Jacques Soulas

Jacques Soulas, né le 31 août 1907 à Lézinnes (Yonne), était un résistant français.

Jacques Albert Jean Luc Soulas est né le 31 août 1907 à Lézinnes (Yonne).

En 1939, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il est juriste dans une compagnie d'électricité. Il est mobilisé comme caporal (ou soldat). En juin 1940, après la bataille de France, il est emmené comme prisonnier de guerre dans l'Est de l'Allemagne, comme des centaines de milliers de soldats français. Comme des milliers d'autres, il tente de s'évader pour rentrer au pays. Ce qui le rend singulier, c'est qu'il fait partie du très petit nombre (218 au total) qui ne se dirige pas vers l'Ouest, vers la France lointaine, mais vers l'Est et l'URSS plus proche, et qui y parviennent. Leurs mésaventures ne sont pas terminées : alors qu'il croyaient avoir échappé à la captivité, ces soldats ne connaissent pas un seul jour de liberté.

Lorsque Adolf Hitler attaque l'URSS en juin 1941, tout change : ce pays devient un des Alliés. Comme ses camarades, à l'exception de 32 sympathisants qui choisissent de se mettre au service de l'Union soviétique, Jacques Soulas est transféré en Grande-Bretagne. La plupart de ces hommes, acharnés dans l'insoumission, sont convaincus d'être investis d'une mission et deviennent volontaires de la France libre. On les surnomme « les Russes ». Jacques Soulas s'engage dans les Forces françaises libres à Londres en septembre 1941.

Jacques Soulas est recruté par André Dewavrin, surnom « colonel Passy », le chef du Bureau central de renseignements et d'action, les services secrets de la France libre. Il est renvoyé en France dans la nuit du 1er au 2 avril 1942, chargé de diverses missions de renseignement par Dewavrin. Un Westland Lysander du Squadron 161 (pilote : sergent L. Murphy) le dépose clandestinement dans l'Eure, à 2 km à l'est d'Étrépagny et 11 km à l'ouest de Gisors. L'avion ne repart pas à vide, mais ramène en Angleterre deux passagers : Claude Lamirault, alias « Fitzroy » (futur Compagnon de la Libération) et sa femme Denise Lamirault, alias « Panthère », mais celle-ci souffre du mal de l'air. Jacques Soulas, quant à lui, est connu sous divers pseudonymes : Salmon, parfois abrégé en Salm, AM 31, ou Lézinnes, du nom de son village natal.

Sa mission, confiée par le Commissariat à l'intérieur, consiste à prendre contact avec des personnalités politiques de la IIIe République afin d'établir le rôle qu'elles pourraient jouer dans la Résistance, et essayer de les persuader de rejoindre le général de Gaulle, qui se trouve un peu seul en Angleterre. Pour ce faire, il emporte trois millions de francs destinés à Jean Moulin, et on a promis de lui expédier rapidement un radio.

En effet, la plupart des chefs de mission en France (renseignement politique, économique ou militaire, organisation de parachutages et d'atterrissages, de sabotages, de propagande, d'évasion, etc.) étaient accompagnés d'un opérateur radio, dans la mesure où, denrée rare, il y en avait un de disponible, pour assurer les communications avec leur base en Angleterre. Mais Jacques Soulas ne reçoit son opérateur radio qu'en juin. Le 30 mai 1942, le radio Maurice de Cheveigné, alias « Eel », alias « Iroquois », alias « Salm W », est parachute par un Handley Page Halifax du Squadron 138 de la Royal Air Force à 3 km au sud de Thoissey (Ain).

Jacques Soulas est rentré à Lyon, et a réintégré officiellement sa vie familiale et sa situation professionnelle d'avant-guerre. Il habite au 10, Montée des Carmélites, avec sa femme et ses enfants. Il a repris son travail aux Câbles de Lyon, une couverture impeccable. À Uzès, Maurice de Cheveigné trouve son contact, un ami d'André Diethelm qui lui donne l'adresse de Jacques Soulas. Les retrouvailles sont chaleureuses : les deux hommes se sont connus à Londres. Des télégrammes, arrivés par le truchement d'un réseau polonais lyonnais, avaient annoncé à Soulas l'arrivée de Cheveigné. Par mesure de sécurité, Cheveigné ne le rencontre jamais et communique avec lui uniquement par l'intermédiaire de sa boite aux lettres. Il lui a demandé d'organiser, seul, son existence, mais lui alloue une substantielle mensualité de 5 000 francs.

La mission s'avéra trop lourde pour Jacques Soulas. Au mois d'août 1942, il lui fallut reconnaître qu'il n'avait guère progressé. Il reçut l'ordre d'abandonner ce qui lui restait à faire sur le plan du renseignement, et de demander des instructions politiques à Jean Moulin pour la suite.

Jacques Soulas est arrêté et déporté.

• Grande médaille d'or de la Société d'encouragement au progrès