Marie Gérin-Lajoie
Quick Facts
Biography
Marie-Joséphine Gérin-Lajoie ( - à l'âge de 80 ans), est une travailleuse sociale, fondatrice de communauté religieuse et pionnière du service social dans le milieu francophone au Québec.
Biographie
Milieu familial
Elle est née à Montréal, dans une famille de « cette petite bourgeoisie cultivée et laborieuse, loyale à l'Église, mais remuante et critique à ses heures... ». Son père, Henri Gérin-Lajoie, est avocat; sa mère, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, est une pionnière de la défense des droits des femmes au Québec. Ses trois frères, Henri, Alexandre et Léon, sont nés entre 1892 et 1895. Elle vit une enfance heureuse, aimée de ses parents. Ces derniers lui inculquent le sens de la discipline et de l'effort. L'éducation qu'elle reçoit laisse une place à la liberté, mais vise surtout à obtenir de l'enfant l'obéissance, qui est, selon sa mère, « le fondement de la paix sociale ». Des ses jeunes années, sa mère l'initie à son engagement féministe.
Formation
Malgré la méfiance de celle-ci envers les « rabatteuses de vocations », Marie fait son cours primaire, de 1897 à 1905, à l'Académie Saint-Urbain dirigée par la Congrégation Notre-Dame de Montréal. À l'automne 1900, elle est inscrite dans les classes anglaises de la même institution. En 1905-1906, elle suit, en dépit de son jeune âge, une formation intensive en études littéraires à l'Université Laval de Montréal. Puis, de 1906 à 1908, elle complète, en externat, ses études secondaires au Mont-Sainte-Marie, autre maison d'enseignement de la Congrégation Notre-Dame. La supérieure du Mont-Sainte-Marie est Mère Sainte-Anne-Marie, une femme d'action qui mène un combat en faveur de l'enseignement supérieur féminin. Elle aura sur elle une profonde influence sur la jeune Marie. Mère Sainte-Anne-Marie et la Congrégation Notre-Dame obtiennent l'accord de M Bruchési pour créer l'École d'enseignement supérieur pour jeunes filles, affiliée à l'Université Laval, qui ouvre officiellement ses portes l'automne suivant. Marie y poursuit ses études. Au printemps 1910, elle est la première, et la seule, de son institution à se présenter aux examens de la Faculté des Arts de l'Université Laval de Montréal. Elle aura les meilleures notes de tout le Québec ainsi que la mention « grande distinction ». Son baccalauréat ès arts de l'Université Laval à Montréal lui sera décerné en octobre 1911. Elle fut la première Québécoise à obtenir ce diplôme.
Alors qu'elle étudie à l’École d’enseignement supérieur, elle crée un cercle d’études, qui constituera l'embryon d'un mouvement qui mènera à la création de la Fédération des cercles d’études des Canadiennes françaises, qu'elle présidera de 1916 à 1923.
Comme il était d'usage pour les jeunes filles de la bourgeoisie canadienne-française de l’époque, elle s'astreint à un programme d'activités mondaines qui doit en principe la conduire jusqu'au mariage. « Le matin j’étudiais dans ma chambre ; l’après-midi je visitais des familles pauvres, le soir j’allais au bal », avoue-t-elle. Assez vite, elle confie à sa mère qu'elle optera pour le célibat.
Engagement
Mais il s'agit encore, pour elle, à ce moment, d'un « célibat laïque engagé ». Elle a pour modèle, de ce point de vue, sa tante Antoinette Gérin-Lajoie, qui, célibataire, avait fait des études et fondé l’École d’enseignement ménager associé à la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste. Durant les douze années suivantes, elle sera une militante laïque en même temps qu'elle poursuivra sa formation en travail social.
En 1913, lors d'un séjour en Europe avec sa tante Antoinette, elle découvre plusieurs œuvres sociales féminines en France et en Belgique. En Angleterre, elle est très impressionnée par les settlements, des lieux qu'animent et habitent de jeunes universitaires faisant œuvre d'éducation dans les quartiers ouvriers. Ils seront pour elle une source d'inspiration lorsqu'elle donnera une forme plus institutionnelle à ses projets.
En 1913, elle devient directrice et rédactrice à La Bonne Parole, la revue mensuelle de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste. À cette époque elle donne aussi de nombreuses conférences et fonde des cercles d'études. En 1918 elle suit des cours de service social à l'Université Columbia de New York. En 1920, elle fonde le département de service social de l'hôpital Sainte-Justine.
Fondation de l'Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil
Marie veut agir sur les causes des inégalités sociales découlant des transformations de l'époque industrielle, trouver les moyens d'améliorer les conditions de vie et de travailler à la promotion des femmes et des familles. À cette fin, elle conçoit un projet d'institut qu'elle soumet à M Bruchési et à M Gauthier dès l'année 1917. Il s'inspire entre autres des settlements qu'elle a découverts en Angleterre. Son projet aura la forme concrète d'une congrégation religieuse dont les membres iront au devant des laïcs, dans leurs milieux de vie. « Pour elle, les religieuses, dégagées de toute responsabilité parentale, peuvent se consacrer entièrement à l’action sociale et catholique et offrir du soutien aux œuvres laïques. Autrement dit, elle entend former un groupe de religieuses dispensées de toute responsabilité familiale pour qu’elles deviennent auxiliaires d’œuvres catholiques ». Rome donne son accord en 1922 et l'Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil est officiellement fondé 1923. Mais Marie n'est pas encore une religieuse. Elle devra au préalable compléter son noviciat. Sa profession temporaire aura lieu en et elle prononce ses vœux perpétuels en 1927.
L'École de service social de l'Université de Montréal
Marie Gérin-Lajoie ouvre, en 1931, sa propre école d'action sociale, qui entend offrir une formation aux intervenantes. Mais, confrontée, en cette période de Crise, à des problèmes sociaux sans cesse plus complexes, elle constate l'insuffisance de la formation qu'elle dispense. Elle participera donc, en 1939, à la fondation de l'École de service social de l'Université de Montréal où elle dispense les premiers cours. Selon l'historienne Karine Hébert, « Cette initiative pave la voie à la professionnalisation du travail social au Québec. »
Mort
Marie Gérin-Lajoie assume la direction de l'Institut de 1923 à 1956.Elle y demeure active jusqu’à son décès en 1971.
Hommages
Dans la base de données de la Commission de toponymie du Québec, on apprend qu'une rue, à Terrebonne, a été nommée en l'honneur de Marie Gérin-Lajoie.
La fondation Les Œuvres Marie-Gérin-Lajoie a été créée le par l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal afin de poursuivre l’œuvre d'éducation et d'action sociale de Marie Gérin-Lajoie.
Un centre de formation sociale créé par l'Institut Notre-Dame du Bon-Conseil en 1996 porte son nom.
En 1993, Postes Canada a émis un timbre en son honneur.
Œuvres
Archives
Mireille Lebeau et Marcienne Proulx, SBC. Répertoire numérique détaillé du fonds Marie Gérin-Lajoie, SBC, 1890-1971, P1/H3, Montréal, Archives de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal, 2002
Écrits
Recueil
Femme de désir, femme d'action : écrits spirituels de Marie Gérin-Lajoie, 1890-1971 / [recherche et conception, Marcienne Proulx, Thérèse Routhier, Gisèle Turcot ; postface, Bernard Carrière]. Montréal, Paulines, 2003, 205 p.
Pédagogie
Sainte Élisabeth et la charité, Montréal : Éditions "S.-Louis", 1943, 35 p. [présentation du père Ferdinand Coiteux.]
Le retour de la mère au foyer, Montréal : Secrétariat de l'École sociale populaire, 1932, 30 p. [Cours professé à la Semaine sociale de Montréal, le 1er septembre 1932.]
Les Cercles d'études féminins, Montréal : Secrétariat de l'École sociale populaire, 1916, 29 p. (en ligne)
La Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et ses associations professionnelles, Montréal : Secrétariat de l'École sociale populaire, 1911, 32 p. (en ligne)
Préface
«Préface», dans Yvonne Charette, Nuances, Montréal : Imprimé au Devoir, 1919, p. 7-8.
Articles
L'auteure collabore à La Bonne parole, le journal de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste.