Henry Daniel Thielcke
Quick Facts
Biography
Henry Daniel Thielcke (1788 - 1874) est un peintre ayant œuvré en Grande-Bretagne, au Québec et aux États-Unis.
Biographie
Le cas du peintre Henry Daniel Thielcke est particulièrement intéressant. D'abord parce qu'il n'existe pas jusqu'à présent, du moins en termes de publication, de monographie qui lui soit consacrée. Toutefois, depuis plus d'une vingtaine d'années, on constate une évolution significative de l'état des connaissances en ce qui a trait au rôle de l'artiste dans l'arène de l'histoire de l'art au Canada.
On connaît quelques documents publiés qui lui sont consacrés. À ce titre, une étude de Ross Fox publiée en 1986 dans le Bulletin annuel du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, étude qui s'inscrit dans le prolongement des travaux de restauration du Portrait of a Women and Child, une œuvre signée et datée par l'artiste, acquise par l'institution en 1981. Cette brève étude est venue enrichir l'historiographie relative à la vie et l'œuvre de Thielcke, un artiste dont la carrière trace un parcours singulier tant sur le plan spatio-temporel, que sur le plan de sa productivité. On peut s'étonner de constater que jusqu'alors le nom de Henry Daniel Thielcke n'ait pu trouver insigne à l'index des grands dictionnaires biographiques.
C'est en retraçant l'itinéraire professionnel de l'artiste qu'on peut établir certains éléments susceptibles d'expliquer sa singulière absence au registre des ouvrages nationaux consacrés aux individus qui ont marqué le cours de l'histoire de leur esprit méritoire. Au chapitre des interprétations, notons le fait que la carrière de Henry-Daniel Thielcke soit divisée en trois grandes périodes d'activités, soit une première correspondant à sa formation et ses débuts en tant que graveur et peintre de cour en sol britannique, une seconde alors qu'il agit principalement à titre de portraitiste au Bas-Canada en la ville de Québec et une dernière phase de productivité, qui demeure en termes de repères historiques beaucoup moins riche que les périodes précédentes, soit sa vie à Chicago de 1855 jusqu'à son décès en novembre 1874.
Le bottin de Chicago de 1855 inclut Henry Daniel Thielcke et son fils Charles MacKay Thielcke.
Le bottin téléphonique de 1871 de Chicago, disponible en ligne, nous donne : « Thielcke Henry, artist, r. 98 Oak Street; Thielcke Henry R. elk. Chase Bros. & Co. r. 98 Oak » .
Les débuts de la carrière de Thielcke à titre de graveur et miniaturiste
De récentes recherches en territoire britannique ont permis de conforter d'avantage la position de Thielcke en ses qualités de graveur dans sa première phase de production, soit au cours de la période qui s'étend de sa naissance vers 1789 jusqu'en 1820, année pour laquelle on retrace en Grande-Bretagne, les dernières œuvres produites par l'artiste. Il semble que Thielcke ait principalement œuvré à Londres, où l'on retrouve un vaste éventail de gravures auxquelles on doit ajouter la présence de quelques miniatures. L'inventaire des œuvres que l'artiste expose entre 1805 et 1816 à la Royal Academy offre peu de détails quant aux types de productions présentées, il en va de même pour les œuvres qu'il expose entre 1811 et 1816 à la British Institution. Le recensement tracé par Algernon Graves établit l'adresse de jeune peintre à Queen's House, maintenant Buckingham Palace, ce depuis 1805 jusqu'en 1812 date à laquelle l'artiste est domicilié à Covent Garden. Au nombre des œuvres exposées à la Royal Academy figure un portrait intitulé The Rev. Mr Küper, chaplain to His Majesty. Ce portrait exposé en 1807 semble être la première œuvre d'une importante collection réalisée pour le compte de la couronne d'Angleterre, inaugurant une série de portraits des membres de la famille de George III alors monarque de Grande-Bretagne et électeur de Hanovre.
En cette période où le royaume d'Angleterre s'étend sur les territoires prussiens, des alliances entre la couronne britannique et la principauté de Hanovre, tissent des liens non négligeables susceptibles de relier la généalogie de Henry-Daniel Thielcke à de présumées racines germaniques. À commencer par les origines de la reine Charlotte descendante de la maison des Mecklenburg-Sterlitz de Hanovre. Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'à cette époque, les règles d'étiquette propres à la cour découlent de la stricte coutume germanique.
Essentiellement, de tous les personnages représentés par Thielcke dans l'entourage immédiat de George III, la reine Charlotte demeure celle dont l'artiste a tiré le plus grand nombre de portraits. À ce titre, une huile sur toile de 1819 effectuée dans les règles de la tradition picturale britannique intitulée Queen Charlotte at Frogmore, tableau qui se trouve actuellement à Hampton Court. On retrace aussi la présence, dans la bibliothèque du Château de Windsor, d'un portrait gravé de la reine Charlotte associé à un autre portrait du roi de dimension et de facture semblable, dans les deux cas l'artiste signe H.D. Thielcke portrait painter to Her Royal Highness The Duchess of York. Toujours dans la bibliothèque royale à Windsor, on retrouve au nombre des réalisations effectuées par l'artiste pour la reine, une série de gravures d'inspiration néo-classique portant sur des thèmes mythologiques. L'artiste aurait également produit en juillet 1817, une miniature de la reine qui figure à l'inventaire des collections de son fils Ernest, roi de Hanovre et duc de Cumberland.
La duchesse de York pour laquelle H. D. Thielcke signe les deux portraits du couple royal mentionnés plus avant dans le texte, est en l'occurrence, la fille de Frederica Louisa reine de Prusse dont un portrait en miniature fut attribué à John Frederick Tielker (1763-1832), un artiste bénéfiçiant d'une singulière réputation auprès de la souveraine. Y aurait-il lieu de croire à une filiation ou à un lien de parenté indirect entre les deux artistes? Le nom de famille Tielker est bien répandu en Allemagne, celui de Thielcke pourrait n'être en fait qu'un dérivé de ce nom survenu au terme d'un glissement phonétique ou bien, suite aux efforts d'assimilation à la culture britannique, l'artiste en serait venu à l'épellation de son nom. Bref ici, nombres d'hypothèses peuvent être projetées.
Parallèlement à la période d'activités de Thielcke au sein de la monarchie on a retracé entre 1811 et 1814, la présence de gravures effectuées pour le compte de Merchant Taylors' School, un établissement d'enseignement des plus prisés au temps de Charles Dickens. Les gravures qui sont au nombre de six figurent dans une édition spéciale qui relate l'histoire de l'institution depuis sa fondation en 1561. Sont représentés en buste, les principaux doyens qui ont marqué de leur influence, l'évolution de l'institution au cours des siècles. Ces portraits ont été réalisés d'après modèle et portent la signature H. D. Thielcke, Del & Sc. exceptionnellement l'un des portraits est effectué sans modèle et dans ce cas l'initiale est suivie de l'abréviation A.R., soit Royal Academician, ce qui laisse entendre que le peintre aurait effectué cette gravure du vivant du personnage représenté.
Une première période d'activités qui s'achève avec le règne de George III (1738-1820)
Une miniature du roi effectuée l'année de son décès, soit en 1820, marque la fin des œuvres connues attribuées à Thielcke sur le territoire anglais. Ce ne sera que lors des premières manifestations de la présence du peintre à Québec en 1831-1832, qu'il réapparaîtra à la face de l'histoire, laissant derrière lui un spectre mystérieux d'un peu plus d'une dizaine d'années où ses activités demeurent dans l'ombre. On dit qu'il serait allé à Edinbourg en Écosse de 1820 à 1831, car un des enfants y est né (Mary Elizabeth, baptisée le 12 janvier 1827 à l'Église Saint Cuthberts, à Édinbourg), selon le recensement du Bas-Canada de 1852.
Au sujet de son passage en Écosse : « It appears his miniature painting was only a sideline as there is an 1828 reference to him in Edinburgh as Clerk of the Securities for the Board of Excise. I guess he was in that position for several years, to be promoted to that level? , see The Edinburgh Almanack, Or Universal Scots and Imperial Register - Google Books Result.
L'achèvement de la production de Thielcke auprès de la famille royale, coïnciderait donc avec la mort de George III et l'accession au trône par le prince régent, son fils George IV. Toutefois, la notoriété de l'artiste traduite en plus d'une dizaine de portraits officiels effectués entre 1807 et 1819, sa présence manifeste auprès de membres influents de la famille royale aurait pu assurer après la mort du roi, une brillante carrière et ce pour encore de nombreuses années.
D'autres facteurs semblent être associés à cet interruption soudaine dans la production de l'artiste au sein de la noblesse britannique. En effet, plusieurs événements qui entourent les principaux acteurs du mécénat dont bénéficiait l'artiste sont à considérer. D'abord le décès de la duchesse de York survenu en 1820. On retrouve également traces de la présence de Thielcke auprès d'une des filles de George III, la princesse Elizabeth, une lettrée passionnée des arts qui suivait une correspondance épistolaire depuis publiée et qui s'adonnait à loisir aux charmes de la poésie.
En 1813, la princesse Elizabeth rédige un recueil de poésie dans lequel on retrouve six gravures exécutées par Thielcke. Toutefois, lors de la publication, l'éditeur reconnaît à la faveur de la Princesse Elizabeth, le design de la composition. Les gravures de facture néo-classique sont à mettre en rapport avec celles produites trois ans plus tard localisées à Windsor. Elles, sont publiées avec la mention Drawn by Her Royal Highness the Princess Elizabeth, dans le coin inférieur droit on retrouve l'initiale H. Thielcke, sculpt. Mariée en 1818 à Frededrick VI, langrave de Hesse-Homburg, la princesse Elizabeth dut quitter le pays pour la Prusse. Serait-il à propos d'étudier l'hypothèse selon laquelle, l'artiste dans ces circonstances aurait quitté l'Angleterre pour rejoindre cette dernière? Ceci est un scénario envisageable qui demeure somme toute à considérer dans le parcours quelque peu inhabituel de Henry-David Thielcke.
Au Canada
Le Grand Tour en Angleterre au XVIIIe siècle recommandait aux élèves les vertus du voyage et de l'exotisme - prix de Rome, engouement pour la redécouverte de sites archéologiques au milieu de ce siècle, ruines de Pompéi 1748-1763... qui trouve son extension dans un engouement renouvelé d'exotisme sous une forme impérialiste (colonialiste) traduit par la forte présence en sol canadien, présence importante de peintre venus de l'étranger, principalement d'Angleterre alors que le Bas-Canada (le Québec aujourd'hui) est encore sous l'égide de la Couronne d'Angleterre. En effet, la présence d'artistes séjournant dans la colonie pour une période déterminée ou artistes itinérants.
C'est également près du pouvoir que Henry-Daniel Thielcke vit à Québec : le gouverneur général lui attribue un atelier au Parlement de Québec.
En 1836, un bulletin annuel du Bas-Canada lie Henry Daniel Thielcke à Archibald Acheson, 2e Earl de Gosford et lieutenant-gouverneur du Bas-Canada et gouverneur-général de l'Amérique du Nord britannique, assez conciliant avec les Canadiens-français.
De 1842 à 1846, Thielcke aurait vécu à New York, ou en tous les cas séjourné de grands moments dans la métropole américaine. Selon les archives des avis d'embarquement de bateaux à New York, en 1841, H.D. Thielcke est retourné en Europe une fois en 1841, probablement pour le décès d'un parent (peut-être sa mère, car son père était déjà mort).
Il était aussi professeur d'art à la Quebec High School en 1851 : Hy. D. Thielcke, French, German and drawing master.
Il était également secrétaire adjoint de la Literary And Historical Society of Quebec à cette époque.
Dans la chronologie de sa production, on dénote une singulière absence d'œuvres gravées, serait-ce dû à une dégradation de son acuité visuelle, ou serait-ce que l'artiste se soit assujetti à la demande grandissante pour le portrait, ce qui est le cas pour nombre d'artiste de l'époque.
Des infos sur Thielcke dans les Archives nationales du Canada :
http://search-recherche.collectionscanada.ca/fed/searchResults.jsp?FormN...
Conclusion
Les recherches menées au cours des vingt dernières années ont permis de retracer en nombre, un corpus relativement représentatif de la versatilité du peintre. Soit, la présence d'œuvres telles que gravures, huiles, miniatures et lithographies. Nous sommes, à la lumière de ses divers éléments constitutifs, en mesure d'établir une base de plus en plus constitutive ... à l'élaboration d'un plan de recherche.
Notes et références
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