Albert Mirlesse
Quick Facts
Biography
Albert Mirlesse, né le à Suresnes (Hauts-de-Seine) et mort le à Genève (Suisse), était un officier aviateur français. Il a été un des fondateurs du régiment de chasse Normandie-Niemen durant la Seconde Guerre mondiale.
Biographie
Entre-deux-guerres
Albert Mirlesse naît le à Suresnes (Hauts-de-Seine). Sa famille, des juifs originaires de Moscou en Russie, a fui ce pays après la Révolution russe de 1905. Il effectue sa scolarité à Paris, à l'École alsacienne et au lycée Saint-Louis. Au lycée, Albert Mirlesse se lie d'amitié avec Jacques Bergier, également un immigré juif russe, rencontré dès leur arrivée à Paris, et avec Paul Guivante, dit « de Saint-Gast ». Les trois amis créeront après la guerre la société « Recherches et Industrie », qui mène des recherches sur la synthèse d'ersatz de carburants pour le Tiers monde. Après la mort de Guivante, qui avait été son compagnon dans la Résistance au sein du Réseau Marco-Polo, le , Bergier cesse ses activités d'ingénieur-conseil pour se lancer dans l'écriture.
Après sa scolarité, Albert Mirlesse devient militant pacifiste au sein du comité franco-allemand animé par Otto Abetz. Mais il découvre l’antisémitisme du régime nazi, et s'en détourne. Il poursuit ses études et est nommé ingénieur au ministère de l'Air, inventant notamment des systèmes de dégivrage pour les avions. Officier de réserve de l'armée de l'air française, avec le grade de lieutenant, il est un spécialiste des simulateurs de vol.
Seconde Guerre mondiale
Le , il entend l'appel du général de Gaulle, et décide de le rejoindre en Angleterre. Il parvient à quitter le sanatorium du plateau d'Assy, où il est soigné pour « fragilité pulmonaire ». Son long voyage passe par Bordeaux, Douala (Cameroun) et Dakar (Sénégal), avant d'arriver enfin à Londres en et de s'engager dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Le , il est officier mécanicien au Groupe d'instruction de chasse n°1 à Odiham. Promu capitaine, ce pilote amateur devient un des premiers officiers navigateurs des Forces aériennes françaises libres. Il devient le chef de leur service de renseignement (deuxième bureau) sous les ordres du général Martial Valin.
Il invente un coupe-câble, monté sur avion pour sectionner les câbles des ballons de barrage allemands, pour éviter que les avions alliés se prennent dans ceux–ci. Durant le Blitz, les Britanniques avaient déployé des ballons de ce type, et les Nazis avaient repris ce système. Albert Mirlesse considérait que c’était une bonne invention, mais qu'elle avait plusieurs défauts : d'abord, le pilote devait viser le câble. Ensuite, le sectionneur de câble n’avait qu’une cartouche et ne pouvait donc couper qu'un câble. Enfin, la cartouche pouvait ne pas fonctionner.
Ses qualités, et sa maîtrise de la langue russe grâce à ses origines, le font désigner par le général de Gaulle pour être envoyé à Moscou, où il participe aux négociations qui débouchèrent sur la formation de l'escadrille franco-russe Normandie-Niemen, qui combattit les Allemands sur le front de l'Est entre 1943 et 1945. Il met au point avec rigueur la structure et les conditions d’engagement du groupe de chasse numéro 3 (GC 3), jusqu'à choisir leurs uniformes et signes distinctifs, ainsi que le modèle de chasseur avec lequel ils allaient combattre : le Yak-3. Albert Mirlesse montre en cette occasion une détermination sans faille et joue un rôle important pour surmonter tous les obstacles diplomatiques et techniques. Grâce à lui, l'escadrille Normandie-Niemen s'impose sur le front. Entre et , elle abat 273 avions ennemis au prix de la perte de 31 pilotes, tous volontaires. Le groupe se montre si efficace contre l'ennemi qu'il est fait Compagnon de la Libération le .
Albert Mirlesse a raconté cette mise en place dans la revue Espoir, en 1994 :
« À mon arrivée à Moscou, d'autres embûches m'attendaient. Le général Petit, qui s'était trouvé complètement isolé sans connaître la langue, avait demandé aux autorités soviétiques, l'assistance d'une secrétaire interprète. Celle-ci fut immédiatement mise à sa disposition... avec la bénédiction du KGB ! C'est ainsi que le chiffre du Général avait disparu et il m'a fallu le remplacer et le sauvegarder. Plus tard, en l'absence du général Petit, connaissant moi-même la langue, j'ai renvoyé notre interprète, qui revint huit jours après complètement éplorée, car, dit-elle « elle ne savait plus rien ». Devant un tel aveu, nous sommes convenus de prendre le thé une fois par semaine pour lui permettre de garder sa place de « liaison » avec le KGB, tout en faisant passer les messages qui nous convenaient. Auprès du Haut-commandement soviétique, la liaison était bonne. Néanmoins, il fallait procéder à une mise au point rigoureuse de la structure et des conditions d'engagement du Groupe Normandie. Il convenait de définir les uniformes, les signes distinctifs des avions, ainsi que d'établir le modèle des cartes d'identité que porteraient les pilotes pour pouvoir circuler librement sur le front. Pour ce qui est des avions, j'ai été amené à choisir le « yack » que nous offraient les Soviétiques, et ceci, malgré les protestations véhémentes des ambassadeurs américains et britanniques. Les nez de ces avions furent peints aux couleurs françaises. Les Allemands, d'ailleurs, ne s'y trompaient pas. On les entendait distinctement donner l'alerte par radio « Achtung Franzôsen ! ». Pour la carte d'identité, son libellé fut très laborieux, et nous sommes arrivés à la formule suivante : « Armée de la France combattante. Groupe de chasse Normandie-Niemen, combattant aux côtés de l'Armée rouge. » »
Après-guerre
Après la guerre, Albert Mirlesse poursuit une carrière d'homme d'affaires international dans l’aéronautique civile, dont la réussite doit beaucoup à son art de la négociation. Il décède le à Genève (Suisse). Il est inhumé à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine.
Distinctions
- Officier de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1939-1945
- Compagnon de la Libération