l’habitude. En prison aussi, il s’était inventé une «identité mensongère» pour se «rendre acceptable et [se] protéger».André V. a été incarcéré deux fois, pour atteintes sexuelles sur mineur et pourdétention d’images pédopornographiques. Les délinquants sexuels, plusencore sur enfants, sont victimes de violence en prison. André V.s’était donc grimé. «Il a fallu que j’invente un crime acceptable : j’ai dit que j’avais tué par accident mon épouse», raconte-t-il.

Trouble. Cette fois ce n’est pas lui qui a réécrit l’histoire. Olivier Brunhes,romancier et dramaturge, connaît la prison. Il se rend dans la maisond’arrêt d’Osny, dans le Val-d’Oise, chaque semaine pour des ateliersd’écriture. «Lorsque la parole est compressée, impossible,douloureuse, lorsqu’elle jaillit, elle produit des effets assezexceptionnels. Un truc qui a à voir avec le blues.» L’auteur (1) avait demandé à l’OIP d’être mis en relation avec un profil de détenu qui lui aurait été absolument inconnu. «Pas un dealer de shit, je connais par cœur. J’avais demandé le portraitd’une femme. Mais, assez conventionnellement, les détenues femmes ontété mises en contact avec les écrivains femmes… Là dessus, l’OIP mepropose de rencontrer André. Donc de rencontrer un pédophile. Oh ! [ilmime un geste de crispation et de recul.] J’en parle à mes copains : Oh ![il recommence le même geste]. Ma réaction, ce "Oh !" m’a intéressé.»

Dans le texte qu’il publie, Olivier Brunhes dit son trouble de faire le portrait d’un homme qui «n’a plus sa place dans la communauté des hommes».«Dois-je dire ma stupéfaction devant la proposition d’écrire sur celui-ci ? Mon hésitation ? Mon trouble ?» Reprenant le titre de la campagne de l’OIP à l’origine du livre, «Ils sont nous» : «Est-il moi ? Est-il nous ?»

Quel effet ça a fait à André V. de lire ça, cette volonté absolue de ne pasêtre lui, ce réflexe de ne rien avoir à faire avec une personne qui acommis un tel délit ? «Ça ne me blesse pas.» Il le sait : «Aux yeux de tous, je suis le pire du pire.»

Cette gêne, cette peur, «c’est finalement l’écriture de fiction qui va la résoudre», dit Olivier Brunhes : «On peut toujours se mettre dans la peau d’un braqueur, mais là il y avaitquelque chose d’impossible. J’ai moi-même des enfants, quelle part demoi-même je pouvais mettre en commun avec un pédophile ? Alors j’aivoulu disparaître de ce texte, suivre le personnage sans être là. Horsjugement.»

L’écrivain se tourne vers l’ex-détenu. «Je ne crois pas beaucoup au réel dans l’écriture. J’ai prévenu d’entrée dejeu André : ce texte allait prendre des formes incertaines, il y aurait des déformations…

- Il a bien fait, s’ilm’avait dit : "Je vais relater ce que vous me direz", je n’aurais pasdit la même chose. A un enquêteur, à un journaliste, je ne serais pasrentré dans l’intime, j’aurais mis des barrières.

- Je lui ai dit que ça ne serait pas lui. Ça serait un texte. Pour qu’il n’y ait pas de dupe.»

Faute. Dans sa nouvelle, Brunhes tisse des liens, apparente des bouts de la vie d’André à ceux de sa famille «où l’on ne parle pas». La grand-mère catholique dans son fauteuil roulant, «qui a contracté la syphilis en fautant avec un soldat africain». Qui refuse de se soigner pour expier sa faute. «Comment n’entendre pas l’écho de "ma libido est une malédiction"formulé par André ?» Un de ses quatre frères meurt pour «la grande muette» au Liban. Un autre attrape le sida en se piquant. «Un troisième finira brûlé par l’alcool.»

André V. devient éducateur. Ça se passe si bien que les parents

insistent - dit-il à l’écrivain - pour lui laisser leurs enfants. «Il y aura même des listes d’attente, un roulement, pour que les jeunes puissent dormir, le week-end, chez André», écrit Olivier Brunhes. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux parle enfin.

«On s’est vus deux fois, hein ?

- Et quelques mails, et une conversation téléphonique.

- Ensuite vous m’avez envoyé le résultat. J’étais bluffé, ébahi. Faut êtreécrivain pour faire ça. Pourtant, j’étais bon en rédaction à l’école,hein… Il y a des inventions, des raccourcis. C’est pas moi et c’est moien même temps. Je me suis dit voilà, c’est ça, c’est le roman de mavie.»

Un peu plus tard, André V. : «J’ai bienaimé votre histoire de suicide… mon ami, en réalité, il ne s’est passuicidé… C’était pour brouiller les pistes, pour qu’on ne me reconnaisse pas ?

- Ah non… [à peine étonné d’avoir inventé un suicide]. C’est sans doute parce que je ne comprends pas ce qu’on me dit. Vous me dites des choses, et pour moi ça devient une histoire.»

Olivier Brunhes a dit surtout le silence. Après le silence familial, «un autre silence apparaît. Il est carcéral», écrit-il.

André V. intègre l’aile des «vieux pervers pépères». Il est désormais un «pointu».

«Ce qui m’a frappé en rencontrant André, c’est ce dont parle le texte :l’impossible amendement en prison. Les détenus sont accaparés par leursconditions de détention, quand ils rencontrent un psy, ils ne parlent derien d’autre.»

Émeutes. Au théâtre, Olivier Brunhes a travaillé avec des handicapés mentaux,des SDF, des ex-taulaurds. Il a publié une nouvelle, «la Parabole del’ange», dans un livre collectif sur les émeutes de Clichy-sous-Bois.Mais il répète : «Je ne suis pas un auteur du réel. Laretranscription du réel est impossible, et ce n’est pas mon travail. Jesais aussi que ce qu’on me raconte n’est pas la réalité. Ça, onl’apprend très vite en prison. La prison, c’est la maison à histoire.Là-dedans, on se la raconte à bloc.

- On s’en rend bien compte dans les groupes de parole de détenus, dit André V. Les pédophiles, en prison, s’ils parlent, ils mentent. Ou ils amoindrissent, ou ils se disent innocents.

- C’est mon militantisme : l’endroit pour la résilience, c’est l’art, lafiction. Quand je vois les jeunes qui partent du Plessis-Robinson [enbanlieue parisienne, ndlr] pour faire le jihad en Syrie, je me disqu’ils veulent "faire histoire". "Faire Facebook", devenir leur propre légende, changer le plomb en or.

- Ça fait du bien, les histoires, c’est comme ça qu’on grandit, enfant, en écoutant des histoires.

- Un rapport de police, c’est une histoire. Un rapport de juge aussi. Laréalité n’a rien à voir avec ça. On appellera "réel" cette histoirejuste parce qu’elle aura été écrite. Mais est-ce qu’il y a une autremanière d’écrire l’histoire ? Qui permette un rebond, une interrogation ? Ce qui me frappe avec les détenus que je rencontre c’est qu’ils veulent tous écrire leur histoire. Détrompez-moi, André, si je m’égare :lorsqu’on est incarcéré, quand la porte se ferme, il y a quelque chosed’héroïque, on est le héros de sa propre histoire.

- C’était pas héroïque, mais c’était un tournant. La dernière ligne d’un bilan. Un événement.

- La littérature, c’est précisément la petite chose qui ne colle pas au réel, la transformation.»

Probation. Olivier Brunhes veut croire à un certain amendement par le biais de cette expérience. «J’ai su quand je vous ai envoyé ce texte que ça avait contribué à changer quelque chose.

- Plus j’en parle mieux je me porte, oui c’est vrai. Ça fait partie demon parcours curatif. Ma nouvelle vie n’a plus rien à voir avec lesenfants», dit André V.

Mais, à sa nouvelle amie, André V. n’a pas tout dit. «Elle sait que je fréquentais des ados. Elle m’a dit: "Donc c’était à la limite de la pédophilie ?" J’ai dit : "Oui."» Ce n’était pourtant pas des ados. D’ailleurs, il n’a rien dit àpersonne à part à son psy, qu’il voit régulièrement, et à son conseiller de probation qu’il rencontre tous les deux mois. Il en a pour dix ans,c’est le suivi que la justice lui a imposé.

Il y a desphotos dans le livre de l’OIP. Philippe Castetbon (qui signe aussi lesphotos de cette double page) a demandé à tous les anciens détenusprésents dans l’ouvrage quelle image représentait selon eux leur vie «d’avant». André V. a dit : «Des photos d’enfants.» Mal à l’aise, le photographe a insisté : «Vraiment rien d’autre ?

- Ma vie d’avant, ce n’était que ça, je n’ai pas d’autres images.»

Le texte s’appelle «Silence rompu».

(1) Il a notamment écrit «la Nuit du chien», chez Acte Sud, et la pièce «Fracas».


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