Louis Mailloux
Quick Facts
Biography
Louis Mailloux, né le à Brest (Finistère) et mort le à Tours (Indre-et-Loire), était un militaire français, aviateur durant la Première Guerre mondiale et l’entre-deux-guerres. Il fut le navigateur de Jean Mermoz pour sa traversée de l'Atlantique sud en . Il trouve la mort en service aérien commandé au cours d’un vol d’entraînement de routine, six mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale.
Biographie
Louis Mailloux est né à Brest le . Son père, officier d’artillerie de marine, est décédé alors qu’il n’avait que dix-huit mois.
Première Guerre mondiale
Louis Mailloux était destiné à devenir prêtre mais au début de la Grande Guerre, il s’engage comme volontaire à 17 ans, le , au 28 régiment d'artillerie. Il monte au front en mai 1915. Après avoir obtenu sa première citation en octobre 1915, il obtient d’intégrer l’aviation et devient observateur au sein de l’escadrille F 55. Il reçoit sa première blessure en 1916, à Verdun, lorsqu'un obus explose près de son avion pendant une reconnaissance. Il est blessé une seconde fois, mais au sol : pour accomplir des missions d’observation plus efficaces, il souhaitait connaître l’atmosphère des tranchées, et il accompagne une mission de nuit menée en première ligne par un détachement du 19 régiment d’infanterie. Il est nommé lieutenant le . Il est blessé une troisième fois en , au cours d'un vol à basse altitude.
Au moment de l’Armistice du 11 novembre 1918, le lieutenant Mailloux a été blessé trois fois, il est titulaire de neuf citations, dont trois à l'ordre de l'armée, et Chevalier de la Légion d'honneur. Il n’a que 21 ans.
Entre-deux-guerres
Après la guerre, il passe son brevet de pilote le puis il est envoyé au Maroc au 37 régiment d’aviation. Il se distingue à nouveau pendant les opérations de la guerre du Rif lors des opérations de Ouarzazate et Tinerghir, ce qui lui vaut la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs avec deux citations.
De retour en métropole, au 21 régiment d’aviation, il est promu Officier de la Légion d'honneur le et capitaine le . Il part à Brest suivre les cours de l’École de grande navigation. Il devient lui-même professeur de navigation aérienne à l’École des officiers d’aviation de Versailles en . Spécialiste reconnu, il obtient en 1926 un brevet d'invention pour un cercle correcteur de route pour la navigation à l'estime.
Pilote de raids
Louis Mailloux aurait pu connaître une carrière classique. Père de famille, il aurait pu choisir la sécurité. Mais son rêve est de traverser l’océan Atlantique. Il demande donc son détachement. La demande est acceptée. Certains lui ont reproché de sacrifier sa famille à cette passion. Quatre noms sont attachés à la carrière de pilote de records de Louis Mailloux : Adolphe Bernard, Antoine Paillard, Jean Mermoz et René Couzinet.
Avec Louis Coudouret
Lors de sa première tentative, Louis Mailloux échappe de peu à la mort, sur le Bernard 191 GR n 1, baptisé « France », il fait équipe comme navigateur avec Louis Coudouret et Louis de Mailly-Nesle. Le , lors d’un essai, ils ne sont pas parvenus à s’élever assez haut pour passer au-dessus des lignes électriques. Ils passent sous la première et coupent la seconde. Il ne restait plus qu’à vidanger l’avion et à se poser.
Il effectue une deuxième tentative, encore avec Louis Coudouret et le même avion, l'année suivante, en . Les deux aviateurs emmènent le France à Séville en Espagne, d'où ils espèrent prendre le départ vers l’Amérique à la fin du mois, les tentatives de traversée de l'Atlantique ayant été interdites en France par le ministère de l'Air, après avoir causé trop de morts. Sans raison particulière, Louis Mailloux est rappelé séance tenante en France, permission supprimée, sans doute pour empêcher ce raid. Il doit reprendre ses cours à l’École militaire d’application de l’aéronautique. Louis Coudouret et le France ne sont jamais rentrés de Séville. Ils se sont écrasée en Charente, à Saint-Amant-de-Bonnieure, le . Louis Coudouret est mort après plusieurs heures d’agonie, ses deux passagers espagnols se sortant indemnes de l’accident.
Avec Antoine Paillard
Troisième essai de record, Louis Mailloux fait équipe avec Antoine Paillard, le pilote d'essai de la Société des Avions Bernard. Le , ils tentent de décoller d'Istres à bord du Bernard 191 GR n 3, mais leur avion, trop lourdement chargé, se brise au décollage. Louis Mailloux est blessé à la tête.
En 1930, lorsque la Société des Avions Bernard produit le premier des avions Bernard 80 Grand Raid, Louis Mailloux et Antoine Paillard battent le record de France de distance en circuit fermé. Ils ratent de seulement 7 kilomètres le record du monde. Celui-ci sera battu en 1931 par Paillard associé à Jean Mermoz.
Avec Jean Mermoz
Après le décès d'Antoine Paillard d'une péritonite le , Mermoz et Mailloux s'associent en pour tenter de battre à nouveau le record de monde de distance en circuit fermé à partir du terrain d'Oran-La Sénia (Algérie). Leur avion Bernard 81 GR a été baptisé Antoine Paillard en hommage à leur ex-coéquipier. Mais ils sont victimes d’un accident le , leur avion capote à la suite d'un problème mécanique. L’avion change de propriétaire.
En , Mailloux et Mermoz se retrouvent à Istres pour effectuer avec le Bernard 81 un vol record de distance en ligne droite jusqu'en Amérique du Sud. Ils doivent renoncer après avoir constaté, dès le départ, des anomalies dans le comportement de l'avion.
La quatrième tentative de Louis Mailloux est la bonne. Un nouveau constructeur entre en jeu : René Couzinet et son trimoteur Arc-en-Ciel. Désigné comme navigateur, Louis Mailloux joue un rôle essentiel dans l’arrivée de Jean Mermoz comme pilote. Pour cet avion destiné à la traversée de l'Atlantique Sud, Couzinet ne voulait pas d’un pilote pouvant faire de l’ombre à son avion. Louis Mailloux arrache à René Couzinet la décision de prendre Jean Mermoz comme pilote. Le , Mermoz, Carretier, Mailloux, Manuel, Jousse, Mariault et Couzinet partent d’Istres pour l’Amérique du Sud. L’Arc-en-Ciel fait escale à Port-Étienne et Saint-Louis (Sénégal). Le , il se posa à Rio de Janeiro au Brésil. Pari gagné. Louis Mailloux et ses compagnons rentrent au Bourget le 21 mai, après des escales à Dakar et Casablanca. Ce raid marque la fin de la carrière de pilote de records de Louis Mailloux, qui a réalisé son rêve.
Chef aérien
De retour dans l'armée de l'air, Louis Mailloux arrive à Tours en 1936. En , il est nommé commandant du 2 groupe, équipé de Caudron C.560 et de Breguet 26T. C’est à Tours que Louis Mailloux et Jean Mermoz se retrouvent une dernière fois. Le , Jean Mermoz donne une conférence au Majestic, à l’invitation du Parti social français. Quelques jours plus tard, le , il disparaît avec ses compagnons à bord de la Croix-du-Sud.
Après la 31 escadre, le commandant Louis Mailloux passe à la 51 Escadre de bombardement. La prise d’armes en l’honneur du commandant de Castet La Boulbène, muté à Bizerte, se déroule le , cérémonie au cours de laquelle le colonel Jury, commandant la 9 brigade aérienne, présente le commandant Mailloux à l’escadre. Le , nouvelle cérémonie pour la remise de la cravate de Commandeur de la Légion d'honneur au lieutenant-colonel Mailloux.
Décès
Le , le lieutenant-colonel Mailloux, commandant la 51 escadre, rentre de manœuvres au profit de la DAT (Défense aérienne du territoire) d’Angers avec trois autres Bloch MB.210. Ils sont en formation, en losange. Le lieutenant-colonel Mailloux est aux commandes du Bloch de tête. Depuis quelques mois, le spectre de la guerre et la tension qui règne en Europe a modifié la vie à Parçay-Meslay, jusqu’à la façon de voler. Louis Mailloux entraîne ses équipages au vol de groupe, et au bombardement à basse altitude. Il est 11 heures. Les sirènes du camp viennent de signaler la fin du travail pour les civils. Et c’est après avoir donné le signal de la dislocation que le Bloch de tête et celui du sergent Bredela, le dernier du dispositif, se sont percutés, sans qu’on puisse en déterminer la cause.
Baptiste Besnard, un cultivateur qui travaille dans son champ, est témoin de l'accident ː
« Je passais le rouleau lorsque j’ai vu pointer, au-dessus des hangars, là, vers le sud, un groupe de quatre avions qui ne volaient qu’à une faible hauteur, peut-être deux cents mètres, raconte-t-il dans la Dépêche. J’avais arrêté mon cheval pour les regarder. A un moment, deux avions se sont écartés, l’un à droite, l’autre à gauche et presque aussitôt je n’ai pu que pousser un cri : les deux autres appareils s’étaient accrochés. L’un est tombé presque à pic, a explosé et a pris feu, tandis que le second qui le suivait, rebondissait en l’air et allait tomber sur une aile à deux cents mètres de là. J’ai espéré que ceux-là, au moins, allaient se sauver, mais aussitôt j’ai vu le second appareil prendre feu tandis que les deux explosions semblaient se confondre. »
L’armée de l’air a vécu, ce jour-là, un jour noir. En quelques heures, trois accidents ont lieu, causant la mort de dix-neuf aviateurs. Les secours, arrivés rapidement, ne sont d’aucune utilité. Les sauveteurs ne peuvent qu’extraire neuf corps carbonisés. Débute alors un incessant défilé : parmi les premiers venus leur rendre hommage, le jour même, figurent le général Pastier commandant la 3 RA ; le général Canonne, commandant la 6 division, le colonel Jury commandant la 9 brigade, le commandant Enslen de la 31 escadre, le colonel Fauvel du BIA 109. Mais aussi hommes politiques et élus : Vernet, préfet d’Indre-et-Loire ; René Besnard, sénateur ; les députés, Courson et Bernier. Plus tard, c’est au tour du général Joseph Vuillemin, chef d'état-major de l'armée de l'air.
Les neuf aviateurs ont eu droit à des obsèques solennelles en la cathédrale Saint-Gatien de Tours, en présence du ministre de l'Air, devant une assistance constellée d’étoiles. Le célèbre journaliste aéronautique Roger Peyronnet de Torrès conclut ainsi la nécrologie publiée dans un journal parisien, reprise le jour des funérailles par le colonel Jury : « Mon Dieu que nous sommes petits à côté d’un pareil exemple… Et d’une âme qui ne s’éteindra jamais. »
Les neuf victimes de l’accident sont :
- Dans le Bloch MB.210 de l’état-major
- Lieutenant-colonel Louis Mailloux : brevet n 19.003, le , lorsqu’il est au 37 régiment d’aviation, au Maroc.
- Lieutenant Henry de Rilly d’Oysonville : né à Paris en 1912, observateur. Engagé en 1935. 750 heures de vol. Inhumé à Chavaignes (Maine-et-Loire).
- Adjudant Gonin : radio, 1 000 heures de vol. Originaire de Saône-et-Loire. Engagé en 1927, au 37 régiment d’aviation, au Maroc. Le seul inhumé à Tours.
- Sergent Robert Callède : mécanicien. Né en 1913 à Hendaye. 300 heures de vol.
- Dans le Bloch MB.210 du GB II/51 (SAL 4)
- Sergent Paul Bredela : originaire de l’Aube. Boursier à l’école de Bourges où il est breveté le (n 24.493). Affecté la même année à la 51 escadre. 700 heures de vol.
- Adjudant-chef Gaston François : mitrailleur, chef de bord. 1 300 heures de vol. Originaire de Meurthe-et-Moselle. Engagé à 18 ans, en 1928, à Dijon. Il dirigeait l’équipe de football de la base.
- Adjudant Lagarce : né à Montbéliard (Doubs). Venu à l’aviation en 1931, à 24 ans. Chef de hangar, il demanda à participer au vol.
- Sergent-chef Girard : radio. Engagé en 1932 à Dijon.
- Caporal-chef Génébault : incorporé en à Tours. Né au Havre.
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur (1918)
- Officier de la Légion d'honneur (1925)
- Commandeur de la Légion d'honneur (1938)
- croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs (1923)
Hommages
- Le Bloch MB.210 n 256, avec l'insigne de l'état-major de la 51 escadre sur la dérive, a été baptisé « Lieutenant-colonel-Mailloux ».
- Le lieutenant-colonel Louis Mailloux est le parrain de la promotion 1938-1939 de l’École de l'air et de la base aérienne 705 Tours.
- Le Centre de détection et de contrôle militaire de Cinq-Mars-la-Pile, en Indre-et-Loire, porte le nom du lieutenant-colonel Mailloux.
- il existe une « Rue du Lieutenant-Colonel Mailloux » à Saint-Cyr-sur-Loire (37540) où il demeurait et une à Brest où il est né.
Vie privée
Louis Mailloux avait épousé Marie Pot, une Brestoise, en 1919. Il avait huit enfants.