Jean-Marie Curtil
Quick Facts
Biography
Jean-Marie Curtil, dit Jean, né le à Lapeyrouse dans l'Ain et décédé le à Marseille, ébéniste de formation, fut agent de liaison pour l’Armée secrète à Polliat (Ain, France) de à . Le 12-, il effectue une mission de liaison pour le groupe Libération-Sud par l'entremise de Roger Morandat. À la suite de cette mission, il fut arrêté ainsi que nombre de camarades (dont Raymond Aubrac, Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont, Raymond Hégo, François Morin-Forestier, Paulette et Roger Morandat, etc.).
Éléments biographiques
Ces éléments sont principalement issus du Service historique de la Défense (côte GR 16 P /153247- CURTIL/DIR) et des archives privées Curtil :
- 1932 ou 1933 : la famille Curtil s’installe à Polliat (Ain) où, Antoine Curtil (père) obtient le poste de garde barrière. Il est à noter que la famille Morandat est issue du même village.
- 1928-1934 : école de Carriat à Bourg-en-Bresse où Jean-Marie Curtil obtient les brevets de charron-menuisier-ébéniste.
- au : service militaire, chef de bataillon Warringen, 16 Bataillon des Chasseurs à pied.
- au : 19 Bataillon des Chasseurs à Pied (campagne de Norvège).
- Entre et : ébéniste :
- Il enseigne son métier à l’école dite du Bacchu (EAS, place du , Lyon) ;
- Ébéniste à Lyon dans la maison de meubles d’un dénommé Lambert (d’après le rapport de la Section Spéciale de Lyon);
- Du au : agent de liaison pour l’A.S. Polliat (Ain) dont le chef était alors Henri Morandat. On lui reconnaît les activités suivantes :
- Agent de liaison avec les groupes voisins ;
- Propagande et diffusion ;
- Instruction sur l’armement ;
- Transport d’armes.
Chronologie des évènements ayant conduit à son arrestation
La chronologie est issue des fonds déposés aux Archives départementales du Rhône :
12 mars 1943
Jean-Marie Curtil est mis en contact par Roger Morandat avec deux résistants, soit Serge Ravanel (alias Asher ou Pressencé) et Alfred Malleret Joinville. Il a rendez-vous avec eux place Bellecour à Lyon. Ces derniers lui présentent un dénommé Gaillard avec lequel il devra se rendre à Chambéry.Il prend donc le Paris-Modane en compagnie Maurice Kriegel-Valrimont (alias Gaillard ou Gayet ou Maurice Fouquet) qui lui fournira une fausse carte d’identité au nom de Destuel, non tamponnée et sans photo (Jean-Marie Curtil étant réfractaire au Service du travail obligatoire).Les deux hommes voyagent séparément.Curtil profite d'un arrêt pour coller une photographie sur sa nouvelle carte d'identité. Arrivé à Chambéry, Maurice Kriegel Valrimont le conduit pour la nuit chez Stephens (architecte) qui le cache chez son employé, Vidal. M. Kriegel-Valrimont, quant à lui, passe la nuit chez Stephens.
Le lendemain, les deux hommes ont rendez-vous dans une rue de Chambéry oùil est remis à Jean-Marie Curtil, une enveloppe avec 4 plis avec des adresses écrites en clair. Il s’agit donc pour lui de les remettre dans les boîtes aux lettres indiquées à Lyon.
13 mars 1943
Jean-Marie Curtil reprend le Modane-Paris avec l'ordre de reprendre contact, à son arrivée, avec Roger Morandat.
Dans la nuit du 13 au , le Paris-Modane fait un arrêt à Bourg-en-Bresse (23 h 35). Jean-Marie Curtil descend et s’installe dans la salle d’attente des 1 classe. A-t-il rendez-vous ? Veut-il éviter d’arriver à Lyon de nuit pendant le couvre-feu, sachant que les contrôles y sont plus sévères ? Envisage-t-il donc de prendre un train plus tard pour Lyon (7 h) et de passer la nuit à Bourg ? D'après le rapport du procureur de la République à Lyon, Ducasse, en date du , il avait reçu l'ordre de reprendre contact avec un « dénommé Morandat ». La femme de Roger Morandat, a avoué, lors de son arrestation, que « Préssencé » (pseudonyme de Serge Ravanel) était venu, le , remettre, à son mari, une enveloppe portant comme seule mention « Ain » et avait demandé à son mari de faire la liaison entre Bourg et Lyon.
14 mars 1943[12]
Quoi qu’il en soit, il est contrôlé par deux gendarmes, Andrieu et Matray. Ceux-ci trouvant sa carte suspecte, lui mettent les menottes et le conduisent à la gendarmerie.Fouillé, quatre plis sont alors découverts dans ses chaussettesainsi qu'un rapport sur la situation en Savoie. Il est transféré, le lendemain, à Lyon.
15 mars 1943
À la suite de son arrestation, les descentes de police s’ensuivent, le , aux adresses indiquées sur les enveloppes : Biard, 7 rue de l'Hôtel-de-Ville ; Billon, 7 rue des Feuillants ; Grollier, 64 rie Sala et Balzac, 59 rue de L'Hôtel-de-Ville.
12 octobre 1943[16]
Condamnation, par la Section Spéciale de Lyon, à 1 000 francs d’amende et 15 mois d’emprisonnement pour activités antinationales, refus du S.T.O. et fabrication de fausses cartes d’identité.
Détention et déportation[17]
- du au : prison de Saint-Paul, Lyon ;
- du au : centrale d’Eysses (matricule 2340) ;
- du au : Camp d'internement de Noé
- du au : Prison de Saint-Michel (Toulouse)
- du au :Munich (Allemagne)
Voir aussi
Sources
- Archives départementales du Rhône, cote 3U 2010. Document téléaccessible à l'adressehttp://charles.delestraint.free.fr/an4-11.htm(Rapport du procureur de la République de Lyon, du , adressé au procureur général à Lyon, concernant les faits établis à partir des arrestations de ).
- Alex BOUTIN, Extrait du film "Sur les pas de Jean Moulin", Seconde arrestation le à Lyon. Témoignage filmé de Serge Ravanel. , Ministère de l'Intérieur – DICOM. Document téléaccessible à l’adresse http://museedelaresistanceenligne.org/media1179-Seconde-arrestation-le-15-mars-1943-A.
- Lucie AUBRAC, Ils partiront dans l’ivresse, Paris, Seuil, 1984, p. 9.
- archives nationales côte BB/18/7065, 2 BL 4063/3, n 99
- François BÉDARIDA, « Chapitre deux : mars-. La première arrestation de Raymond Aubrac (première partie) ». Libération, Spécial Aubrac. 09/07/1997. Article téléaccessible à l’adresse suivante : http://www.liberation.fr/societe/1997/07/09/special-aubrac-chapitre-deux-mars-mai-1943_211253
- Service historique de la Défense – dossiers administratifs de résistants – Dossiers individuels / Résistance - côte GR 16 P /153247- CURTIL (DIR).
- Archives privées Curtil
- Mémoire de la déportation dans l'Ain (1939-1945) - site téléaccessible à l'adresse suivante : http://www.memoire-deportation-ain.fr/la-r%C3%A9sistance-arm%C3%A9e.aspx
- Henri NOGUÈRES, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, T.III, Genève, Crémille et Famot, 1982.
- Serge RAVANEL, L’esprit de résistance, Paris, Seuil, 1995, p. 101.
- Olivier WIEVIORKA, « Daniel Cordier, Résistant, biographe de Jean Moulin. “en tant que camarades des Aubrac, je souhaiterais qu’ils s’expliquent”», Libération, le . Article téléaccessible à l’adresse : http://next.liberation.fr/culture/1997/04/08/daniel-cordier-resistant-biographe-de-jean-moulinen-tant-que-camarade-des-aubrac-je-souhaiterais-qu-_203288
Bibliographie
- Jean-Pierre AZÉMA (dir.), Jean Moulin face à l’Histoire, Paris, Flammarion, 2000, 418 p.
- Gérard CHAUVY, Aubrac-Lyon, 1943, Albin Michel, 1997, 456 p., p. 35, 44, 55 et 89.
- Laurent DOUZOU, La Désobéissance: histoire d'un mouvement et d'un journal clandestins, Libération-Sud, 1940-1944, Odile Jacob, 1995, 748 p., p. 218.
- François-Yves GUILLIN, Le général Delestraint, premier chef de l'Armée secrète, 388 p., Plon, 1995
- Éric MALO, « De Vichy à la Quatrième République : le camp de Noé (1943-1945)», dans Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, 1992, Vol. 104, n199, p. 441-458.
- Antoine PROST (sous la direction). La résistance, une histoire. Paris, Éditions de l’Atelier, 1997.
- Musée de la résistance en ligne (1940-1945), http://www.museedelaresistanceenligne.org/expo.php?expo=19&theme=18&stheme=94
- http://www.memoire-deportation-ain.fr/KSearchEngine/FicheDeporte.aspx?pageid=-1&mid=-1&id_entree=1413
- http://museedelaresistanceenligne.org/expo.php?expo=90&theme=174
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