Ernest Christian Moench

Ernest Christian Moench (il préférait utiliser son second prénom), né le 25 mai 1904 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et disparu en mer le 16 janvier 1938 près de Bender Abbas (Irak), était un aviateur français.

Ernest Christian Moench naît le 25 mai 1904 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il est le fils d'Émile Moench, le fondateur de la firme Alsa qui fabrique des levures industrielles. Il aborde l'aviation civile en 1925, et obtient son brevet de pilote en 1926, après son service militaire dans l'Aéronautique militaire. Il acquiert bientôt un avion de tourisme, dont il se sert comme support publicitaire pour l'entreprise familiale : l'avion arbore l'emblème Alsa, et le récit de ses raids figure même sur l'emballage des produits de la marque.

Il participe à plusieurs raids aériens, notamment un Paris-Saïgon, aller et retour, et un Paris-Madagascar-Paris, accomplis en 1929 avec Jean Réginensi. Avec Joanny Burtin, pilote d'essai mort en 1977, à bord d'un Farman F.190, il effectue la liaison Paris-Tokyo aller et retour, soit 40 000 kilomètres en 250 heures de vol, entre le 2 mars et le 19 avril 1931. En novembre 1931, avec le même équipage, il réalise Paris-Tananarive en 6 jours, 9 heures et 45 minutes, et bat le record de vitesse sur ce trajet, qui était détenu par Jean Réginensi.

Il se spécialise dans les liaisons postales entre Madagascar et Paris. Il tente de battre en solitaire le record Paris-Madagascar par la vallée du Nil. Lors du voyage de retour, entre le 20 et le 24 novembre 1934, il réussit la première liaison aéropostale entre Djibouti et Paris. En 1934, avec Jean Catinot, il effectue une nouvelle liaison sur Madagascar. Le raid s'effectue sur un De Havilland DH.85 Leopard Moth immatriculé F-AMXO, et bien sûr baptisé « Alsa ». Partant d'Istres le 24 octobre 1934, les aviateurs font escale à Gabès, Benghazi, Louxor, Khartoum, Juba, Kisumu et Dar es Salam. Cependant une fuite d'huile les empêche de battre le record alors détenu par Marcel Goulette et André Salel. Après le décollage deDar es Salam, l'avion parvient au-dessus du canal du Mozambique mais le moteur a des ratés et Moench doit se poser sur le terrain de Tete récemment ouvert. 48 heures plus tard, Jean Assollant a amené de Madagascar un mécanicien qui répare l'avion, et ce dernier atteint la grande île 6 jours après le départ de France. Le retour s'effectue en 10 jours, à partir du 13 novembre, avec une étape à Djibouti le 18 novembre, et une arrivée 5 jours plus tard au Bourget avec du courrier.

Il disparaît dans des circonstances particulièrement dramatiques. Entre le 20 et le 25 novembre 1937, il réalise un nouveau raid entre Paris et Saïgon pour battre le record de vitesse, à bord d'un avion monomoteur de 220 ch Percival Vega Gull. Il se trouve à Tokyo quand il reçoit un télégramme qui lui annonce la mort de son bébé, une petite fille âgée de deux mois. Pressé de rentrer au plus vite à Nancy, il reprend en hâte le bateau pour Saïgon où l'attend son avion. Lui qui en temps ordinaire ne laissait rien au hasard, et préparait ses vols avec soin et méthode, il décolle seul de Saïgon en pleine nuit pour une course folle. Il arrive à Karachi le 15 janvier 1938 au terme d'un vol de 5 390 kilomètres à la vitesse moyenne de 250 km/h. Malgré une météo déplorable, il repart le lendemain pour Bassorah qu'il n'atteint jamais. Pris dans la tempête à basse altitude, son avion a percuté le relief (des falaises) d'une île du Golfe Persique et plongé dans la mer près de Bandar Abbas. Les débris de son avion sont repêchés le 16, mais son corps n'est retrouvé que le 26 janvier au large de Djask. Ernest Christian Moench était titulaire de plus de 2 000 heures de vol.

• Chevalier de la Légion d'honneur
• Christian Moench fut président de l'Aéro-club de l'Est à Nancy entre 1934 et 1938. Il y volait avec son Farman F.234 immatriculé F-ALIJ, à moteur Salmson de 95 ch.

• Un bas-relief évoquant sa vie et ses raids en Afrique et en Asie se trouve dans le hall « Départs » de l'aéroport régional Metz-Nancy-Lorraine. Réalisé en 1939 par la marbrerie Cochinaire à Nancy, en béton moulé et pesant plus de deux tonnes, ce bas-relief constituait la pièce principale d'un monument érigé sur le plateau de Malzéville. Le monument ne put pas être inauguré en raison de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. La stèle qui devait figurer sur le monument resta à l'état de maquette en plâtre. Le moule en plâtre ayant soigneusement conservé dans les hangars de vol à Voile du plateau de Malzéville depuis cette époque, une association « Christian Moench » s'est constituée dans les années 1990, avec des anciens de l'Armée de l'Air et de l'Aéro-club de l'Est, afin de terminer le monument. Il fut envisagé de le placer au Musée de l'aéronautique d'Essey, mais ce dernier a disparu. Inauguré le 22 juin 2001 à Malzéville en présence de la fille de Christian Moench, le monument a été placé en 2002 dans l'aérogare de Metz Nancy Lorraine, où les voyageurs en partance peuvent le voir tous les jours.
• En 1947, la rue Saint-Charles, où se trouvait l'usine Alsa, est rebaptisée « rue Christian-Moench ».