Mourad Oussedik
Quick Facts
Biography
Mourad Oussedik, né le à Bougaa et mort le à Paris, est un avocat franco-algérien, considéré comme un ténor du barreau.
Il se fera connaître en défendant les militants du FLN, étant lui-même l'un des membres fondateurs du collectif des avocats du FLN avec Jacques Vergès. Il deviendra député de la première assemblée constituante de la République algérienne. Il défendra ensuite notamment le terroriste Illitch Ramirez Sanchez (alias « Carlos ») et l'Église de scientologie.
Biographie
Il est issu d’une famille de notables d'Aïn El Hammam (ex- Michelet), en Grande Kabylie. Son père, Sedik, était avocat à Béjaïa, sa mère est issue d'une des familles les plus riches et les plus puissantes d'Algérie, qui a fait fortune sous la Régence d'Alger.
Le collectif des avocats du FLN
Arrêté pour insoumission en 1949 par les autorités françaises, alors qu’il est avocat à Bejaïa (petite Kabylie, 250 km à l’est d’Alger), Mourad Oussedik est contacté dès 1955 par le FLN pour former un collectif d’avocats. Ce qu’il fait avec Amokrane Ould Aoudia, Abdessamad Ben Abdallah et Jacques Vergès. L'avocat Jean-Jacques de Félice devient aussi le collaborateur de Mourad Oussedik. Durant ces années de guerre d'Algérie, plusieurs avocats sont tués, soit par des forces de police, soit par des gens de l'OAS un peu plus tard, par exemple Amokrane Ould Aoudia, qui est abattu le devant la porte de son cabinet, sur ordre des autorités françaises, sur ordre des services secrets français.
Fort d’une centaine de membres, le collectif se charge durant la guerre de libération de défendre les droits des militants du FLN de la fédération de France. Bientôt, ils seront rejoints par Roland Dumas ou encore Gisèle Halimi. Lors du retentissant procès du « Réseau Jeanson », le collectif défend une vingtaine de « porteurs de valises », ces Français qui ont pris fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie et y ont concouru depuis la France. Mourad Oussedik sera brièvement député au sein de l’Assemblée constituante de la République algérienne, après l’indépendance, mais s’installera rapidement en France, où il sera un temps conseiller juridique à l’ambassade d’Algérie.
Théorie de la défense de rupture
Il s'engage dans une « défense de rupture » (appelée aussi « stratégie de rupture »), plutôt que ce qu'il appelle la « défense de connivence », qui était classiquement plaidée : l'accusé se fait accusateur, considère que le juge n'a pas compétence ou que le tribunal n'a pas la légitimité, prend l'opinion à témoin. La défense de rupture se distingue également de la « présence offensive », développée par Bernard Ripert. Si cette méthode est peu efficace sur le plan judiciaire, elle participe à créer un courant de sympathie dans l'opinion : cela lui a notamment permis, lors de la guerre d'Algérie, d'éviter la peine de mort à plusieurs de ses clients, même s'ils sont condamnés à de lourdes peines. Concernant sa postérité, les nouveaux moyens de communication ont rendu la technique obsolète. Elle a permis de sauver Djamila Bouhired de la peine de mort.
Fusillade du bar Le Thélème (28 février 1975)
Mourad Oussedik fait partie des avocats molestés au mois de , lors de l'opération menée contre les Frères Zemmour dans le bar parisien Le Thélème (aujourd'hui Le Cardinal Saint-Germain), qui constitue "L'un des épisodes les plus sanglants de la guerre de l'antigang contre le milieu parisien".
Le Parisien du relate la fusillade :
« »
Lors d’une enquête menée par L’Unité, hebdomadaire du Parti socialiste, et parue dans sa livraison n 148 du 7 au , il a notamment été recueilli le témoignage de Mourad Oussedik qui raconte l’intervention policière alors qu’il consommait au Thélème en compagnie de son confrère algérien Abdelhak Benhachenhou :
« »
Portant sur le visage et sur le corps des traces de nombreuses contusions, il sera transporté au service de neurochirurgie de l’hôpital Sainte-Anne pour y être soigné pour une fracture du crâne et du maxillaire. Il subira une trépanation. C'est une information pour tentative de meurtre qui a été ouverte à la suite du drame. « ».
Autres affaires
Inscrit au barreau de Paris, il a été le défenseur d’opposants au roi du Maroc Hassan II, de manifestants kurdes interpellés à Paris, ainsi que de nombreux ressortissants algériens en France, dont le chanteur Khaled. « Je suis allé trouver maître Oussedik en lui disant que j’avais des problèmes, et il leur a trouvé des solutions », témoignera l’une de ses clientes lors de ses funérailles. C’est également Mourad Oussedik qui, aux côtés de Jacques Vergès, défend le terroriste Carlos au début des années 1990, puis l’Église de scientologie en 1999 Rien de contradictoire dans ce métier, à en croire le témoignage d’un ami et collègue : « En 1960, Mourad Oussedik défendait le FLN. Moi, je me suis retrouvé à défendre les intérêts de membres de l’Organisation armée secrète (OAS). Mais au fond, nous étions tous les deux pour la liberté. »
Bibliographie
- Renaud Lecardre, « Pas de dernier repos pour l'avocat décédé », Libération,
- Olivia Marsaud, « Maître Mourad Oussedik », Jeune Afrique,
- Marcel Péju, Le procès du Réseau Jeanson, La Découverte, 2002
- Matthew Connelly et Françoise Bouillot, L'arme secrète du FLN : Comment de Gaulle a perdu la guerre d'Algérie, Payot, 2011
- Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN (1954-1962), Fayard, 2002
Filmographie
- L'Avocat de la terreur, de Barbet Schroeder, 2007
Voir aussi
Articles connexes
- Barreau d'Alger
- Jacques Vergès
- FLN (Algérie)
- Khaled (chanteur)
- Illitch Ramirez Sanchez
- Djamila Bouhired
- Karim Achoui