Marie-Rose Bouchemousse
Quick Facts
Biography
Marie-Rose Bouchemousse, née le à Vigeois (Corrèze) et décédée le à Paris, est une enseignante, religieuse, militante catholique, journaliste et femme politique française. Elle fut la première femme maire d'une commune française, en 1943.
Biographie
Enfance
Marcelle Marie Rose Bouchemousse est la fille de Martial Bouchemousse (1858-1940) ingénieur issu d'une famille d'ouvriers porcelainiers à Limoges. Elle naît à Vigeois, où son père travaillait alors au tracé de la ligne ferroviaire entre Limoges et Brive. Il y a rencontré son épouse, Marie Adèle Lespinat (1868-1893), fille d'un charpentier et d'une marchande de nouveautés. Ils se marient le à Vigeois. Deux ans exactement après le mariage naît Marie-Rose. En 1891, Martial Bouchemousse est appelé à travailler en Grèce. Toute sa famille, lui, Marie-Adèle, Marie-Rose et une servante déménagent à Athènes. En 1893, la servante attrape la fièvre typhoïde. Marie-Adèle la soigne et la guérit. Malheureusement, elle attrape elle-même cette fièvre et en meurt le . Marie-Rose n'avait pas quatre ans. Marcel Bouchemousse, veuf, revient en France où, avec l'aide de sa soeur Léonarde Bouchemousse, institutrice, il veille sur l'enfance de Marie-Rose à Villeurbanne et la pousse aux études.
Etudes, diplômes et professorat
Elle fait de brillantes études et devient normalienne : élève du lycée de Lyon, elle est admise en 1911 à l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres . Elle obtient en 1913 le certificat d'aptitude et d'enseignement secondaires des jeunes filles. Elle enseigne dans des établissements publics, au collège de garçons de Louhans puis elle est nommée en 1918 au collège de jeunes filles de Brive. Elle enseigne les lettres puis la philosophie. Elle est agrégée de lettres.
Bachelière en philosophie scolastique (), puis licenciée ès lettres en philosophe scolastique (), elle soutient le à la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris une thèse de philosophe scolastique, intitulée La monadologie de Leibniz et l'angélologie de saint Thomas
. C'est le premier exemple (...) du grade de maître en philosophie décerné à
une étudiante.
Secrétaire générale de la FNC (1924-1943)
Elle occupe ensuite le poste de secrétaire de la Fédération nationale catholique (FNC), sous les ordres de son président, le général de Castelnau, de 1924 à 1943. Elle y joue un rôle assez important, quoique discret, en compagnie des deux filles du général, Amélie et Germaine. Elle s'occupe aussi du périodique de l'association, La France Catholique, dans lequel elle publie des articles et des livressous le pseudonyme masculin de Jean Mora. Xavier Vallat loue son action efficace et méthodique.
Marie-Rose Bouchemousse est membre de la Société des Filles du Cœur de Marie, à l'instar d'Amélie et Germaine de Castelnau. C'est une société constituée de religieuses vivant sans habit ni signe distinctif,travaillant dans la vie quotidienne aux côtés des laïcs, animant souvent des œuvres de formation et d'enseignement. Oblate de cette congrégation religieuse le , elle y fit ses voeux perpétuels tardivement, le . Marie-Rose restera célibataire toute sa vie.
Première femme maire d'une commune en France
À la suite de la démission du maire de son village natal, Vigeois, officiellement pour raison se santé, Marie-Rose Bouchemousse est vivement sollicitée par ses amis et connaissances pour lui succéder. Elle accepte cette responsabilité à deux conditions : celle de l’assurance de la collaboration active à ses côtés de Charles du Basty, un ancien directeur de la Banque de France à la retraite à Vigeois, et surtout l’assurance de la bonne volonté consentante de l’ensemble de la population locale. Elle obtient les deux. Elle est nommée maire par le préfet en , et devient ainsi la première femme maire d'une commune française, alors que les femmes n'ont pas encore le droit de vote et que les maires des localités de plus de 2 000 habitants sont nommés par les autorités, et non élus, depuis l'instauration du régime de Vichy, autoritaire et antidémocratique. Des journaux, de Paris et de province, évoquent l'événement et publient en « une » une photographie de Marie-Rose Boussemouche dans sa mairie, recevant ses administrés.
Selon le président de l'Association des maires de France François Baroin, sa désignation est une ironie dont l'histoire de France a le secret
, dans la mesure où sa nomination apparaît comme un progrès alors que le régime de Vichy a une image rétrograde et que son idéologie valorise plutôt les mères et les femmes au foyer. On ignore pourquoi cette femme célibataire a été choisie. Sans doute, selon François Baroin, grâce à ses qualités intellectuelles, à une époque où peu de femmes suivent des études supérieures. Sans doute aussi grâce à ses fonctions à la FNC dont l'idéologie est proche de la Révolution nationale.
Le un détachement allemand de la division Das Reich investit le bourg, bloque toutes les voies de communications routières. Les Allemands enjoignent par haut-parleurs aux habitants de se réunir, les hommes sur le champ de foire, les femmes place de la mairie. Les Allemands visitent les maisons une à une. Entre les officiers allemands et les habitants de Vigeois, une femme s’interpose et négocie longuement et fermement le salut de son village : Madame la maire de Vigeois.
Les officiers demandent à parler au maire de la commune. Parmi les femmes rassemblées, Marie Rose se dresse et s’avance : « Le maire, c’est moi », répond-elle à l’officier ébahi. Elle est accompagnée par Basty, le premier adjoint, et le curé doyen Xavier Bourges. Elle parlait couramment allemand, mais n’en fit rien savoir et demanda le truchement d’un interprète. Un interprète est présent lors des négociations. Les discussions ont lieu à l’Hôtel du Midi, au coin de la place du Champ de foire. Les officiers ressortent apparemment apaisés. La population est relâchée, et tard dans la nuit les troupes allemandes quittent les lieux sans grands dommages . Dans la nuit Marie Rose Bouchemousse souffre d’un abcès purulent de la gorge. Peut-être le contrecoup de cet interrogatoire par les officiers allemands.
Elle reste maire jusqu'à la Libération, en 1944.
Représentante au siège de l'UNESCO de l'Union mondiale des organisations féminines catholiques
À partir de 1945, Marie-Rose Bouchemousse se consacre à la direction de l'Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC), dont elle est la représentante au siège de l'UNESCO. Elle assiste durant les années 1950 à plusieurs réunions internationales de l'UNESCO, représentant l'Union mondiale (UMOFC).
Pendant plusieurs années, elle gère les ouvrages de théologie, spiritualité et philosophie du service bibliographique de l'Action catholique féminine. Elle continue à écrire après la guerre dans des revues catholiques sur ces sujets (L'école et la famille, Recherches et débats, du Centre catholique des intellectuels français), désormais sous son nom.
Directrice de l'école Cours Bastide
En 1956, elle est appelée à prendre la direction d'un établissement scolaire catholique, privé, l'école Cours Bastide, de Marseille, appartenant à la Société des filles du cœur de Marie. Elle y entreprend des travaux de modernisation, tout autant de l'enseignement, des méthodes pédagogiques, que des infrastructures.
Elle meurt le au siège parisien de la Société des filles du cœur de Marie, des suites d'une maladie. Sa dépouille repose dans le cimetière de cette communauté religieuse.
Publication
- Jean Mora (pseudonyme), L'école et le bien commun, ébauche d'un régime scolaire qui serait conforme au droit naturel et à la justice, Paris, Fédération nationale catholique, 1931, 167 p..
Bibliographie
- Corinne Bonafoux-Verrax, À la droite de Dieu. La Fédération nationale catholique, 1924-1944, Fayard, 2004