Jacques de Sibour

Gabriel Osmund Jacques Blaise de Sibour, né le 8 avril 1896 à Cannes (Alpes-Maritimes) et mort le 22 avril 1979 à Lisbonne (Portugal), était un aviateur et aventurier français.

Belle Époque

Gabriel Osmund Jacques Blaise de Sibour (il utilisera toute sa vie son troisième prénom comme prénom courant) naît le 8 avril 1896 à Cannes sur la Côte d'Azur. Il est issu d'une famille franco-américaine. Son père est le comte Jean Theodule Francisque Louis de Sibour, né le 19 mars 1865 à Charleston (Caroline du Sud) et mort le 24 avril 1929. Sa mère, Kathryn Bailey, est née le 28 mai 1871 à Philadelphie (Pennsylvanie) et morte en août 1912 dans le Rhode Island. Ils se sont mariés en 1890 à New York, où le grand-père de Jacques avait émigré au XIXe siècle. La même année, Jean Theodule Francisque Louis de Sibour revient s'installer en France. Jacques de Sibour a un frère aîné, Louis, né à Paris en 1891.

Jacques de Sibour suit des études littéraires en France et en Grande-Bretagne. Il obtient son baccalauréat en 1913. En 1914, il est étudiant en lettres. Alors qu'il se rend aux États-Unis sur le paquebot SS Celtic de la compagnie maritime White Star Line, il fait la connaissance, lors de la traversée entre Liverpool et New York, d'une jeune américaine : Violette Selfridge. C'est la fille de Henry Selfridge, le propriétaire des grands magasins Macy's et Selfridges. Cette idylle naissante est interrompue par le début de la Première Guerre mondiale.

Première Guerre mondiale

Jacques de Sibour devance l'appel et s'engage le 23 décembre 1914 au 3e régiment de dragons. Après plusieurs citations et une blessure, il obtient en 1916, lors d'un séjour à l'hôpital, son transfert dans l'aviation. Il passe par plusieurs écoles durant l'année 1917. Il arrive à Dijon comme élève pilote le 15 février 1917, il y apprend la théorie. Il apprend ensuite le pilotage élémentaire à Juvisy, et après son perfectionnement à Avord et un stage de chasse à Pau, il obtient son brevet de pilote le 10 mai 1917. Parlant couramment anglais, le maréchal des logis Jacques de Sibour est affecté comme moniteur à Juvisy, où sont formés des pilotes américains. Il y vole sur Caudron G.3.

Jacques de Sibour rejoint ensuite l'escadrille SPA 150 le 18 janvier 1918. Dès le 4 février 1918, il est cité à l'ordre du 1er Groupe d'aviation pour un combat contre 4 LVG. Cependant, quelques jours plus tard, il rentre tardivement de permission, et par mesure disciplinaire il est renvoyé dans la cavalerie, au 21e régiment de dragons. Il y obtient une nouvelle citation le 17 juillet 1918 pour avoir, sous le feu, incendié un avion français abattu entre les lignes, évitant qu'il ne tombe aux mains de l'ennemi. Le 26 juillet 1918, il est blessé par un éclat d'obus et hospitalisé. Une greffe s'avère nécessaire. Peu après sa sortie de l'hôpital, il est victime d'un grave accident et encore blessé à la tête. Il reste à l'hôpital puis en convalescence jusqu'à sa démobilisation, en août 1919. Il est alors versé dans les réserves avec des états de service élogieux.

Entre-deux-guerres

Après sa démobilisation, Jacques de Sibour, qui est toujours resté en contact avec Violette Selfridge, se rend à Londres pour la retrouver et rencontrer son père, Harry Gordon Selfridge. L'homme d'affaires est séduit par le titre de noblesse et le passé d'aviateur de Jacques. Depuis le début du siècle, il est convaincu de l'avenir de l'aviation et du marché que cette activité pourra représenter dans ses affaires. Il embauche Jacques et donne son accord au mariage avec Violette. Le mariage a lieu le 5 mai 1921 à Kensington (Londres). Le jeune couple s'installe à Londres, où naît le 29 janvier 1922 leur fils, Jean Jacques Henri Blaise de Sibour, qui deviendra pilote de chasse, comme son père, à la guerre suivante, mais n'y survivra pas. Le couple aura un deuxième enfant, une fille prénommée Jacqueline, née à Paris en mars 1933.

De 1921 à 1925, Jacques de Sibour essaie de devenir un homme d'affaires conforme aux vœux de M. Selfridge père, mais l'attrait de l'aventure est trop fort, et à l'été 1925, il décide de changer de vie. Il part pour le Kenya, suivi d'abord par Violette, puis par leur fils et sa nurse. Ils louent une maison à Ngong, mais ils abandonnent au bout d'un an pour tenter leur chance à Madagascar, sans plus de succès. Le couple rentre en Angleterre à l'automne 1926. L'aviation de tourisme y est alors en plein développement. Jacques de Sibour retrouve aussitôt sa passion du pilotage. Le 20 août 1927, il acquiert un De Havilland DH.60 Moth, immatriculé « G-EBSS », qu'il baptisé Jeunesse. Avec cet avion, Jacques de Sibour part le 2 septembre 1927 au Danemark participer au meeting aérien de Copenhague, avec Violette comme passagère. Victime d'une panne, il doit faire un atterrissage en rase campagne aux Pays-Bas. Il redécolle le lendemain matin, se posant à Amsterdam-Schiphol pour récupérer Violette qui avait continué par la route. Il se classe quatrième à Copenhague.

A ce meeting, Jacques fait une rencontre qui va les lancer dans une nouvelle aventure : Lord John Carberry, un aviateur kenyan, grand amateur de chasse aux fauves. Il vante à Jacques, blasé des chasses en Afrique, l'intérêt de la chasse au tigre en Indochine. Violette évoque la possibilité de s'y rendre en avion. L'idée fait son chemin dans les esprits, et Jacques et Violette rebaptisent leur DH.60 Safari. Ils se passionnent pour l'organisation de ce voyage, qui se transforme peu à peu en un tour du monde, pour éviter le retour en période de mousson. La traversée des océans s'effectuera en paquebot. Ce projet, annoncé à la presse début mars 1928, consterne le reste de la famille et tout particulièrement Henry G. Selfridge, inquiet des dangers que courra sa fille.

En 1930, Violette de Sibour publie ses souvenirs de ce voyage chez l'éditeur George P. Putnam, le mari de l'aviatrice américaine Amelia Earhart, tous deux amis du couple.