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France
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Jean-Pierre de Lassus
French politician

Jean-Pierre de Lassus

The basics

Quick Facts

Intro
French politician
A.K.A.
Jean-Pierre de Lassus Saint Geniès Jean-pierre de lassus Jean-Pierre De Lassus
Places
Work field
Gender
Male
Birth
Place of birth
Montréjeau, France
Place of death
Saint-Geniès-Bellevue, France
Age
64 years
The details (from wikipedia)

Biography

Jean-Pierre de Lassus Saint-Geniès, né en 1694 à Montréjeau (Haute-Garonne), décédé le 15 octobre 1758 à Saint-Geniès (Haute-Garonne). Il est anobli par le capitoulat de la ville de Toulouse en 1742, seigneur de Saint-Geniès, seigneur de La Cordonerie, 1er arpenteur du roi Louis XV en Louisiane, grand voyer arpenteur de la partie française de Saint-Domingue.

Armoiries

Il avait pris pour armoiries : De gueules à un homme couché sous un arbre de sinople, le tout sur une terrasse du même

Ce sont le armes qui figurent sur le portrait de lui que l'on peut voir au château de Saint-Geniès, où il pose en habit de capitoul. Cette auto-représentation allégorique dénote un sens de l'humour ; certes elle fait allusion à la signification en latin du mot lassus, fatigué, mais on peut également y voir également la proclamation d'une volonté de repos bien mérité, après une vie aventureuse au Nouveau-Monde, et celle d'un art de vivre très XVIIIe siècle.

Biographie

Sa vie au Nouveau-Monde

La mission

Officier du Génie de la Marine, ayant servi trois ans à Rochefort comme cadet dans la compagnie Lhivernam, "ayant fait campagne en cette qualité sur les vaisseaux du roy"[réf. nécessaire] Jean-Pierre de Lassus fut envoyé en mission par Monsieur de La Motte, qui lui écrit de Versailles le 29 juillet 1722 : "Monseigneur le duc d'Antin m'a ordonné de vous mander de partir incessamment pour vous rendre auprès du Sr Matis et y travailler pour luy et vous employer sur son rolle à compter du 1er de ce mois"[réf. nécessaire].

Deux ans plus tard, à 30 ans il se voit confier une mission d'arpentage en Louisiane. Le 23 septembre 1724 la Compagnie des Indes précise "les attributions des sieurs Lassus", car Jean-Pierre part avec son frère cadet, Joseph de Lassus-Marcilly, dont le destin restera dès lors très attaché au sien : "La Compagnie vous fait passer par la Gironde le Sieur Lassus, arpenteur, auquel elle accorde 2 000 livres d'appointements sans vivres. Il mène avec lui un de ses frères qu'il s'est engagé de mettre en arrivant à la colonie au fait de l'arpentage, et la Compagnie lui a aussi donné une commission d'arpenteur, en lui réglant seulement 600 livres d'appointements, et les mêmes vivres que les employés diplômés. Lorsque les deux hommes vous seront parvenus, la Compagnie compte que vous les occupiez à dresser le procès verbal de la consistance en bornes des terres concédées à chaque particulier. Ils doivent commencer par les endroits où il y a le plus d'habitants attendu que c'est là où il y a le plus de contestations"[réf. nécessaire].

L'arrivée aux Amériques

Jean-Pierre et Joseph arrivent à pied d'œuvre le 19 février 1725 : située sur la rive gauche du Mississippi, à 170 km de son embouchure, bâtie sur un terrain marécageux situé à 2 m. sous le niveau de la mer, La Nouvelle-Orléans avait été fondée 7 ans plus tôt, en 1718, par le Sieur de Bienville, qui voulait en faire la capitale de l'empire français du Nouveau Monde, et un grand centre commercial. Les premiers habitants eurent à combattre les inondations, les tempêtes, et les épidémies de fièvre jaune, sans compter l'infestation par les insectes, serpents, et alligators. En 1721 on ne comptait que 470 habitants, et en 1731, lorsqu'elle passe sous contrôle direct de la couronne, on compte 8 000 habitants pour toute la colonie. Les premiers bâtiments de la ville étaient de vulgaires baraques aux murs de torchis à ossature de madriers de cyprès, et couvertes de chaume. Les liens ne sont pas coupés avec la famille, le courrier parvient de France, comme en témoigne que Jean-Pierre y reçut de son cousin Picot, datée de Paris du 23 octobre 1725, où celui-ci écrit "embrassez pour nous tous notre cousin cadet. Vous ne parlez pas si souvent de nous que nous faisons de vous. Adieu, chers cousins, soyez persuadés que je serai toute ma vie avec sincérité votre cher cousin"[réf. nécessaire].

L'arpentage

À en croire son fils, Jean-Pierre s'acquitta de sa tâche "non sans courir mille dangers, en remontant le Mississippi à 200 lieues (environ 800 km) dans les terres ; il fallait se défendre à chaque pas des reptiles monstrueux de ce fleuve terrible, et des sauvages qui habitent ces contrées éloignées. Il remplit enfin sa mission, fit parvenir au bureau de la Marine les plans et cartes où elles existent. Le ministre luy en témoigna sa satisfaction et luy fit expédier une commission de Grand Voyer arpenteur de la partie française de Saint-Domingue" (note manuscrite de Jean-François).

En fait, Jean-Pierre eût surtout à se défendre des attaques incessantes de ses compatriotes. Dès le 21 mars 1726, un an à peine après son arrivée, il est en conflit avec son supérieur, Adrien de Pauge ou Pauger, directeur des travaux de la Colonie, qui se plaint au Conseil de la Louisiane que "les Srs Lassus, arpenteurs, continuent de refuser d'être à mes ordres, quoiqu'ils soient censés y être absolument, par l'état des fonds des fortifications de l'année dernière Il plaît au conseil les punir de leur désobéissance mal fondée, et de retrancher leurs appointements qui sont de plus de 3000 livres sur les dits fonds des fortifications, puisqu'ils n'y ont encore été d'aucune utilité, et que je puisse avoir à leur place une personne qui fera non seulement leur fonction d'arpenteur plus au gré du Conseil, mais qui me tiendra lieu de sous-ingénieur, qui veillera pendant mon absence aux ouvrages de cette ville, fera les copies des dits plans, mais même des états, mémoires et lettres, pour que j'en puisse rendre un compte exact à la Compagnie. Car leur métier d'arpenteur n'y est d'aucune conséquence, puisqu'il ne doit consister que de mesurer la longueur et largeur des terrains concédés aux habitants Messieurs je vous demande de défendre aux dits Srs de Lassus de s'ingérer et d'aller marquer eux-mêmes des limites ou bornes qui ne pourraient être que fausses et mal fondées sans un ordre instructif de moi." Autrement dit il leur est reproché de désobéir à des ordres qui consistent à faire autre chose que ce pourquoi on les a envoyés en Louisiane. C'est ce que constate le Conseil, qui déboute Pauge de sa plainte quelques jours plus tard, en se référant à la lettre d'instruction de la Compagnie citée plus haut "par laquelle elle adresse les Srs Lassus au Conseil ; comme les termes de cette lettre renferment leurs fonctions au seul arpentage, nous ne saurions leur donner d'autres occupations, et nous sommes persuadés que la compagnie trouverait mauvais qu'on obligeât les Srs Lassus à faire des desseins par préférence à l'arpentage & l e papier terrier de la Colonie qui est plus pressé. Quant à ce qu'ils sont employés sur les fonds des fortifications, la compagnie qui le sait est la maîtresse d'en ordonner l'emploi comme il lui plaît, et le Conseil ne peut que se conformer à ce qu'elle règle par ses états de dépenses envoyées en cette colonie"[réf. nécessaire].

La première manche semble gagnée, mais l'ingénieur Broutin, successeur de Pauge, décédé, revient à la charge l'année suivante. Jean-Pierre prend les devants, et dès le 29 avril 1727 écrit à Paris aux directeurs de la Compagnie :

" Messieurs, comme M. de Pauge est mort, j'espère que vous aurez égard à mes services, et à ce que vous m'avez promis, vous ne trouverez jamais un serviteur plus attristé que moi, mon avancement n'amputera pas mes arpentages ou l'exécution du papier terrier sur le terrain. J'ai suivi exactement les préceptes de Mrs Vodeau et de Lalos, en ne prenant aucun parti dans cette petite guerre civile, je ne m'en suis pas mieux trouvé, car M. de Luctrain m'ayant demandé mes ouvrages après s'être interdit lui-même des fonctions s de son emploi, je lui dis que le Conseil mes les demandait absolument. En effet je ne savais à qui obéir. Cependant les choses ayant changé j'ai continué à remettre mes ouvrages à M. de la Chaise en mettant toutes ma confiance en lui. Le Sr Broutin étant descendu des Natchez, a cru que je ne devais pas parler d'un ouvrage d'arpentage qu'il a fait aux Chapitoulas où il lèse la concession de M. de Colly, comme vous pouvez voir Messieurs dans la carte de M. de La Chaise vous envoi e par le St André. C'est au Mo 9 B, la ligne ponctuée est le transcrit du Sr Broutin, au lieu que cette limite devait courir parallèle au Nord, je suis bien étonné en levant ma seconde carte du terrier, de voir un ouvrage pareil, quoi qu'il est un arrêt du Conseil qui l'autorise pour le Sr de la Frimire, l'arrêt n'a été prononcé que sur le rapport du Sr Broutin, arpenteur nommé d'office dans ce temps là ; il se montre aujourd'hui à la tête des fortifications, il a usé de toutes sortes de menées indignes pour se venger en faisant entendre aux habitants que je les trompais. Le Conseil a été obligé de lui imposer silence, et de ne point continuer une querelle qui ne pouvait être que préjudiciable à la Colonie. Car c'est bien sur le terrain de la compétence que la nouvelle attaque va être menée. Par précaution, Jean-Pierre s'était fait délivrer, dès le 15 février 1727, un certificat du commandant général de la Province de la Louisiane, en l'absence de M . de Bienville, certifiant "que le Sr de Lassus, premier arpenteur et employé aux fortifications de cette province y a servi utilement à différents ouvrages que nous avons vus sans qu'il nous soit venu aucun sujet de plainte contre lui, au contraire, s'y est toujours fait estimer de tous les honnêtes gens, y ayant tenu une très bonne conduite, en foi de qui nous lui avons donné le présent et fait apposer le cachet de nos armes"[réf. nécessaire]. Pour faire bonne mesure, le 20 avril 1727, M. Divon, Commandant du fort Condé de la Mobile, certifie que "Monsieur de Lassus, premier arpenteur de la colonie, est venu au fort Condé de la Mobile pour lever la carte de la même rivière, et s'en es t acquitté malgré les temps contraires qu'il a fait, où il a fait paraître son expérience et capacité à remplir tous les devoirs, avec honneur, en foi de quoi nous avons signé ce présent certificat pour lui servir et valoir en temps et lieu, et avons apposé le cachet de nos armes"[réf. nécessaire].

En dépit de ces certificats élogieux émanant des plus hautes autorités de la Colonie, Broutin, son chef direct, l'accuse d'incompétence tout au long d'un réquisitoire de plusieurs pages adressé à Paris et daté de La Nouvelle-Orléans, du 6 mai 172 7 et dont voici quelques extraits :

"Je ne saurais me dispenser, Messieurs, de vous parler ici des arpentages de cette colonie qui font pitié. Le conseil m'envoya chercher un jour pour me demander mon sentiment là dessus, en présence du Sr Lassus à qui je dis qu'il ne travaillait pas comme il faut, et que les arpentages ne valaient rien, parce qu'ils faisaient perdre aux uns et gagner aux autres, défaut en m'adressant la parole : "vous savez bien qu'il faut que ceux qui sont dans les pointes des rivières perdent, et au contraire ceux qui sont dans les anses gagnent". À quoi je répondis que je n'entendais point cette langue, et qu'il fallait arpenter de manière que tout le monde ait son compte en superficie. Pour vous prouver entièrement l'incapacité du sieur de Lassus, Messieurs, je vous dirai qu'il a dit en plein conseil et à M. Périer, qu'on ne pouvait point lever la carte géométriquement, ni trigonométriquement du Mississippi. Il a aussi dit qu'on ne pouvait point arpenter dans les bois, il a encore dit que le Mississippi avait 8 arpents de largeur à La Nouvelle-Orléans, pendant qu'il a 330 toises (630 mètres, ce qui est exact, du moins au XXe siècle), en ayant fait l'opération moi-même trigonométriquement. Ne croyez pas Messieurs que ce soit par récrimination, ni que je veuille mal en rien au Sr Lassus, mais que tout ce que j'en dis est pour me décharger, afin que l'on ne puisse pas m'en imputer la faute, le Conseil m'ayant appelé pour en dire mon sentiment, et ce que je fais n'est que pour le bien de toute la colonie et des habitants, et vous avertir que vous donnez 3000 livres d'appointements aux deux frères pour embrouiller les arpentages et mettre en procès tous le s habitants. N'est-il pas honteux que depuis 2 ans qu'ils sont ici, ils n'aient encore pour ainsi dire rien fait comme il faut au contraire. Je vous assure d'honneur qu'il n'est pas capable de le faire. Il a osé dire qu'il est arpenteur et géographe du Roy, et qu'il avait laissé ses certificats à M. de la Salve. Si vous vous en informez bien, vous verrez, Messieurs, qu'il n'a jamais travaillé, du moins seul, tout au plus s'il avait travaillé[réf. nécessaire].

Et là, il dévoile que c'est bien une querelle de personne, et qu'il ne veut aucun rival sur son terrain : "Quand vous serez persuadé que j'ai l'honneur de vous assurer en honneur, vous n'aurez que faire de vous mettre en peine d'envoyer personne, attendu que je me ferai un plaisir de les faire sans que cela me dérange ". Et pour achever son rival, il rajoute encore : "Je crois qu'il serait à propos, Messieurs, de rendre l'arpenteur responsable des fautes, qui serait comme en France, car autrement vous courez grand risque de n'avoir jamais que des arpenteurs ignorants"[réf. nécessaire].

Broutin, supérieur hiérarchique direct de Jean-Pierre de Lassus, le déclare incompétent, prétend que ses arpentages vont dresser les habitants les uns contre les autres, alors que le Commandant Général, Bienville, et son adjoint, ainsi que le Commandant du Fort Condé, se louent de ses services.

La révocation

Intervient alors l'événement décisif qui fera la perte de Jean-Pierre : Étienne de Périer (ou du Perrier), remplace Bienville au poste de Commandant général et Président du conseil de Régie. Il est favorable à Broutin. Le 2 novembre 1727 Périer et La Chaise épousent les thèses de Broutin, et écrivent au bureau de la Louisiane : "le sieur Lassus, arpenteur, que vous avez envoyé ici, n'entend rien à ce métier. Il causera des procès immenses par la suite."[réf. nécessaire] Jean-Pierre est vaincu, et décide de rentrer en France. Mais Périer poursuit : "Il veut repasser, mais il faut payer ce qu'il doit. Comme nous n'avons aucun ordre pour cela, nous n'y pouvons consentir"[réf. nécessaire].

Ce sera fait le 3 novembre 1728, date à laquelle M. de la Chaise écrit à Paris : "Nous avons révoqué le sieur Lassus. Il doit passer par le premier vaisseau qui ira en France en droiture. Et nous recevons son obligation de ce qu'il pourra devoir à la Compagnie après avoir rendu les effets qu'il a ici ; M. Broutin fait actuellement les arpentages depuis le bord du fleuve jusqu'ici, et fera le reste en montant aux Natchez. Nous ne pensons pas que Monsieur Périer et lui aient besoin du Sr Baron pour lever les difficultés que se trouveraient dans l'arpentage, le Sr Broutin étant fort au fait de cette sorte d'arpentage"[réf. nécessaire]. Broutin, à force d'intrigue, a donc gagné, et obtenu que Lassus soit évincé à son profit. Et lorsque Bienville, lui-même révoqué en 1727, pour des raisons probablement similaires de rivalité, reviendra la tête haute en 1731 comme Gouverneur de Louisiane, devenue Colonie de la Couronne, il sera trop tard pour Jean-Pierre. Celui-ci quitte la Louisiane pour la France, laissant son frère Marcilly sur place. Mais contrairement aux instructions, son bateau fait relâche à Saint-Domingue : ce sera le tournant de sa vie.

Saint-Domingue

À cette époque, Saint-Domingue, partie française de l'île, devenue depuis Haïti, est la perle des Antilles. La culture et le commerce du sucre et de l'indigo font la fortune des plus grandes familles françaises qui y possèdent des habitations, ain si que des négociants et armateurs de Nantes, La Rochelle ou Bordeaux. Le port du Cap Français (devenu Cap Haïtien), alors capitale de la colonie, fourmille d'activité : il n'est pas rare d'y voir 150 bateaux à l'ancre !

Le 14 février 1730, Jean-Pierre brigue un commandement militaire, le poste d'Aide-major de Bayaha, et se fait délivrer à cet effet un certificat de recommandation de Dujarry, major au Gouvernement du Cap, île de Saint-Domingue, qui écrit « que le sieur de Lassus passant par ici, s'en retournant du Mississippi, où il avait été envoyé arpenteur général, qu'il a exercé quatre années, connaissant sa capacité dans la géométrie, fortifications et dans le dessin, nous l'avons engagé à rester da ns le pays, où, depuis plus d'un an qu'il y séjourne, il nous a été d'un grand secours par ses lumières, en s'employant gratuitement à tracer les grands chemins, levées, chaussées, et conduire les autres ouvrages publics auquel notre emploi nous engage de faire travailler journellement, et que, pour récompenser ce zèle d'un aussi bon sujet, et l'attacher au service du Roy, sa majesté ayant ordonné un état major à Bayaha avec une garnison, on ne pourrait pas faire un meilleur choix, ni plus nécessaire, attendu les travaux que l'on doit faire au dit Bayaha, que de la personne dudit sieur de Lassus pour remplir le poste d'aide major des troupes auquel il ne parait pas que la cour ait encore nommé »[réf. nécessaire]. Rappelant son passé de cadet, le major souligne que « depuis son séjour dans cette ville, uniquement par le goût qu'il a pour le service, il se trouve régulièrement aux exercices que l'on fait faire aux troupes » mais aussi « qu'il fait exactement sa cour à Monsieur le Gouverneur dont il est bien reçu aussi bien que de tous les officiers de cette garnison dont il a gagné l'estime »[réf. nécessaire].

Dans la réponse négative adressée à Monsieur de La Hitte, datée de Fontainebleau le 16 mai 1730, M. de Maurepas, Ministre de la Marine écrit : "J'aurais souhaité, Monsieur, procurer au sieur de Lassus l'emploi d'aide major de Bayaha que vous avez demandé pour lui, mais le Roy en a disposé en faveur d'un officier des troupes qui servent dans la colonie. Ainsi je n'ai pu le proposer. Au surplus, vous me marquez qu'il est bien instruit dans l'arpentage et la géographie, qu'il est d'ailleurs actif et intelligent, je vois qu'il peut s'employer plus utilement pour lui en faisant usage de ses talents"[réf. nécessaire].

Son mariage et son retour en France

Heureusement, après tant de déboires, Jean-Pierre épouse en 1732, à 38 ans, Catherine Pasquier, une riche et ravissante créole, cohéritière de vastes propriétés qui feront sa fortune et celle des siens jusqu'à la Révolution. Il s'agit d'une sucrerie nommée dorénavant « habitation Lassus, située plaine du Nord, paroisse Saint-Jacques, de 91,5 carreaux de superficie (103 ha environ), distante de 2 lieues (8 km) du Cap, qui était son embarcadère, bornée au Sud et à l'Est par la rivière du Haut du Cap, et fabriquant du sucre blanc de 1re et 2e qualité ». Le lieu-dit existe toujours, déformé en Lassis ou même La Suisse, comme sur la carte dressée par les services géographiques américains dans les années 1980.

De leur union qui dura 8 ans naissent quatre enfants. Catherine meurt à Saint-Domingue en 1740, alors que la famille s'apprêtait à rentrer en France, que les deux enfants aînés avaient déjà rejointe. L'été 1740, veuf, Jean-Pierre rentre à son tour en France "vivre entre ses parents le reste de son âge"[réf. nécessaire] : son absence aura duré 15 ans.

Le capitoulat de la ville de Toulouse

Il vit d'abord à Paris puis à Toulouse, renonçant dans un acte du 18 juin 1741 à l'habitanage de Montréjeau pour celui de Toulouse dont il fut élu capitoul pour l'année 1742 : il a 48 ans.

Chaque fin d'année, Toulouse élisait 4 capitouls pour un an, un par quartier. Cette prestigieuse charge municipale suprême était très convoitée, ne serait-ce que par son caractère anoblissant. Son élection, Jean-Pierre l'obtient grâce à l'appui de L. A. de Bourbon, prince des Dombes qui répond à ses remerciements dans une lettre datée de Versailles le 26 mars 1742 : "je me suis fait un plaisir, Monsieur, de vous procurer la place de Capitoul de Toulouse que vous avés désiré". À son frère aîné il écrit le 29 novembre 1741 "je viens de prendre avis de ma nomination au capitoulat, aussi je me prépare à ramer dans cette galère. Si vous voulez venir voir le cérémonial, vous êtes né prié". Il relatera plus tard (14 septembre 1754) un incident qui lui vaudra les mauvaises grâces du Parlement, ayant "blessé la vanité de M. le 1er Président (Jean-Gaspard de Maniban) quand je fis sortir sa livrée de la comédie".

La seigneurie et château de Saint-Geniès

Il achète, en partie à crédit, la seigneurie et le château de Saint-Geniès à la famille Bertier (acte du 16 décembre 1742). Françoise Plantey rapporte que le train de maison de Jean-Pierre de Lassus était "presque princier. Il avait fait construire une salle de spectacle à l'extrémité de l'aile droite, touchant la terrasse. Il jouissait largement de son opulence, se faisant suivre de ses comédiens dans ses déplacements, et les traitant avec générosité "[réf. nécessaire].

La dernière période de sa vie

C'est à cette époque, 1742, que Jean-Pierre demande à son frère, Joseph de Lassus-Marcilly, resté après lui en Louisiane, de gérer ses intérêts à Saint-Domingue, ce que ce dernier fera jusqu'à sa mort en 1749. Il repart alors à Saint-Domingue de juin 1751 à Mai 1753. "Inutile de vous mander les désordres affreux que j'ai trouvés dans cette habitation ; après les tremblements de terre cela a été des débordements et des pluies continuelles" écrit-il à ses enfants (lettre du 14 février 1752). Lors de ce voyage il emmène Clotilde Berrurier, gouvernante de ses enfants, de 27 ans sa cadette, et annoncera à son retour qu'elle était sa femme depuis 1743.

Il s'établit alors à Paris, d'abord plus d'un an dans la paroisse Saint-Cosme et Damien, puis rue de Vaugirard où ils demeuraient tous deux depuis plus de 6 mois lors de leurs épousailles officielles le 20 septembre 1755 ; Clothilde lui donne 2 nouveaux enfants, alors qu'il a plus de 60 ans. Il entretient un correspondance régulière avec son fils resté à Saint-Geniès, 25 lettres ont été conservées, toutes annotées "mon cher père". Elles ont trait à des considérations financières et judiciaires quant aux démêlés qui l'opposèrent à son gendre, Lassus-Barsous, et au mari de sa pupille Élisabeth Lelong, Faubeau de Mallet, dit marquis de Castelbajac, avides de récupérer la fortune américaine. On lit aussi des recommandations morales et familiales au futur chef de famille. "Je vois avec plaisir que vous êtes content de vos sœurs et que vos sœurs le sont de vous. Continuez, mon fils, à pratiquer la vertu. Les biens et les honneurs sont des frivolités. En comparaison, les méchants peuvent nous ôter les biens, mais non les bonnes mœurs. J'en ai connu en vous de votre enfance, et je me suis toujours flatté que vous seriez un honnête homme" (2 juin 1753)[réf. nécessaire]. La fin de sa vie, si elle est égayée par les enfants que lui donne Sa seconde femme, est assombrie par les rhumatismes. "J'ai bien de la peine d'aller au Luxembourg, quoi que j'en sois éloigné que comme du parc au bout de la vigne" (16 août 1754)[réf. nécessaire].

Il meurt à 64 ans à Saint-Geniès, il repose dans l'église, sans que l'on sache à quel endroit exact se situe sa tombe.

Sa succession

Sa succession s'étant trouvée obérée de très nombreuses dettes, ses enfants y renoncèrent, pour s'en tenir aux biens maternels. Après sa mort Saint-Geniès fut donc vendu par ordre du jugement du tribunal des requêtes du parlement de Toulouse du 10 juillet 1760 ; Jean-François, son fils se porta adjudicataire, de sorte que la terre ne sortit pas de la famille.

Si Pierre de Lassus, l'aïeul, est la souche de la branche cadette des Lassus, Jean-Pierre en est le véritable fondateur ; son frère aîné Polonis le prévoyait-il en lui adressant ses lettres avec la suscription "Monsieur de Lassus l'ancien" ? C'est en effet lui qui établit cette branche des Lassus à Saint-Geniès, terre qui en demeure toujours le fief 250 ans plus tard ; tous ses descendants, à l'exception notable de son petit-fils Marcilly, ont, depuis, fidèlement ajouté le nom de Saint-Geniès à leur patronyme Lassus.

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