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The basics

Quick Facts

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Gender
Male
Place of birth
Trentino, Italy
Death
Place of death
Ille-et-Vilaine, France
Age
58 years
Giuseppe Tribus
The details (from wikipedia)

Biography

Giuseppe Tribus est un artiste-peintre et décorateur itinérant du Trentin (autrichien puis italien après 1919), né le à Reviano, hameau d'Isera, dans la Province de Trente. Il est mort à Mordelles (Ille-et-Vilaine) le .

Nota : dans tous les papiers officiels administratifs français son prénom est Guiseppe au lieu de Giuseppe et sa ville de naissance Raviano au lieu de Reviano.

Biographie

Jeunesse

Il est né dans une exploitation viticole où l'on cultive le Marzemino pour en faire du vin rouge. Seul l'aîné s'installant sur place, comme ses oncles et ses grands-oncles qui ont tous quitté le Trentin, Tribus est le troisième de cinq frères, son destin est donc d'émigrer.

Adolescence

À ses 14 ans en 1915, l'Italie change de camp et entre en guerre. Aussitôt les soldats autrichiens se méfient des populations du Trentin italophones et leurs donnent 48h pour préparer 5kg de bagages par personne et monter dans des trains en direction du nord. Son village est déporté en Bohême au-dessus de Prague à Aussig-sur-Elbe dans un camp de baraquements. Tribus a pu profiter de cette vie dans les camps pour s'initier à la peinture et participer aux animations organisées par les curés qui remplaçaient un peu les pères partis au combat. Ils ne reviendront qu'en février 1919 dans un pays dévasté. Devenu officiellement italien en septembre 1919 : il a 18 ans et il peut aller s'inscrire à l'académie des Beaux-Arts de Venise.

Formation

Il a déclaré à des témoins avoir eu un 1er prix de peinture à Venise, être entré en France en 1922 et avoir eu un prix de peinture à la Sorbonne (Paris).

Décorateur parisien

Invité par de riches ferrailleurs parisiens en 1933, il descend pour un été au Vaulmier dans le Cantal et convainc le pharmacien de Trizac de décorer un panneau de sa toute nouvelle pharmacie ; panneau toujours intact de nos jours où l'on peut encore lire l'adresse parisienne de Tribus. Ce qui nous permet de le retrouver dans le recensement parisien de 1931.

Itinérance dans le Cantal : les trompe-l'œil et les décorations d'intérieur

Sans doute à cause de la publicité que provoque son panneau signé, Tribus redescend définitivement avec sa compagne avant 1936 à Trizac dans le Cantal où l'y appellent trois sortes de clients : ceux qui vivent en ville et souhaitent une décoration délicate dans le respect du mobilier ; ceux qui ne reviennent que l'été et qui souhaitent une décoration époustouflante ; enfin quelques agriculteurs qui doivent passer le long hiver confinés dans une ferme isolée et qui souhaitent avoir sur leur mur quelques beaux paysages en couleur ou des trompe-l'œil étonnants.

Vers 1937 Tribus ira plus loin chercher de nouveaux clients à Riom-ès-Montagnes où le surprendra la déclaration de guerre du et il datera très précisément un tableau de ce jour funeste peint à la Font Sainte près de Saint-Hippolyte (Cantal), après la fête des Bergers. Il passe aussi à Lugarde et Marchastel où il peint des tableaux ou des publicités et il y décore des maisons et des salles de cafés-restaurants .

l'organisation TODT et le mur de l'Atlantique

En novembre 1942 quand les Allemands occupent la Zone libre, Tribus, âgé de 41 ans, est immédiatement appelé par l'Organisation Todt pour construire ou camoufler des postes de tir autour de la Base sous-marine de Saint-Nazaire. En principe en tant qu'italien, il en est salarié. Il s'en évade (peut-être après la première paye ou parmi les permissionnaires de Noël) et parcourt 200km à pied par des chemins détournés pour rejoindre la Bazouge-de-Chemeré.

Itinérance en Mayenne : les décors de théâtre et les cafés décorés de chasse à courre

Il arrive en 1942 à la Bazouge-de-Chemeré (Mayenne) où le cache aussitôt l'abbé Eugène Bondis qui seconde l'abbé Victor Polas malade. Ce dernier avait fait construire une salle paroissiale pour le théâtre quinze ans auparavant et avait sans doute contacté Tribus pour en refaire la décoration mais la débâcle de 1940 aurait tout bloqué. Tribus repeint donc l'avant-scène du théâtre, et se cache sous la scène au passage des allemands. Cette salle n'est plus utilisée depuis le décret n° 73-1007 du relatif à la protection contre les risques d'incendie et de panique dans les établissements recevant du public.

Tribus fait une peinture d'histoire sur les évènements du à la Bazouge-de-Chemeré (voir tableau des bombardiers) qu'il donne aux couturières en échange de toile pour ses tableaux. Il offre au curé un tableau : l'église avant l'incendie de 1926 et au charron qui encadre ses tableaux il offre un tableau : Le porche de l'Hôtel du Porche et le clocher de l'église d'avant 1926.

Il décore le plus grand café avec une chasse à courre, il en décore un autre plus petit. Et pour le troisième la propriétaire ne voudra jamais lui laisser les clefs de la boutique la nuit (quand les clients sont partis).

Mais surtout après guerre, Tribus entame une nouvelle vie en peignant des décors pour le théâtre paroissial, en participant activement à la mise en scène ou en proposant un jeune acteur à l'abbé Bondis et enfin en créant une pièce où il parlera de la guerre.

Sa réputation l'amènera en 1947 à partir décorer le nouveau cinéma-théâtre paroissial construit au Bourgneuf-la-Forêt et à peindre les 8 décors de la pièce La Passion du Christ qui sera jouée chaque année jusqu'en 1960. Il habite non loin à Olivet (Mayenne).

Après 1949, Tribus ira quelquefois pour peindre des toiles sur commande : à la Bazouge-de-Chemeré il peint une scène de chasse (lévriers et lièvre) devant les bâtiments de l'ancienne mine de la Bazouge-de-Chemeré pour l'entrepreneur-mécanicien qui habite en face. Il peint deux tableaux de chevaux dans une ferme de Saint-Denis-du-Maine où un enfant né en 1942 a conservé intact le souvenir de ce peintre avec son chevalet dans le pré.

Ensuite il part peindre le décor d'une pièce de théâtre à Izé sur Rouget le Braconnier.

A Bais (Mayenne) il décore magnifiquement le café avec une chasse à courre suivant les quatre saisons.

Ensuite il va à Saint-Martin-de-Connée où l'ancien vicaire du Bourgneuf-la-Forêt qui avait monté "la Passion" est devenu curé et il lui peindra une version réduite des décors de cette pièce.

Avant 1954 il revient à Olivet où il peint des décors pour une pièce sur Jean Chouan. En 1955 il peint un tableau : l'étang de l'Olivet et décore les grilles et le portail de la maison de son logeur.

Itinérance en Ille-et-Vilaine

En juin 1957 à Olivet il dit à son logeur qu'il part chercher du travail à Rennes en Ille-et-Vilaine et ce dernier l'aperçoit ensuite à la Guerche-de-Bretagne. Les gendarmes enquêtent et finissent par le retrouver en mars 1958 à Rennes où il a décoré la façade d'un restaurant en bas de la Place des Lices. Là il leur dit avoir trouvé un nouveau travail de décoration au café Louessard de Mordelles en échange du gîte et du couvert. Ensuite en octobre 1958 un curé lui prête une chambre à Bréal-sous-Montfort qui deviendra sa résidence déclarée et il y repeint la boucherie et décore la boulangerie. De là il retourne souvent en 1959 et 1960 au café de Mordelles où il entretient de bonnes relations ; il y peint plusieurs tableaux : des paons, un paysage du Danube (sans doute traversé à Linz dans sa jeunesse), une nature-morte avec le buste de Dante Alighieri, l'étang de Govern et même un nu ; il donne des cours de peinture à un jeune qu'il a repéré ; et de temps en temps il met un tableau sur son dos et part à bicyclette le vendre au marché de la Place des Lices à Rennes puis il passe voir une ancienne cliente. C'est en revenant de Rennes que malheureusement le , sur la route en pleine nuit à l'entrée de Mordelles, poussant son vélo, il est percuté par une voiture et meurt à l'âge de 59 ans,. Un de ses frères est venu chercher son corps à Bréal-sous-Monfort et plus tard en 1970 il est passé au café de Mordelles voir ses œuvres mais quand il a dit son nom, certains l'ont pris pour un imposteur : pour eux Tribus devait être unique.

Personnage solitaire, menant une vie précaire sans souci du lendemain, il avait su conserver des relations chaleureuses avec les gens en offrant des tableaux à ses hôtes contre le gîte et le couvert.

Bibliographie

  • Jean-Louis Cerisier, Revue 303, trimestriel n 46 , La revue culturelle des Pays de Loire, 3 trimestre 1995 : Les cafés décorés dans la campagne mayennaise
  • Jean-Louis Cerisier, Revue 303, trimestriel n 58, La revue culturelle des Pays de Loire, 3 trimestre 1998 : Monde insolite et travail artistique : la Mayenne à l'œuvre (seconde partie) - p. 24-27
  • Jean-Louis Cerisier, Revue 303 n 158, La revue culturelle des Pays de Loire, 3 trimestre 2019 : Le café décoré, lieu de vie d'échanges et de culture populaire, p. 26-27
  • Armelle Pain, L'Oribus n 102, juin 2018 - L'arrivée du cinéma en Mayenne, p. 21-23
  • (it) Claudio Turella, L'esilio in Boemia della popolazione di Isera, con riferimenti alle limitazioni limitate, in Quattro vicariati e le zone bordrofe", A. 24, n 48, décembre 1980, p. 59-66

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