Antoine de Boysson
Quick Facts
Biography
Joseph Bernard Antoine de Boysson, né le au Chesnay (Yvelines) et mort le à Pau (Pyrénées-Atlantiques), était un ingénieur aéronautique français. Polytechnicien (X 1912), il a travaillé à la SAMM et a conçu de nombreux équipements pour l'industrie aéronautique française durant l'entre-deux-guerres : trains d'atterrissage, tourelles de défense armées de mitrailleuses ou de canons de petit calibre. Ses inventions ont également intéressé l'industrie aéronautique britannique, et les tourelles qu'il a conçues ont équipé de nombreux bombardiers ou chasseurs lourds de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale.
Biographie
Joseph Bernard Antoine de Boysson naît le au 9 rue de Béthune au Chesnay dans les Yvelines. Il est issu de la Famille de Boysson, une vieille famille de noblesse française originaire du Périgord. Son père, Louis Marie Xavier de Boysson (1851-1927), est diplômé de l'École Polytechnique (X 1871). Contrôleur général des armées de 1 classe, il est directeur du Contrôle et secrétaire général du Ministère de la Guerre. Il est Grand Officier de la Légion d'honneur. Sa mère, Louise Julie Victorine Favas (1857-1911), est sans profession. Antoine de Boysson a deux frères aînés, qui feront, comme leur père, une belle carrière au sein de l'armée française :
- Louis Marie Joseph de Boysson (1881-1971), ingénieur général du Génie maritime, directeur de la Compagnie de Paris-Orléans, officier de la Légion d'honneur ;
- Joseph Antoine Robert de Boysson (1890-1970), ingénieur en chef du Génie maritime, commandeur de la Légion d'honneur.
Après de brillantes études, il intègre en 1912 l'École polytechnique.
Première Guerre mondiale
Il sort diplômé de l'X en 1914, au moment où la Première Guerre mondiale éclate. Comme beaucoup de ses condisciples, il sert comme officier dans l'artillerie, « arme technique » par excellence. Il y atteint le grade de capitaine. Il sert au 2 régiment d'artillerie (2 RA) puis au 121e régiment d'artillerie (121 RA). Il passe aussi par le Service technique de l'aéronautique (STAé).
Entre-deux-guerres
Après la victoire de 1918, il est démobilisé et engagé par les Avions Farman. Il y conçoit un avion de reconnaissance biplace à la structure métallique, le Farman F.110 (en). Peut-être trop avancé pour son époque, il n'est pas retenu pour une construction en série.
L'Empire du Japon, qui fait partie des Alliés de la Première Guerre mondiale, souhaite se doter d'une industrie aéronautique nationale, et fait appel à la France pour une assistance technique. La France répond favorablement à cette demande, et plusieurs missions militaires françaises successives sont envoyées au Japon. La première, en 1918-1920, est dirigée par le colonel Jacques-Paul Faure (1869-1924). Antoine de Boysson dirige une seconde mission. Il arrive au Japon en 1922 avec six autres ingénieurs, dont Roger Robert (1899-1986). La mission restera un an sur la base aérienne de Tokorozawa. De nos jours, cette ville est surtout connue comme lieu de résidence de Hayao Miyazaki. Antoine de Boysson conçoit pour les Japonais un avion de reconnaissance bimoteur qui est fabriqué par les Ateliers militaires de Tokorozawa. Il rentre en France en 1924, décoré de l'Ordre du Trésor sacré du Japon de 5 classe.
Après une interruption de deux ans pour raison médicale, il conçoit un avion de combat multiplace pour les Chantiers de Provence Aviation, une filiale des Avions Bernard qui disparut, ce qui empêche ce prototype ultra-moderne d'être fabriqué. Ce fut le dernier avion conçu par Antoine de Boysson. Celui-ci avait acquis une grande expérience des problèmes posés par les avions militaires, notamment en domaine d'armement. Il rejoignit la « Société d'Appareils de Transmission » (SAT), une société qui fabriquait des barres à gouverner pour navires, qui étaient ensuite montées par la société Duclos à Marseille. La SAT avait acquis la licence de fabrication des pompes hydrauliques Hele-Shaw (en). Antoine de Boysson découvrit ainsi cette technologie, et eut l'idée de l'appliquer à l'aéronautique. Il déposa le brevet d'une tourelle d'avion dont la rotation était commandée par le mouvement d'un « manche à balai » actionnant une pompe hydraulique. Cela reléguait au rang des antiquités l'affût Scarff conçu durant la Première Guerre mondiale, dont la rotation était effectuée par la force musculaire du mitrailleur. Son invention intéressa immédiatement le Ministère de l'Air.
Il espérait faire construire cette tourelle par la SAT, mais celle-ci refusa. Il quitta donc cette société et rejoignit la Société d'Applications des Machines Motrices (SAMM) comme ingénieur-conseil en . Sous son impulsion, cette petite société devint un grand groupe dans le domaine de l'aviation, de l'hydraulique et de l'armement. La première tourelle, désignée AB.1 pour Antoine de Boysson, était armée de deux mitrailleuses Lewis. Elle fut suivie par toute une famille de tourelles plus perfectionnées.
Antoine de Boysson mena personnellement les négociations avec la société Boulton Paul pour faire construire sous licence ses tourelles au Royaume-Uni. Elles furent montées sur le Boulton Paul Defiant et le Blackburn Roc (dont c'était l'unique armement), le Armstrong Whitworth Albemarle, le Lockheed Ventura, le Consolidated B-24 Liberator, le Martin Baltimore, et le Handley Page Halifax. Au total, environ 5750 avions britanniques furent dotés de la tourelle « modèle A », armée de quatre mitrailleuses Browning, dont 4000 Halifax. On en installa même sur des vedettes rapides !
Boulton Paul fabriqua aussi :
- des tourelles « modèle C » bitubes, qui devinrent les tourelles de nez des Halifax et dorsales des Lockheed Hudson,
- des modèle E (tourelle de queue des Halifax et Liberator),
- des « modèle K » (tourelle ventrale des Halifax et Albermale),
- la tourelle « modèle D », plus rare, ne fut fabriquée que vers la fin de la guerre. Elle était armée de deux tubes de 12,7 mm.
Les États-Unis aussi s'étaient intéressés aux réalisations de la SAMM, mais avec la défaite de la France en 1940, ils se retrouvèrent coupés de toute possibilité de négocier avec cette société. Ils se retournèrent alors vers la société Boulton Paul, qui céda la licence de fabrication à la société américaine Emerson. Celle-ci réalisa des tourelles bitubes de 12,7 mm qui équipèrent notamment le bombardier quadrimoteur Consolidated B-24 Liberator, l'avion fabriqué en plus grand nombre de sa catégorie de la Seconde Guerre mondiale, avec 18 188 exemplaires. Il est impossible d'estimer combien de milliers d'aviateurs alliés doivent la vie à Antoine de Boysson, dont les tourelles motorisées leur ont permis de repousser les attaques des chasseurs de la Luftwaffe au-dessus de l'Europe occupée entre 1940 et 1945.
Antoine de Boysson s'intéressa aussi aux trains d'atterrissage rétractables. Ainsi, le bombardier Bernard 82 fut doté d'un train conçu par la SAMM. Malheureusement, les Avions Bernard disparurent peu après. Plutôt que de disperser ses efforts, la SAMM s'associa avec la société Messier, dont c'était la spécialité. Antoine de Boysson réalise ainsi en 1933 le train de l'Avion laboratoire Messier. Il devint ingénieur-conseil également auprès de cette société, en . Dès lors, de nombreux avions français et étrangers (dont le célèbre LeO 45 de la bataille de France en 1940) furent dotés de trains actionnés par des « pompes de Boysson ».
Seconde Guerre mondiale
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, une certaine décentralisation fut recherchée par la SAMM, avec la création d'une usine à Pau. C'est là que la société se replia durant la Débâcle de mai-juin 1940. Après la signature de l'Armistice du 22 juin 1940, une partie du personnel fut licenciée, faute de commandes, et une autre partie retourna dans la région parisienne. Antoine de Boysson, qui habitait alors 28 rue de la République à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), déménagea aussi à Pau début 1941, pour ne pas tomber aux mains des Allemands qui manifestaient un grand intérêt pour ses inventions. Antoine de Boysson resta à Pau de 1940 à 1944, avec le bureau d'études.
Sous le régime de Vichy, puis l'Occupation allemande, la société subsista grâce à diverses fabrications, notamment les gouvernes de l'hydravion géant Latécoère 631, qui fut baptisé « Lionel de Marmier ». Après la Libération, les commandes militaires reprirent à plein régime, et la SAMM en bénéficia. Mais Antoine de Boysson ne vit pas le renouveau de l'industrie aéronautique française : lors de l'été 1945, il fut victime d'un grave accident de la circulation à motocyclette en se rendant à l'usine de Pau. Il entra en collision avec un camion. Très diminué, il décéda d'une crise cardiaque le .
Distinctions
- Croix de guerre 1914-1918
- Ordre du Trésor sacré du Japon de 5 classe
- Chevalier de la Légion d'honneur le