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France
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Edmond Thomas
��crivain et éditeur français

Edmond Thomas

The basics

Quick Facts

Intro
��crivain et éditeur français
Places
Gender
Male
Place of birth
Paris, France
Age
81 years
The details (from wikipedia)

Biography

Edmond Thomas naît en 1944 à Paris où il prend très vite contact avec les métiers du livre et où il effectue deux rencontres importantes : celles de Fernand Tourret et d’Yves Lévy. C’est aussi à Paris qu’il fonde, en 1971, la revue Plein Chant d’abord imprimée sur duplicateur à encre. La même année, il quitte la capitale et s’établit à Bassac, en Charente, où il vit toujours.

En 1979, après passage à l’offset, Plein Chant prend un aspect quasi définitif. Parallèlement, depuis les origines, de nombreuses activités éditoriales sont menées autour de la revue, son animateur portant une attention particulière à divers types de littérature du présent ou du passé, notamment à la littérature prolétarienne et libertaire. Il publie à ce sujet, toujours en 1979, un ouvrage de référence, Voix d’en bas, chez Maspero.

Par la suite, ses goûts et ses convictions le poussent vers un apparent éclectisme qui ne dissimule jamais une vision très cohérente de la littérature. Cette vision le conduit à lancer diverses collections, maintenues avec constance malgré son statut de « petit éditeur » qu’il a assumé et revendiqué tout au long de sa carrière.

Débuts parisiens

Né le 20 mars 1944, à Paris, Edmond Thomas passe son enfance dans le 15 arrondissement. Après le Certificat d’études primaires, réfractaire au système scolaire, il est très vite confronté à la vie active, d’abord comme manœuvre aux ateliers de reliure industrielle de Brodard & Taupin. Il y fait connaissance avec la fraternité dans le travail et une alliance durable de la gouaille et du sérieux. Dans le prolongement de cette période, il découvre d’autres métiers du livre et en exerce plusieurs : brochure, édition, librairie ancienne.

Au cours de ces années parisiennes, il va faire deux rencontres importantes : celle de Fernand Tourret (1899-1988), et celle d’Yves Lévy, grand ami du premier.

Journaliste, producteur de radio, amateur de curiosités qu’elles soient littéraires, techniques, archéologiques ou sociologiques, Fernand Tourret va exercer sur le jeune homme une influence intellectuelle et humaine que l’éditeur de Plein Chant revendique encore aujourd’hui. Mais outre l’expérience qui le caractérise, Fernand Tourret est aussi poète. Ce dernier trait de sa personnalité explique probablement que, depuis Paris, il ait choisi d’appartenir au groupe de La Tour de Feu. Ainsi, Grâce à son aîné, lors des réunions parisiennes de la revue, le jeune Thomas prend-il contact avec un état d’esprit qui aura maintes répercussions sur son parcours.

Il reconnaît également une dette envers Yves Lévy (1910-1982) lequel, d’abord journaliste pendant la guerre d’Espagne collabore ensuite à Paru et à Preuves. Bibliophile, érudit, spécialiste d’Élie Faure et de Machiavel, critique littéraire, Yves Lévy fut un homme que son « souci constant d'exactitude et de vérité devait condamner à demeurer en retrait de la scène publique ». Il fut aussi libraire et, pendant quatre ans, fit connaître ce métier à Edmond Thomas.

Celui-ci, plongé dans l’univers du livre et passionné de littérature, crée, au début de 1971, la revue Plein Chant, cahiers de poésie ronéotés, et tirés à 150 ou 200 exemplaires. Cette publication, d’abord confidentielle, prendra son essor par la suite, sous d’autres cieux.

Province et compagnonnages

En effet, pendant l’été de 1971, Edmond Thomas voyage jusqu’en Charente et s’installe à Bassac, — à proximité de Jarnac et de La Tour de Feu. Il fait la connaissance de Pierre Boujut, le fondateur et directeur de cette revue. S'ensuivront un voisinage et une longue amitié avec le poète et sa famille ainsi qu’avec les membres du très vivant groupe littéraire qui leur est associé.

Quelques mois auparavant, Jean-Paul Louis, s’est lui-même établi à Bassac. Il y accueille le nouveau venu ; les projets des deux hommes présentant des similitudes, ils décident de travailler côte à côte. Pendant deux ans, ils mettent en commun une partie de leurs travaux jusqu’à ce que Jean-Paul Louis quitte Bassac pour Tusson, en 1973.

Edmond Thomas, en compagnie de Mary Boardman, n’en poursuit pas moins la publication de Plein Chant et de diverses plaquettes de poésie. Cette activité débouche sur la création d’une petite maison d’édition qui prend tout naturellement le nom de la revue. Il s’agit alors d’une de ces nombreuses tentatives que l’on pourrait aujourd’hui facilement rattacher aux divers mouvements d’après 1968. Les Éditions Plein Chant sauront se distinguer d’autres expériences du même type en se donnant très vite des caractéristiques très reconnaissables.

Parmi celles-ci, on remarque d’abord une volonté affirmée de publier des auteurs souvent méconnus, qu'ils soient contemporains ou appartiennent au passé. On remarque aussi un soin particulier apporté au travail, soin qui fera bientôt d’Edmond Thomas un spécialiste de la ronéo. On peut enfin souligner la persévérance et la patience qui permettent de franchir l’intervalle séparant l’opuscule du livre. Ainsi, dès 1974, le n 21 de Plein Chant, premier d’une nouvelle série, atteint 164 pages. Il est composé de « cahiers » assemblés et cousus entre eux à la main.

L’animateur de la revue, rarement absent de Bassac, revient pourtant dans la région parisienne en 1975 afin d’y rencontrer Henry Poulaille dont les écrits, qu’il connaît depuis longtemps, ont eu une forte empreinte sur sa formation politique et ses goûts littéraires. Les échanges du nouvel éditeur charentais avec l’auteur du Nouvel âge littéraire viendront confirmer des orientations en partie suscitées par une œuvre qu’il contribuera à faire connaître et à laquelle il demeure attaché.

En 1978, intéressé par le travail qui s’effectue à Bassac, Georges Monti s’installe à son tour près de l’abbaye. Nouveau compagnonnage de presque trois années: réflexions et choix en commun, points d’accord et divergences… Durant cette période, le pas est définitivement franchi : la ronéo des débuts cède la place à l’offset, la revue et ses collections sont désormais imprimées. Le livre d’Émile Guillaumin, Près du sol marque le début de ce nouveau mode de publication et, en deux ans paraissent deux séries de quatre cahiers consacrés, entre autres, à Gaston Chaissac, Armand Robin, Paul Feller, Constant Malva. Des livres aussi, d’Armand Robin, de Charles-Louis Philippe, de Bernard Blangenois…

Dans cette liste non exhaustive, à côté d'auteurs aujourd’hui connus, les « ouvriers poètes du XIX siècle » et des « écrivains du peuple », tiennent une place prépondérante puisqu’ils font l’objet de trois livraisons de la revue.

Un engagement très personnel

C’est qu’Edmond Thomas prête, notamment depuis sa rencontre avec Poulaille, une attention particulière à la littérature prolétarienne : en 1979, paraît Voix d’en bas chez François Maspero. Il s’agit là d’une véritable somme que l’auteur consacre à « la poésie ouvrière du XIX siècle », somme qui, outre une introduction fournie, regroupe près de cent-vingt auteurs, chacun d’entre eux étant représenté par une notice et par un ou plusieurs poèmes. L’ouvrage constitue encore aujourd’hui une référence. Il montre qu’il a existé, tout au long du XIX siècle, une littérature marginale mais historiquement importante : elle témoigne de la vie et des aspirations du plus grand nombre, à savoir un prolétariat longtemps considéré comme négligeable par la bourgeoisie dominante. Voix d’en bas constitue un patient travail d’archéologie littéraire et sociale, voire de réhabilitation, qu’Edmond Thomas poursuivra toute sa carrière.

Cette volonté de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas eue, aux « oubliés » et aux « dédaignés » est inscrite au centre de ses projets éditoriaux. Il s’y tient toujours, sans esprit de système et malgré le cours de l’Histoire contemporaine, s’annexant parfois des territoires inattendus, trouvant des échappées, ménageant des passages. Il s’efforce, de manière constante et délibérée, d’arracher à l’oubli un nom, une œuvre, un livre… délaissés par le « grand public » – autrement dit : « … des textes qui par nature semblent destinés à une diffusion confidentielle » car « ils ne font appel ni aux ressources de la mode, ni à la sensibilité du jour, ni aux procédés littéraires qui leur assureraient le succès du nombre. »

C’est ainsi que sont édités ou réédités des auteurs comme Henry Poulaille, Jean Prugnot, Neel Doff, Georges David, Raymond Ceuppens, Marius Noguès, Auguste Brepson, Lucien Bourgeois, Patrice Thibaudeaux ou Charles Denby. Pour accueillir leurs textes, outre les Cahiers Henry Poulaille, les Éditions Plein Chant créent notamment la collection Voix d’en bas. Ouverte aux « écrivains du peuple, des années 30 et d’aujourd’hui », elle se situe dans le prolongement de l’ouvrage éponyme cité ci-dessus.

Les valeurs qu’il a faites siennes orientent également l’éditeur-imprimeur vers la publication de textes non francophones. C’est ainsi que, grâce à Philippe Bouquet, il ajoute à son catalogue, entre 1985 et 1987, un panorama de la littérature prolétarienne suédoise. Plusieurs traductions de romans scandinaves suivront, écrits par Folke Fridell, Jens Bjørneboe, Stig Claesson, Kurt Salomonson auxquels il faut associer la réédition des Oiseaux de Tarjei Vesaas (1897-1970), chef-d’œuvre de la littérature universelle, également publié en 1987 à Bassac, car alors oublié — ou dédaigné —, par les éditeurs en renom.

Une tradition bien tempérée, à distance des modes

Bien que n’appartenant pas à cette dernière catégorie, Edmond Thomas porte le plus grand respect aux traditions du livre et ne cache pas son admiration pour quelques-uns de ses prédécesseurs. Il aime citer les noms de Poulet-Malassis, Liseux, Jouaust, Quantin, Rouveyre, Lemerre, Kistemaeckers et surtout Jannet tous éditeurs du XIX. Il voit dans la Bibliothèque elzévirienne, œuvre de Pierre Jannet, « un sommet de l’histoire de l’édition parce qu’elle marie harmonieusement trois exigences essentielles : qualité des textes, qualité matérielle et prix accessible ».

Ce désir de rester fidèle à une tradition donne naissance, en 1993 à la « Petite Librairie du XIX siècle ». Les volumes de la collection sont publiés à peu d’exemplaires (en général 200) mais sur beau papier et « à l’identique » ou « à la manière de ». Ce parti pris peut aller jusqu’au pastiche : les couvertures de la série Gens singuliers — série dont l’intérêt est à la fois littéraire, historique et sociologique —, reprennent ainsi le jaune « serin ou beurre frais » de la Bibliothèque Charpentier, selon le vœu de son fondateur. Chaque publication est ainsi un hommage rendu aussi bien à l’auteur qu’à l’un ou l’autre des éditeurs reconnus par Edmond Thomas comme ses « grands ascendants » : ceux-ci ont, en leur temps, « redonné vie à des écrits oubliés de notre patrimoine littéraire »

Répartie en différentes sous-sections, la « Petite Librairie du XIXe siècle » fait cohabiter des auteurs de l'époque avec certains de leurs aînés. Se côtoient ainsi le Pogge et Paul de Musset, Nicolas de Troyes et Théophile Gautier, de même que le comte de Caylus et Charles Nodier, l’abbé de Choisy et Jules Vallès, Champfleury et les Incohérents.

La lecture de ces noms pourrait laisser croire à une attitude plutôt passéiste. Il n’en est rien : à la « Petite librairie du XIX siècle » fait pendant la collection des « Livres d’aujourd’hui ». Elle ouvre les Éditions Plein Chant à des productions contemporaines. Les nombreux ouvrages de Paule Adamy consacrés à l'histoire littéraire, ou de Marcelle Delpastre (1925-1998), dont les textes poétiques restent encore méconnus, en sont la preuve. À ces deux exemples, il faut associer les noms de Michel Ohl, Pataphysicien patenté, de Noë Richter, pour ses recherches sur l’histoire de la lecture, de Jean Queval, Noël Arnaud et André Blavier — entre autres Oulipiens.

Peu de personnalités connues, mais des choix originaux et assumés. C’est un autre moyen d’éviter, à l’écart des modes, « la ruée vers la massification de toute chose », et la « marchandisation » auxquelles Edmond Thomas estime que nos sociétés condamnent hommes et livres. Rien de paradoxal dans une telle attitude : c’est le privilège du « petit éditeur » que de pouvoir publier des œuvres qui se vendront peu, œuvres que des maisons plus huppées ne jugent pas rentables.

De là des titres de collections évocateurs, comme L’Atelier furtif, La Font secrète ou La Tête reposée. D’autres manuscrits qu’il a jugés dignes d’attention permettent à l’imprimeur de laisser libre cours à son inspiration typographique au service des textes. Les volumes ainsi constitués prennent place dans la collection Type-Type ouverte en 1997 avec Paroles pour un jazz, de Pierre Vella. Cette sensibilité aux arts graphiques, qui apparaît dans les numéros de la revue, avait déjà donné naissance à deux autres collections : Xylographies, créée en 1987 et Xylographies oubliées, dont le premier volume a paru en 1994.

Collaborations

Au fil des années, le hasard de différentes rencontres et un souci permanent de culture personnelle ont conduit l’éditeur de Bassac à diversifier les approches, et à constituer un fonds aux multiples entrées. Ce travail s’est poursuivi en interaction avec la revue Plein Chant qui, de 1971 à 2008, a ouvert ses pages à des collaborateurs venus d’horizons très divers. Des numéros spéciaux monographiques ont contribué à célébrer ou rappeler l’œuvre de nombreux écrivains ou éditeurs ; les numéros de « varia » ont rempli le « cahier des charges » d’une revue digne de ce nom : ouverture à des textes brefs — nouvelles, poèmes, essais —, études diverses, dessins, gravures, chroniques et notes de lecture.

Edmond Thomas n’a jamais négligé le côté matériel de son métier et, en particulier, la présentation des ouvrages qu’il prenait en charge en tant qu’imprimeur « de labeur ». Son souci constant d’une perfection tout artisanale, le soin mis à choisir caractères ou papier, lui ont valu une réputation flatteuse dans un milieu littéraire non officiel mais bien vivant. De plus, en effectuant des travaux pour certains de ses collègues, une véritable collaboration s’est établie entre eux et lui. Claire Paulhan, par exemple, reconnaît volontiers ce que doivent les volumes qu’elle publie aux suggestions de celui qui fut son imprimeur pendant plusieurs années.

Un tel parcours n’a pas été totalement solitaire : d'autres compagnons sont passés à Bassac et ont participé aux activités de la maison, que ce soit en y exerçant un emploi rétribué ou, plus simplement, à titre amical. C’est ainsi que se sont succédé ou ont œuvré côte à côte, à des titres divers, Mary Boardman (les débuts), Daniel Roy (véritable bras droit), Catherine Bourgeois (secrétaire d’édition), Anne Garratt (composition), François Mary et Philippe Geneste (chroniqueurs), Pierre Ziegelmeyer (animateur de collection, chroniqueur), Gilles Chapacou (illustrateur), Jean-Pierre Thomas (illustrateur, animateur de collection), Paule Adamy (rédactrice), Camille Estienne (traductrice, rédactrice, participant à la fabrication)…

À leur contact et avec leur aide, Edmond Thomas a poursuivi une authentique entreprise de désenfouissement littéraire, publiant 400 titres en près de 50 années, et prêtant une attention toujours vigilante aux créations de ses contemporains. Alors que, l’âge venant, il ne renonce pas pour autant à l’édition et que son catalogue continue à s’étoffer, on peut aujourd’hui se faire une idée de l’œuvre accomplie. Même si celle-ci, de l’aveu de son instigateur, ne l’a été qu’en partie. — Pouvait-il en être autrement ?

Sources

  • Jean-Didier Wagneur, Dictionnaire des Lettres françaises, le XX siècle : Plein Chant, t. 4, La Pochothèque, Encyclopédies d'Aujourd'hui, , 1170 p.
  • Edmond Thomas, Plein Chant, catalogue, Bassac, Éditions Plein Chant, , 343 éd., 28 p. .
  • Edmond Thomas, Plein Chant n 14 : Plein chantier, p. 59-66, Éditions Plein Chant, , 350 éd., 88 p. .
  • Jérôme Godon, La Lettre du SLAM n 21, Éditions Plein Chant, .

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