Jean Chrysostome Larcher
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Biography
Jean Chrysostome Larcher, comte de La Tournaille, né le 5 avril 1720 à Augan dans le Château du Bois de Loup et mort le 27 juillet 1794 à Paris, est reconnu pour ses talents de poète et de philosophe.
Biographie
Famille et jeunesse
La famille Larcher est connue comme l'une des plus nobles et des plus anciennes dans la province de Bretagne. Elle donne son nom à la seigneurie de la Touche-Larcher. La famille reçoit le titre de comte en l'an 1500 par Louis XII "en récompense des services rendus à la couronne par lui et ses ascendants". Elle s'arme : "de gueules à trois flèches empennées d'argent, les pointes en bas" avec pour devise : "Le coup n'en fault."
Jean-Chrysostome est fils d'Isidore Larcher, écuyer, seigneur du Bois-du-Loup, de l'Escoublière, de la Vallée, en Augan ; du Choysel, en Guer; chef de nom et de sang, ex-brigadier des armées du Roi et de Marie-Anne Gaillard, demoiselle de la Noë et du Bignon, en Ploërmel, mariés le 19 mai 1719.
Ils n'eurent que deux enfants jumeaux : Chrysostome-René et Jean Chrysostome tous deux nés à Augan et baptisés à Ploërmel, le 5 avril 1720. Le premier mourut vers 1731 à l'âge de 11 ans, et le second fut le comte de la Touraille.
Jean-Chrysostome résida avec ses parents dans le château du Bois-de-Loup jusqu'en 1731, par la suite il accompagna sa tante Jeanne-Michelle Larcher, seigneur de Couëbicot qui reçu par partage la seigneurie du Bois-du-Loup, il alla demeurer au château de la Touraille, également en Augan, que son père avait acheté en 1716 à la famille Liger, seigneurs de la Châteigneraye.
Les revenus des parents de Chrysostome étaient mince avec une pension de retraite de son père équivalent à 800 livres, la métairie noble de Choysel, en Guer qui pouvait rapporter 600 livres et la seigneurie de la Touraille, d'un revenu d'environ 900 livres. Pour sa mère, elle avait une rente de 1200 livres soit au total 3 à 4000 livres de revenus.
Au mois d'octobre 1732, Chrysostome fut envoyé a Rennes afin d'y recevoir une éducation déjà entamée par des prêtres d'Augan notamment l'Abbé Mouillard. Il dit dans son recueil que son éducation à Augan fut inutile. Au collège il fut connu sous le nom de "petit du Bois-de-Loup", il y resta jusqu'en 1738. Il revint alors habiter la Touraille.
Chrysostome allait souvent au Château de Lemo, chef-lieu de la haute-justice de la paroisse de Augan, pour y rencontrer une autre tante et oncle, Thomas le Doüarain, chevalier, seigneur de Lemo, des Marchix, de la Tieulais, du Chesnoran etc ..., époux de Madelaine Desgrées du Loû, et père de quatre enfants. Il y rencontra sa cousine Jeanne le Doüarain presque du même âge que lui soit vingt et un ans. De cette rencontre fut alors le premier baiser de l'amour sous le vieux chêne de Lemo qui se termina par un mariage en l'église d'Augan le 14 juillet 1739 alors que Chrysostome n'avait que dix-neuf ans et Jeanne le Doüarain vingt et un ans.
Le couple habitèrent dans le Château de la Touraille, cependant, en donnant naissance à son troisième enfants, Jeanne succombe à l'opération le 17 mai 1742. Elle fut donc inhumée le 18 mai 1742 dans l'enfeu seigneurial de Lemo dans l'église d'Augan.
Son nouveau départ face à ses difficultés
Désormais seul, Chrysostome devait penser à son avenir et celui de ses enfants. Pour cela, il entra sous influence du duc de Rohan dans la Maison de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé où il devint le maitre de camp, ce furent deux compagnons inséparables.
En 1751, il revint à la Touraille rejoindre sa mère vivre son dernier souffle, elle fut inhumée dans l'enfeu de Lemo également dans l'église d'Augan le 14 septembre 1751. Il se rendit ensuite à Rennes aux États de Bretagnes, où il a été nommé pour vérifier les comptes rendus par Monsieur Boyer de la Boissière, trésorier des États depuis 1720.
Il avait écrit à Louis-Joseph de Bourbon, le duc de Rohan pour faire part du décès de sa mère:
« Qui pourrait jamais remplacer, dans le cours de la vie, une bonne mère !... Elle était presque morte, que sa tendresse pour moi vivait encore... Sans vous aujourd'hui, Monsieur le Duc, je me croirais seul sur la terre... -[...]de revenir à Paris, où le temps et les plaisirs de la capitale lui feraient vite tout oublier; [...] l'autorisant, s'il avait besoin d'argent, à en puiser dans la caisse de son intendant. -Non, Monsieur le duc, riposta la Touraille; un oubli semblable serait le procédé d'un ingrat; et jamais mon cœur ne m'a permis de l'être. Est-ce que les ducs et pairs dédaignent ces regrets, naturels au village, peut-être surannés et ridicules à la Cour!... Quant aux plaisirs, ma fantaisie même n'admettra jamais que des plaisirs aussi honnêtes qu'irréprochables. Cette fierté pudique me rendra peut-être encore plus digne de votre estime... Je n'irai point, comme vous voulez bien m'y convier, emprunter de l'argent au receveur général de votre duché. Comment en aurait-il pour moi, lui qui n'en a pas le plus souvent pour vous. »
— Jean Chrysostome Larcher et Louis-Joseph de Bourbon, Dialogue épistolaire
Et enfin, en 1754, Chrysostome fut de nouveau frappé par la mort, celui de son père cette fois-ci alors âgé de soixante-seize ans, impotent et gravement malade. Pour couvrir les frais de soins, il venda la métairie du Choysel; et; le 30 novembre 1754, il emprunta sur le prix de cette vente une somme de 2000 livres à Jacques Vatar fils, libraire à Rennes. Il est dit dans cet acte d'emprunt: Jean-Chrysostome Larcher, chevalier, seigneur de la Touraille, premier écuyer et grand-officier de S.A.S Mgr le prince de Condé, demeurant à Paris, faubourg Saint-germain, et actuellement logé à Rennes "Hôtel Grand'Maison", en la paroisse Saint-Étienne.
Isodore Larcher mourut le 28 janvier 1755 et fut inhumé le surlendemain dans l'enfeu de Lemo, en l'église d'Augan. C'est alors que Jean Chrysostome Larcher prit le titre de "Comte de la Touraille"; il regagna peu après, Paris, pour retourner vers le Prince de Condé à son service d'aide de camp.
Ses exploits militaires glorieux pendant la guerre de Sept ans
Chrysostome accompagna donc le prince de Condé principalement durant toute la guerre de Sept ans. La guerre fut déclarée en Juillet 1756 et Condé se devait de rejoindre l'armée française en Allemagne sous les ordres du maréchal d'Estrées pour s'enrôler comme volontaire dans le régiment de son ami, le lieutenant-général Chevert et dont le comte de la Touraille devait faire paraître l'épitaphe dans "l'almanach des Muses", en 1769 le jour de sa mort. Ce fut à la bataille d'Hastembeck, le 13 août 1757, que le prince de Condé s'élançait pour enlever une position qu'occupait l'artillerie anglo-allemande du duc de Cumberland, le comte de la Touraille, alors chargé de modérer son impétuosité, s'approche de lui, et le supplie de s'éloigner de quelques pas afin de ne plus être autant exposé aux boulets de l'ennemi.
On pense aujourd'hui que le Comte de la Touraille y a perdu beaucoup de ses amis Bretons durant cette bataille victorieuse, parmi eux, tués ou blessés: tués: le comte de Beaufort, le comte de Montmorency-Laval (colonel du régiment de Guyenne); blessés: M. de Becdelièvre (lieutenant au régiment d'Enghien), M. de Boisgeslin (lieutenant au régiment de volontaire de Flandre), M. du Molant (lieutenant au régiment de Picardie), M. de Gouyon de Matignon (lieutenant au régiment d'Enghien), M. de Langle (capitaine au régiment de Champagne).
Dans une lettre attribuée à M. de Porcaro en 1764 de la part du comte de la Touraille, fut mentionner que si la bataille d'Hastembeck a été victorieuse qui décida de la conquête d'Hanovre, c'est uniquement grâce au Breton, le marquis de Bréhand, fils du Héro de Dantzig, qui donna une charge héroïque d'un régiment de grenadiers mais qui fut aussi blessé.
Cependant, le prince de Condé et donc Chrysostome n'eut pas assistés à la bataille de Rosbach entre Frederic II de Prusse et l'armée Française qui fut très sanglante pour la France. Voltaire par ailleurs eu félicité les vainqueurs Prussiens par des vers antipatriotique. Cet acte fut le début des tensions entre le philosophe et Jean-Chrysostome [mentionné plus tard dans l'article]. Par ailleurs, le prince prit une part glorieuse au combat de Lutzelberg, le 28 octobre 1758 mais aussi à la bataille de Minden, le 1er aout 1759 où le comte de la Touraille fut assez grièvement blessé, au siège de Meppen, le 30 ocobre 1761, à la bataille de Grumminger, le 30 aout 1762 et à celle de Johannisberg, le 2 Septembre suivant.
La guerre pris fin dès lors du traité de paix à Paris en 1763 qui ramena le comte de la Touraille et son maitre au château de Chantilly.
Pendant la guerre, entre deux victoires, le comte de la Touraille du faire face aux morts successifs des membres de sa famille : sa femme, sa mère, son père, et deux de ses enfants. Son fils ainé Isidore-François, né à la Touraille le 11 mai 1740 avait été tué, comme enseigne de vaisseau, le 21 septembre 1758, sur la corvette "La Calypso" dans un vif combat contre deux frégates anglaises en direction du port de Brest. Sa fille, qui avait couté la vie à se mère, née au château de Lemo le 27 avril 1742, avait été admise le 23 avril 1754 comme demoiselle à St-Cyr, où elle est morte le 4 octobre 1756.
Lors du traité de paix qui mit fin à la guerre de Sept ans, en 1763, le comte de la Touraille était maitre de camp de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, aide de camp et premier gentilhomme de la Maison du prince de Condé. En 1764, il fut nommé directeur en chef des fortifications des côtes de Bretagne, poste qu'il occupa jusqu'en 1767, et il prit une part active aux travaux faits à cette époque aux fortifications du port et de la ville de Brest. Pendant son séjour dans cette ville, il eut le désir, qu'il exprime dans une de ses lettres, de s'embarquer avec La Fayette pour prendre part à la guerre de l'indépendance des Etats-Unis. Ayant été créé maréchal de camp; le 16 avril 1767, il revint auprès du prince de Condé.
Son second mariage
Restant plus que son second fils Joseph-Jean-Chrysostome alors né à la Touraille le 24 avril 1741, était au collège à Paris, et devait devenir en 1773, enseigne de vaisseau, et en 1785, lieutenant de vaisseau et chevalier de Saint-Louis.
Jean-Chrysostome de la Touraille décida donc de contracter un second mariage à Paris, le 6 février 1759 avec Marguerite-Louise Patiot, fille de Jean-Baptiste Patiot, ex-trésorier des armées du Roi, et de Anne de Larminat, dont il devait avoir trois enfant :
-Louis-Joseph-Antoine, né à Thionville, le 25 octobre 1760, qui eut pour parrain le prince de Condé; admis à l'école de la Flèche, le 6 septembre 1769, il entra comme Cadet-gentilhomme à l'école militaire, le 1er juin 1776, servit ensuite comme Cadet dans le régiment de Périgord, et fut nommé, le 8 février 1782, lieutenant au régiment de Bourbon-dragons, devenu le 3e dragons 1791; en 1793, il émigra et alla rejoindre en Autriche le général Dumouriez: enfin il prit part à l'éxpédition de Quiberon et fut fusillé le 2 août 1795.
-Louis-Esprit-Juvénal, né dans le diocèse de Metz, le 9 décembre 1767, recut le 21 août 1775, à l'âge de onze ans, un constitut de 24 000 livres de messire Antoine Penfrant-Arnoult, prêtre et chanoine de Saint-Louis-du-Louvre; il fut admis au collège de la Flèche, le 12 janvier 1785 et fut nommé, en 1788, sous-lieutenant au régiment d'Enghien-infanterie; il mourut sans alliance, le 10 mai 1829.
-Marie-Thérèse-Mathurine, née en 1769, qui mourut sans alliance, en 1806.
Dix-huit mois auparavant, en juillet 1765, pressé par des embarras d'argent, il avait vendu la Touraille, par l'intermédiaire du Comte Colomban Desgrées du Loû, à son beau-frère, Pierre-Noël-Gabriel le Doüarain, seigneur des Marchix, d'une somme de 26 000 livres. Mais il a soin de stipuler dans l'acte de vente qu'"il se réserve le droit, pour lui, et pour ses successeurs, de porter de titre de cette seigneurie;" et l'une des clauses du contrat est que "M. le Doüarain s'engage à restaurer immédiatement la maison de la Touraille et à la mettre en parfait état". Cependant, il avait longtemps regretté cette vente de ce château dont il portait le nom, et à laquelle il était attaché; et ses lettres sont pleines du souvenir et de l'affection qu'il gardait à sa paroisse natale.
Il y revint, en 1773, pour assister, le 16 septembre, au château de Villefief, situé à 1500 mètres au Nord du Bourg d'Augan, au mariage de son fils Joseph-Jean-Chrysostome, qui venait d'être nommé enseigne de vaisseau, avec Perinne-Marie-Gabrielle de la Fresnays, demoiselle de la Villefief.
L'année suivant, le 16 septembre, il revint à Augan pour servir de parrain à sa petite-fille Marie-Chrysostomine Larcher de la Touraille, issue de ce mariage, et dont la naissance tua sa mère. Cette même année 1774, il siégea aux États de Bretagne, tenus à Rennes, et auxquels il avait déjà assisté en 1751 et 1770. Mais ses relations avec Voltaire et les philosophes le firent mal voir de la plupart des gentilshommes bretons et, peiné de la froideur de cet accueil, il retourna à Paris pour ne plus revenir en Bretagne, où cependant il comptait, et où il conserva beaucoup de fidèles amis.
Il était alors "Comte de la Touraille, Maréchal de Camp, Brigadier des Armées du Roi, Chevalier de Saint-louis, Aide de Camp et Gentilhomme de la Chambre de S.A.R le Prince de Condé." Il devait devenir "Commandant de la place de Sarreguemines, Gouverneur des villes de Poutrelles et d'Auxonnes, et Gouverneur général du duché de Bourgogne."
Jean Chrysostome Larcher de la Touraille fut donc condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris, comme conspirateur, pour relation avec l'ennemi avant l'invasion de 1792. Mort sur l'échafaud (guillotiné), barrière du trône, aujourd'hui Place de la Nation, à Paris le (27/07/1794). Inhumé en fausse commune au cimetière de Picpus (Paris 12e).
Ses œuvres et son goût pour la philosophie
C'est au château de Chantilly que le prince de Condé invita de nombreux intellectuels d'art, de sciences et de lettres où la Touraille prit goût et fréquenta les philosophes tels que Voltaire, Diderot, Duclos, d'Alembert, Rousseau etc ... Le comte de la Touraille fut présenté comme quelqu'un ayant beaucoup de culture et d'un esprit distinct, il fut présenté aux autres personnes par un certain Germain-François Poullain. Cependant, comme en témoignent des lettres qui furent adressées par Voltaire, il ne partagea pas leurs idées anti-religieuses. Il était, comme il le dit lui-même dans un de ses portraits : « Philosophe un peu par nature, Et beaucoup par nécessité. »
Il resta toujours, au point de vue littéraire, un admirateur de Voltaire, seulement il eût vouloir voir élaguer de ses écrits fut le fatras anti-religieux.
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