Jean Zaganiaris
Quick Facts
Biography
Jean Zaganiaris, né le 4 mai 1971 à Lansdale (États-Unis), est un sociologue et écrivain français.
Actuellement enseignant-chercheur au CRESC (Centre de Recherche Économie Société et Culture) de l'École de Gouvernance et d'Économie de Rabat, il fait partie de la formation doctorale « Genre, culture, société » de l'Université Hassan II. Mobilisant les outils de la philosophie et de la sociologie, ses centres d'intérêt portent actuellement sur la place des genres, des sexualités et des transidentités dans les littératures. Il s’intéresse également à l'évocation de la vulnérabilité des corps et des espaces hétéro-topiques au sein des productions littéraires.
En dehors de ses activités d’enseignement et d’encadrement pédagogique, il participe régulièrement aux émissions politiques « Avec ou sans Parure » sur Luxe radio et publie des chroniques littéraires dans le journal marocain Libération. Depuis 2015, il s’est lancé dans la littérature avec la publication d’un roman, Le périple des hommes amoureux et d’une nouvelle intitulée « Un écrivain talentueux ».
Avec Mamoun Lahbabi, Abdellah Baida et Maria Guessous, il fait partie des fondateurs du « Cercle de Littérature Contemporaine ».
Parcours universitaire et domaine de recherche
Jean Zaganiaris a soutenu une thèse en science politique en 2004 à l'Université de Picardie Jules Verne, sous la direction de Pascale Laborier. À travers une approche se réclamant de l’histoire des idées, capable de combiner les apports de la théorie politique, des sciences humaines et de l’historicité des pratiques intellectuelles, il a travaillé sur la pensée contre-révolutionnaire, plus particulièrement sur les interprétations et les usages de la pensée de Joseph de Maistre aux XIXe et XXe siècles. Ensuite, il a rejoint le Maroc où il a travaillé sur les enjeux politiques de la démocratisation, sur la question de l'obscurantisme et sur la démarche sociologique de Pierre Bourdieu. En 2014, il a soutenu une habilitation à diriger des recherches ensociologie, avec comme garant Frédéric Lebaron.
Il travaille sur la façon dont certains écrivains marocains évoquent publiquement la sexualité. Son approche est divisée en trois grandes parties distinctes mais complémentaires. La première présente la construction des féminités par la littérature marocaine, en évoquant les différentes figures de la mère (depuis la mère traditionaliste évoluant sous le protectorat jusqu’à la mère qui fait « sa révolution sexuelle », en passant par la mère élevant ses enfants dans la vie rude des bidonvilles), de la princesse arabe des siècles d’antan, de l’amante, qu’elle soit hétérosexuelle ou lesbienne, et de la travailleuse du sexe. À partir des écrits d’écrivaines et d’écrivains marocains tels que Siham Benchekroun, Mamoun Lahbabi, Ghita el Khayat, Siham Boulhal, Souad Bahéchar ou Rajae Benchemsi, ainsi que des entretiens ou des observations ethnographiques effectuées auprès de certaines d’entre elles, il s’agit de comprendre de quelle façon ces auteurs parlent des femmes dans une société dont elles connaissent les contraintes et les espaces de liberté. La seconde partie s’intéresse à la production des masculinités, en évoquant les figures du père et notamment la révolte contre le personnage paternel, incarnant l’autorité. Elle se réfère à des auteurs tels que Driss Chraïbi, Mohamed Choukri, Mohamed Nedali ou Bahaa Trabelsi mais aussi à des auteures françaises publiant au Maroc, comme Chrysulatna Rivet, Valérie Morales Attias ou Stéphanie Gaou. Elle aborde également la sexualité masculine, à partir des différents types d’amants, allant de l’homme attentionné et pourvoyeur d’un certain « bonheur sexuel » jusqu’à l’individu machiste, séducteur, violent et traitre. Là encore, à partir des discours oraux et écrits d’auteurs tels que Mohamed Leftah, Abdelhak Serhane ou Abdellah Taïa, il s’agit de comprendre de quelle façon la sexualité contribue à la production des masculinités dans la littérature marocaine. La troisième partie traite des corps transidentitaires et propose des pistes pour penser la place du queer dans le monde arabe, notamment à partir de la façon dont les écrivains marocains mobilisent le soufisme. Depuis les travestis et les trans décrits par Mohamed Leftah jusqu’aux figures de l’androgyne et de l’hermaphrodite dans l’œuvre de Khatibi, en passant par l’approche transgenre de Abdellah Taïa, présentée publiquement lors de ses conférences au Maroc, ou bien par les discours de l’écrivaine Bouchra Boulouiz, il s'agit de présenter différents types de transidentité au sein de la littérature marocaine. Depuis 2014, Jean Zaganiaris a engagé cette recherche sur les écrivains marocains dans une perspective comparée et analogique avec certaines productions du champ littéraire français, notamment au niveau de l'auto-édition.
Publications
Essais
- Un printemps de désirs, Représentations des genres dans la littérature et le cinéma marocains à l'heure des Printemps arabes, Casablanca, La Croisée des Chemins, 2014.
- Queer Maroc. Sexualités, genres et (trans)identités dans la littérature marocaine, Paris, Des Ailes sur un Tracteur, 2014.
- Ce que communiquer veut dire. Communication, espaces publics, sciences humaines, Casablanca, Afrique Orient, 2012.
- Erwan Sommerer, Jean Zaganiaris (dir.), L’Obscurantisme. Formes anciennes et nouvelles d’une notion controversée, Paris, L’Harmattan, 2010.
- Penser l’obscurantisme aujourd’hui, Casablanca, Éditions Afrique-Orient, 2009.
- Spectres contre-révolutionnaires, interprétations et usages de la pensée de Joseph de Maistre (XIXe-XXe siècles), Paris, L’Harmattan, 2006.
- Edwige Rude-Antoine, Jean Zaganiaris, (dir.), Croisée des champs disciplinaires et recherche en sciences sociales, Paris, PUF/CURAPP, 2005.
Romans et nouvelles
- Le périple des hommes amoureux (Casa Express, 2015)
- « Un écrivain talentueux » (100% Auteurs, Éditeurs de Talents, 2015).
Articles
Articles dans des revues à comité de lecture
- « Représentations et attitudes à l’égard de l’homosexualité et de la prostitution dans les productions littéraires de Hicham Tahir », Déviance et société, janvier 2015.
- "Ce que montrer le sexe au Maroc veut dire. Les représentations de la sexualité dans le cinéma marocain", Mouvements, juin 2013.
- "Entre libéralisation de la sexualité et exercice de la violence symbolique : ambivalence de la masculinité dans la littérature marocaine de langue française", Cahiers d’études africaines, no 209, été 2013.
- " Mouvements sociaux et révision constitutionnelle au Maroc : quelques pistes de réflexions à partir des « gender studies ", Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales, no 3, juin 2012.
- "Transgenre et transsexualité dans la littérature marocaine de langue française", Revue Savoir/Agir, 20, juin 2012.
- "La question Queer au Maroc : identités sexuées et transgenre au sein de la littérature marocaine de langue française", Confluences Méditerranée, 80, février mars 2012.
- "Pour en finir avec « l’intellectualisme » : la question de la rupture avec l’épistémocentrisme herméneutique dans l’œuvre de Pierre Bourdieu", L’Homme et la société, 181, juillet-septembre 2011.
- "Qu’est-ce que les Contre Lumières ?", Raisons Politiques, novembre 2009.
- "De la démocratie au Maroc : Usages sociaux des normes juridiques et conceptualisation politique des principes de justice ", L’année du Maghreb, novembre 2007.
- "Pour en finir avec les filiations en histoire des idées : hommage à Gilles Deleuze", Mouvements, novembre-décembre 2005.
- "Un remède pire que le mal" : Carl Schmitt et les apories des régimes républicains", Mouvements, janvier-février 2005.
- "Des origines du totalitarisme aux apories des démocraties libérales : interprétations et usages de la pensée de Joseph de Maistre par Isaiah Berlin", Revue Française de Science Politique, 6, décembre 2004.
Articles dans des publications collectives
- « Parlez-moi d’amour ». À propos des romances d’Eva Delambre », Marielle Toulze (dir.), « Réinventer nos sexualités ? Par les arts, la pornographie et les féminismes », Miroir/Miroirs, n°5, décembre 2015.
- « Tu as le sexe d’un ange, mon amour » : représentations des transidentités et déconstruction des genres dans la littérature érotique contemporaine », Maud-Yeuse Thomas, Noomi B. Grüsig, Karine Espineira (dir.) « TRANSFÉMINISMES », Cahiers de la transidentité, N° 5, Éditions L’Harmattan, 2015.
- « Le sexe des villes, les villes du sexe : représentations des sexualités et des espaces urbains dans la littérature marocaine », Roman Stadnicki (dir.), Villes arabes, citées rebelles, Paris, Éditions du Cygne, 2015.
- « Sea, no sex and Sun? Les représentations de la sexualité dans le cinéma marocain », Karine Espineira (dir.), Quand la médiatisation fait genre, Paris, L’Harmattan, 2014.
- Rédaction des entrées « Pierre Bourdieu » et « Monique Wittig », Arnaud Alessandrin, Brigitte Esteve Bellebeau (dir), Genre !, Paris, Des Ailes sur un Tracteur, 2014.
- « Les enjeux politiques de la littérature marocaine de langue française : Khatibi à la lumière du 1984 de Orwell », Mourad Khatibi (dir.), Hommage à Abdelkébir Khatibi, Rabat, Dar Toubktal, 2014.
- « Le 20 février et la fragilité des corps politiques : Le printemps arabe vu par Mahi Binebine », Assia Belhabib (dir.), La littérature du printemps arabe, Casablanca, La Croisée des Chemins, 2014.
- « Les rapports sociaux de genre au moment de l’Indépendance du Maroc : retour sur les enjeux politiques de la littérature marocaine de langue française », Amar Mohand Amer et Belkacem Benzenine (dir.), La question des Indépendances au Maghreb, Paris, Éditions Karthala, 2012.
- "Sexualité et gouvernabilité des corps au Maroc : la question des transidentités au sein des productions artistiques marocaines », Observatoire Des Transidentités, mars 2012 (revue en ligne), Cahiers de la transidentité, Paris, L’Harmattan, 2014.
- « Résister à l’obscurantisme : La pluralité des modes de vie et de pensée dans l’œuvre de Gilles Deleuze et Félix Guattari », Erwan Sommerer, Jean Zaganiaris (dir.), L’Obscurantisme. Formes anciennes et nouvelles d’une notion controversée, Paris, L’Harmattan, 2010
- "Investigations empiriques et grammaires réactionnaires : existe-t-il une « science sociale » contre-révolutionnaire ?", dans Sébastien Mosbah-Natanson et Sylvain Crépon, Les renouvellements idéologiques de l’extrême droite et l’usage des sciences sociales en France : XIXe - XXe siècles, Paris, L’Harmattan, 2008.
- "Retour sur un "héritage sans testament" : les usages du procès Dreyfus et la construction de la postérité contre-révolutionnaire ", dans Edwige Rude-Antoine (dir.), Le procès : enjeux de droit, enjeux de vérité, Paris, PUF/CURAPP, 2007.